Droit de vote à 16 ans : les Autrichiens seraient-ils plus mûrs ?
Le droit romain distinguait les mineurs (lat. impuberes) des majeurs (puberes). Si les filles accédaient à la majorité à 12 ans et les garçons à 14 ans, obtenant ainsi une capacité pleine et entière, une protection particulière était toutefois assurée au majeur jusqu’à l’âge de 25 ans. En droit germanique, l’âge de la majorité dépendant de la maturité individuelle, variait de 10 à 18 ans. Reprenant la notion de puberté du droit romain commun pour déterminer la capacité matrimoniale, le droit ecclésiastique détermina très largement l’âge de majorité civile. Quel que soit son âge, un jeune résidant dans la maison de ses parents était soumis à leur autorité. Encore, les femmes n’accédaient pas à la majorité civile : elles passaient de l’autorité de leur père à celle de leur mari.
Est-on prêt à voter à 16 ans ? Depuis plusieurs années, la question fait débat au sein de la société française. En 2013, la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, planchait déjà sur un projet de « prémajorité », qui avait vocation à responsabiliser les jeunes de 16 à 18 ans en leur accordant davantage de droits, dont celui de la participation à la citoyenneté.
Depuis 2007, les autrichiens ont le droit de voter dès l’âge de 16 ans pour toutes les élections, dont les élections européennes. Les jeunes se disaient alors prêts à voter ! C’est le premier pays européen qui permet aux jeunes entre 16 et 18 ans de voter aux élections européennes !
Selon une étude faite par une université autrichienne, maintenant qu’ils peuvent voter, les jeunes s’intéressent de plus en plus à la politique. Aux élections de 2010, le taux de participation des jeunes de 16-17 ans était plus élevé que celui des 23-25 ans !
L’année dernière, en Ecosse, le droit de vote a été accordé aux jeunes de 16 et 17 ans pour participer exceptionnellement à un referendum très particulier. Il sera organisé en septembre prochain : les écossais vont décider si leur pays devient indépendant ou non ! Pour cette occasion très spéciale, le gouvernement a décidé d’autoriser les jeunes de 16 et 17 ans à donner leur avis car cette décision les concerne directement. En effet, c’est de leur futur qu’il est question !
Au Royaume-Uni, la question se pose aujourd’hui d’instaurer le droit de vote à 16 ans.
Anne-sophie Delrieu
ACJAPM
Il y a aussi le canton suisse du Glaris et les Länder du Nord de l’Allemagne… La prémajorité ne se limite pas au seul droit de vote…
Est-il normal qu’en France, les parents décident de l’orientation scolaire des lycéens jusqu’à 18 ans ? Que le droit français ne reconnaisse pas la capacité à diriger une association sans autorisation parentale ? (même si la Convention Internationale des Droits de l’Enfant permet de mettre en échec le droit français, comme nous l’avons fait).
Avant le droit de vote, c’est par ces sujets-là qu’il faudrait commencer… Si certains pays l’ont instauré, c’est que les questions que nous soulevons le sont depuis un siècle (code civil suisse de 1907, pré-majorité religieuse et scolaire à 14 ans Allemagne depuis 1924 ). Il faut aussi faire attention à ne pas créer une nouvelle limite trop brusque à 16 ans et envisager un droit beaucoup plus progressif.
PS : En Écosse, il y a aussi une quasi-majorité à 16 ans, si les 16-17 ans ne votent pas habituellement, c’est pour ne pas sur-représenter l’Écosse dans le Royaume-Uni.
Cédric Leboussi
4.5