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Exposition Vermeer au Louvre : du jamais vu !

Depuis les attentats de 2015 et 2016 à Paris, les musées parisiens ont perdu une partie de leur public, surtout étranger, mais les grandes expositions affichent toujours des scores éclatants. «Chtchoukine, icônes de l’art moderne», à la Fondation Louis Vuitton, se classe déjà dans le top 4 des cinquante dernières années, avec plus de un million de visiteurs en quatre mois. L’exposition « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre » avec 40 000 visiteurs sur les huit premiers jours, 9 400 personnes dès le premier jour promet elle aussi d’atteindre les sommets de fréquentation, nécessitant, après un gros bug initial, un nouveau dispositif de réservation sur internet pour faire face à l’affluence.
C’est une exposition-événement que le musée du Louvre, en collaboration avec la National Gallery of Ireland et la National Gallery of Art de Washington, organise autour de la figure aujourd’hui si célèbre de Vermeer. Réunissant pour la première fois à Paris depuis 1966 douze tableaux de Vermeer (soit un tiers de l’œuvre connu du maître de Delft), l’exposition explore le réseau fascinant des relations qu’il a entretenues avec les autres grands peintres du Siècle d’or hollandais. Les prêts exceptionnels consentis par les plus grandes institutions américaines, britanniques, allemandes et bien sûr néerlandaises, permettent de montrer Vermeer comme jamais auparavant.
Cette exposition cherche à démontrer, au moyen de rapprochements avec les œuvres d’autres artistes majeurs du Siècle d’or à l’image de Gérard Dou, Gerard ter Borch, Jan Steen, Pieter de Hooch, Gabriel Metsu, Caspar Netscher ou encore Frans van Mieris, l’insertion de Vermeer dans un réseau de peintres, spécialisés dans la représentation de scènes élégantes et raffinées – cette représentation faussement anodine du quotidien
Tzvetan Todorov, essayiste et historien des idées, qui vient de mourir inscrit Vermeer et la peinture hollandaise du XVII° siècle dans le contexte de la pensée de Spinoza, l’exact contemporain du maître de Delft  et dans le renversement de la hiérarchie des genres qui place la peinture du quotidien au cœur de la représentation profane. Avec la Réforme protestante le culte des images est rejeté. La peinture se tourne vers le profane et la scène de genre. Aux héros de Dieu, aux saints, se substituent les héros ordinaires dans leurs activités les plus humbles. Une polarisation apparaît entre le dedans et le dehors, l’intérieur domestique valorisé et les scènes de tavernes : les femmes incarnent la vertu (nourriture, propreté, éducation….) à l’intérieur de la maison tandis que l’univers masculin dans les bouges enfumés montre  les ravages de l’intempérance, l’ivresse, la paresse voire la luxure. Au-delà de la dimension morale, les maîtres des scènes de genre hollandais  s’attachent à peindre le silence, la concentration  avec des épistolières ou encore des musiciennes penchées sur leur partition. Pas de drame, pas d’histoire, pas de narration, juste l’existence même des choses dans l’humilité du quotidien. Cela donnera Chardin en France un siècle plus tard….
A voir absolument …en s’armant de patience !
S. Pico de La Houssière

Comments

  • Anonyme
    juillet 24, 2019

    4.5

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