FRANCE: POURQUOI SOMMES-NOUS ANTI-LIBERAL
La France passe à l’étranger — à juste titre — pour une Nation étatiste, bureaucratique, corrompue et anti-libérale. Néanmoins, les deux tiers des PDG français — évalués dans le sondage exclusif de Capital en partenariat avec Advent — auraient une cote de popularité positive. Bien au-dessus de celle des élus français (voir lien vers source en bas de page).
Est-ce capital ?
Capital : Dans leurs rêves les plus fous, aucun des présidents de la Ve république ne s’est imaginé un jour recueillir le score de popularité de Michel-Edouard Leclerc. 74%. Même le général de Gaulle n’avait atteint que 67% en 1959, au tout début de son mandat. Alors pensez, François Hollande… En plus de caresser son ego, cette cote d’amour est un véritable atout pour le patron de la première chaîne d’hypermarchés de France lorsqu’il négocie avec les pouvoirs publics la libéralisation de la vente de médicaments ou le droit d’ouvrir plus de magasins. Il ne s’en cache d’ailleurs pas. « Elle me garantit une écoute attentive quand je défends mes dossiers auprès d’un ministre ».
Capital : A dire vrai, Leclerc n’est pas le seul à pouvoir tenir en respect nos élus. Car, et c’est la surprise de notre sondage, les Français aiment leurs grands patrons ! Et particulièrement quand ils ont créé leur empire en partant de rien. On les croyait pourtant définitivement brouillés avec les P-DG, régulièrement caricaturés dans la presse les pieds sur le bureau et le barreau de chaise au bec. Il n’en est rien. Nos concitoyens ont une image positive de deux tiers des vingt-six chefs d’entreprise passés au crible par Advent, un cabinet international qui analyse dans douze pays l’image de 2.000 personnalités de tous milieux (sport, cinéma, mode, entreprise…). Après le cri d’amour lancé par Manuel Valls à la dernière université du Medef, voilà qui devrait réconforter nos dirigeants. «Contrairement à ce que l’on dit souvent, le succès est une valeur qui plaît», souligne Jérôme Neveu, le président fondateur d’Advent. Ce constat rejoint la perception qu’ont les Français de l’entreprise en général. Egalement interrogés par l’institut sur ce point, ils ont déclaré en avoir une opinion positive, à 89% pour les PME-PMI et même à 54% pour les sociétés du CAC 40.
Capital : Premier conseil aux patrons : s’ils veulent être populaires, ils doivent se battre pour le pouvoir d’achat. C’est le cas de quatre des six premiers de notre classement. Dans la lignée de son père Edouard, Michel-Edouard Leclerc en a fait son fonds de commerce. Xavier Niel a réussi avec Free en cassant les prix de l’internet fixe, puis du mobile. Après avoir créé Meetic, Marc Simoncini concurrence aujourd’hui les opticiens traditionnels avec son site de lunettes et de lentilles low-cost, Sensee. Enfin, Jacques-Antoine Granjon a fait de Vente-privée le leader européen du déstockage en ligne. Amis dans la vie et co-investisseurs dans de multiples start-up, Niel, Simoncini et Granjon pourront sabler le champagne lors de leurs prochaines retrouvailles. Ils devancent largement plusieurs parrains historiques du business français comme François Pinault, Vincent Bolloré, Bernard Arnault et Arnaud Lagardère. Notons qu’avec plus de 50% d’avis favorables ces deux derniers ne souffrent pas tellement de la «mauvaise presse» dont ils ont fait l’objet ces dernières années : Arnault pour son exil fiscal supposé en Belgique, Lagardère pour l’étalage de sa vie privée avec l’ex-mannequin Jade Foret, conclut Capital.
La France vue par The Daily Telegraph
La France serait-elle désormais le moteur de la déconstruction ? (voir lien vers source en bas de page). C’est la question que se pose le quotidien britannique The Daily Telegraph, dans un long article consacré à la montée du sentiment anti-européen dans l’Hexagone, et de ses répercussions au Royaume-Uni. Le journal rappelle que les mauvais résultats économiques de la France ces dernières années ont joué un rôle. Depuis 2008, la croissance moyenne n’a pas dépassé 0,3 % par an, et elle devrait atteindre péniblement 0,4 % cette année, alors que l’économie britannique devrait croître, elle, de 3,2 % en 2014. « Ceci favorise le glissement de l’électorat vers la droite à la fois en France et en Grande-Bretagne, ce qui ne peut qu’aider l’Ukip », avance le journal. Mais si les faiblesses économiques d’un grand pays comme la France nourrissent la défiance vis-à-vis de l’Union européenne (UE), elles ne sont pas tout, affirme le Telegraph : « Quelque chose d’autre est en train de se produire ».
