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Bien que les différents rites se manifestent principalement à travers l’action liturgique, le rite ne se limite pas à la liturgie. Il représente un patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire, marqué par la culture et les circonstances historiques propres aux peuples, comme le précise le Code des canons des Églises orientales (canon 28 § 1). Le rite est indissociable du cadre communautaire et culturel qui l’a vu naître.

Les rites alexandrins

En Égypte, le rite copte s’est formé sur la base de la liturgie de Jérusalem, à laquelle se sont ajoutés des éléments grecs, mais surtout des influences de la culture pharaonique. Il s’est enrichi d’éléments syriens et de contributions issues de la vie monastique florissante en Égypte. Le résultat est un cérémonial à la fois lent et sobre, contrastant avec l’exubérance des autres rites orientaux. Exporté en Éthiopie, le rite copte a pris une dimension plus africaine, notamment dans les chants, donnant naissance au rite éthiopien (et plus tard au rite érythréen), qui a subi de nombreuses influences, aussi bien syriennes que juives.

Les rites antiochiens

À Antioche, le rite s’est développé à partir de la liturgie de Jérusalem, en intégrant des sources diverses : la piété populaire syrienne, la poésie sacrée de Syrie orientale et des éléments grecs, formant ainsi le rite syrien. Ce rite, connu pour sa liturgie exubérante et riche en symbolisme, s’est exporté en Inde (sous la forme du rite malankare, enrichi d’éléments locaux) et au Liban, où la communauté maronite l’a transformé en rite maronite, fortement influencé par des apports latins. En Perse, le rite chaldéen s’est développé avec une forte influence juive, probablement due à une christianisation importante des communautés juives perses. Ce rite, qui emprunte beaucoup à la liturgie synagogale, est l’un des plus fidèles aux origines juives du christianisme. Il a aussi marqué l’Inde, où le rite malabar a cependant subi une forte latinisation.

La tradition antiochienne s’est également étendue vers le nord, notamment en Cappadoce (dans l’actuelle Turquie), avant d’atteindre Constantinople. Le rite byzantin s’y est constitué, mêlant des influences syriennes (notamment via saint Jean Chrysostome), des éléments de Jérusalem (comme les hymnes) et le riche contexte culturel grec. Ce rite grandiose, résultat de nombreuses influences, s’est largement diffusé, non seulement en Grèce, mais aussi dans le monde slave, où il s’est enrichi de nouvelles cultures.

Issu également d’Antioche, via la Cappadoce, le rite arménien a intégré de nombreux éléments provenant de Jérusalem, de Syrie, de Grèce et même de Rome, témoignant de l’ouverture culturelle de l’Arménie.

Enfin, la tradition antiochienne est parvenue jusqu’en Occident, où elle a contribué à la création du rite gallican, qui s’est étendu au nord de l’Italie, à la Gaule, aux îles Britanniques et à l’Espagne. Très varié selon les régions, ce rite n’a pas résisté à la volonté d’uniformisation des Carolingiens et a disparu, sauf à Tolède (rite mozarabe), au Portugal (rite de Braga) et à Milan (rite ambrosien), où il a été supplanté par le rite romain. Ce dernier, qui semble s’être formé très tôt, probablement aussi sous l’influence d’Antioche, s’est rapidement diffusé dans tout l’Occident chrétien, grâce à l’essor de la papauté.

Combien existe-t-il de rites ?

L’Église catholique emploie le terme « rite » pour désigner à la fois l’ensemble des rites et cérémonies de la liturgie catholique. On distingue :

• Les rites liturgiques, manières de célébrer les mystères de la religion, répartis en deux grandes familles : les rites occidentaux, d’inspiration latine, et les six rites orientaux, d’inspiration grecque.
• Les liturgies de rite ou rituels, c’est-à-dire les cérémonies cultuelles spécifiques ou communes à ces deux familles, telles que la liturgie de la messe, de la parole, du Vendredi Saint ou des Heures.