Dr Didier Pittet : celui qui a offert le gel hydroalcoolique à l’humanité
En 1999, Didier Pittet a contribué à la mise en place du service de prévention des infections de l’Hammersmith Hospital de Londres et a prodigué ses conseils lors du lancement en 2003 de la campagne pour l’hygiène des mains. Il a été surtout anobli pour avoir inventé avec le pharmacien William Griffiths, la solution hydro-alcoolique pour l’hygiène des mains. Mais le plus extraordinaire est qu’il a fait don de sa formule à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).Son invention aurait pu l‘enrichir. Pourtant, le médecin Didier Pittet a préféré ne pas breveter sa découverte pour le bien de la collectivité !En 1995, il prend un chronomètre et découvre qu’une infirmière des soins intensifs se lave les mains environ 22 fois par heure et qu’il lui faut une à deux minutes à chaque fois. «Quand on multiplie cette durée par 22, c’est impossible: on ne peut pas se désinfecter les mains avec de l’eau et du savon, ça prend trop de temps», témoigne-t-il dans le livre « Le geste qui sauve » paru en 2014 à L’Age d’Homme, qui lui est consacré. Une évidence s’impose: il faut utiliser de l’alcool, qui est un puissant antiseptique. Alors, contre les laboratoires pharmaceutiques, il fait don du brevet à l’OMS. Sa solution hydroalcoolique peut ainsi être fabriquée localement et à moindre coût dans le monde entier. « L’hygiène des mains est quelque chose de trop simple, de trop nécessaire, pour qu’elle soit brevetée. Je n’y ai jamais pensé », explique-t-il.Depuis, son employeur estime qu’il est « le médecin le plus cher au monde, par manque à gagner ». Car selon les calculs de l’épidémiologiste, s’il recevait 0,1 centime par flacon vendu, ses recettes s’élèveraient à 1,7 milliard de francs suisses par an !Une fortune à laquelle il a renoncé pour le bien de tous« Vous seriez l’un des hommes les plus riches du monde », lui fait remarquer la journaliste. « Peut-être, peut-être pas, ça n’a pas d’importance », répond le professeur.
Sur le débat du retour à l’école l’épidémiologiste genevois précise que les enfants « en dessous de 15 ans sont certainement porteurs du virus, mais ne s’infectent pas, ou très rarement, et ne sont pas responsables d’infections chez les adultes ». Il n’y a donc « pas de risque pour les enseignants », poursuit le médecin, jugeant que « c’est plutôt les parents et les enseignants qui devront être prudents » au moment d’amener les enfants à l’école. Le professeur Pittet est donc « absolument » favorable à un retour des enfants à l’école à partir du 11 mai.
S de La Houssière