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La première est de considérer les citoyens comme des chiens de Pavlov qui, voyant certaines couleurs, remettraient le produit sur la gondole et, au contraire, rempliraient leur caddie des produits « bien » colorés. Les comportements alimentaires sont, heureusement plus complexes.

ETIQUETAGES ALIMENTAIRES: « LES BONNES INTENTIONS NE FONT PAS DES BONNES POLITIQUES »

 

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan. Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle il est resté très attentif aux conditions d’exercice et à l’évolution du système qui conditionnent la qualité des soins

C’est un fait difficilement contestable, l’étiquetage alimentaire actuel contribue très peu à la connaissance des ingrédients et des nutriments achetés dans un produit. Ce constat partagé par les consommateurs et les nutritionnistes n’appelle que des modifications réglementaires visant à rétablir l’exhaustivité des informations, la clarté et l’exactitude des appellations, la lisibilité des mots imprimés.

C’est une question de confiance du consommateur, de transparence du contrat d’achat.

GRANDE CONFUSION ET PARI INFONDÉ

Quant à savoir si l’exhaustivité de ces informations et leur accessibilité en terme de compréhension et de lisibilité modifient les comportements, c’est un autre problème. A cela s’ajoute le fait de savoir si d’éventuelles modifications de comportement, à la suite d’un étiquetage transparent, contribueront à diminuer les grandes maladies chroniques dans la population des pays industrialisés.

Il semble pourtant que la récente « pétition » orchestrée à frais de grand tapage médiatique par un nombre impressionnant de personnalités morales et physiques soit l’exemple d’une grande confusion et d’un pari infondé.

En partant de l’a priori qu’un étiquetage des produits avec un code de couleurs seraient favorables à un comportement alimentaire vertueux les tenants de la pétition font plusieurs erreurs.

La première est de considérer les citoyens comme des chiens de Pavlov qui, voyant certaines couleurs, remettraient le produit sur la gondole et, au contraire, rempliraient leur caddie des produits « bien » colorés. Les comportements alimentaires sont, heureusement plus complexes.

« LES BONNES INTENTIONS NE FONT PAS DES BONNES POLITIQUES »

UNE NOUVELLE COUCHE DE BUREAUCRATIE

La deuxième est de considérer que le codage couleur est l’alpha et l’oméga de la nutrition et qu’il permet d’atteindre une santé nutritionnelle optimale. C’est assurément accorder a un algorithme primitif transformé en 5 couleurs arbitraires une confiance d’une naïveté désarmante. Par exemple, s’agissant du gras, l’algorithme n’est qu’une nouvelle version de l’allégé.

La troisième est d’institutionnaliser un système avant d’avoir la moindre preuve de son efficacité. Les politiques publiques par leurs implications financières et leur potentiel d’éviction de mesures fondées doivent, au moins autant que les médicaments, être basées sur des preuves. Comme le reconnaissent les auteurs du rapport remis au gouvernement : « cette preuve n’existe pas ».

Finalement et afin d’améliorer la santé publique et notamment la consommation alimentaire il convient que cette pétition se transforme en un essai clinique de taille suffisante pour tester l’hypothèse que l’étiquetage alimentaire par code de couleurs basiques sur un algorithme simpliste permet de modifier le comportement alimentaire dans un sens qui diminue l’incidence des maladies chroniques.

Ce souhait rationnel se substitue avantageusement aux bonnes intentions des auteurs et des signataires à qui il faut rappeler qu’une mesure d’une telle ampleur et dont le coût sera d’ailleurs payé par les consommateurs ne peut se terminer en une nouvelle couche de bureaucratie inefficace compte tenu des enjeux que constituent l’obésité, la sédentarité, le tabagisme et les maladies chroniques qui y sont attachées.

Guy-André .P

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