« Pendant des décennies, la France a été la force motrice derrière la construction européenne d’après-guerre », l’opinion publique considérant le projet européen « globalement comme une chose positive », avance le journal britannique. « Mais depuis quelques temps, l’opinion publique française a commencé à tourner, alors que les revenus des ménages ont baissé et que l’UE s’est étendue vers l’est ». The Daily Telegraph revient longuement sur la montée de l’euroscepticisme en France, qu’illustre par exemple la confrontation avec Bruxelles sur le budget présenté par Paris. « Cette négociation conflictuelle, même si elle a été mise en scène, était très éloignée des habituels coups montés entre Paris et Berlin, normalement plus élégants. Elle reflète la pression subie par les dirigeants centristes, qui font désormais face à des pressions eurosceptiques qui émanent de la gauche comme de la droite ».
Autre aspect de l’essor de l’euroscepticisme : la montée du Front national. Marine Le Pen, en surfant sur le sentiment eurosceptique, « a créé de sérieuses brèches au sein de l’électorat des travailleurs et des classes moyennes basses », note le quotidien. Et si elle venait à battre ses concurrents dans la course à la présidentielle, comme le prédisent certains sondages, « cela constituerait un énorme choc politique qui se propagerait en Europe ».
Le Telegraph explique que, chose inédite, les observateurs français commencent à penser qu’un référendum sur la sortie de l’Union puisse se tenir en France. Au point que ceux d’entre eux qui sont bien informés « admettent que la montée de l’euroscepticisme signifie que la France doit modifier sa relation avec l’UE ». « Si même les électeurs français remettent véritablement en cause la place de leur pays en Europe, est-ce que les dirigeants du Labour [parti d’opposition en Grande-Bretagne] peuvent vraiment continuer de refuser à un électorat britannique beaucoup plus anti-Europe un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne ? » s’interroge le journal. Le Telegraph rappelle que Nigel Farage, le leader de l’Ukip, a récemment expliqué – tout sourire – qu’il conseillerait de « ne pas acheter d’obligations françaises », tout en regrettant : « Pour quelqu’un qui aime beaucoup la France, ça ne fait pas plaisir de dire ça ». Mais le leader de l’Ukip « ne sait que trop bien que, malgré son admiration pour la gastronomie et le tabac gaulois, la faiblesse de l’économie française et la chute politique qu’elle entraîne joue en [sa] faveur », conclut le Telegraph.
Les PDG français au crible de The Economist
Que se passe-t-il à la tête des grands groupes français ? Le 29 octobre, Christopher Viehbacher, le patron germano-canadien du laboratoire français Sanofi-Aventis, était poussé vers la sortie par le conseil d’administration du groupe. Un peu plus d’un mois après le décès du PDG de Total dans un accident d’avion à Moscou. Ces deux événements sont emblématiques d’une série de départs qui touchent beaucoup de grandes entreprises françaises en ce moment, estime The Economist, qui dresse ce constat abrupt (voir lien vers source en bas de page) : « La composition hier familière des patrons du CAC40 ne l’est plus, puisque l’un après l’autre ils déménagent, se font virer ou se défenestrent. » L’hebdomadaire s’interroge sur les possibles raisons de ces changements : de nouvelles politiques énergétiques, un renouvellement générationnel, la mondialisation, le déclin français, l’ingérence de l’Etat… tout y passe. Tout d’abord, le journal s’attarde sur le cas des deux entreprises du CAC40 qui se disputent le titre de première capitalisation française : Total et Sanofi. Concernant le départ du patron du groupe pharmaceutique, The Economist avance une explication : « Pour beaucoup la décision du premier patron non français à la tête de Sanofi de déménager à Boston en juin – le rapprochant de la recherche sur laquelle Sanofi repose – aurait provoqué cette rupture ».
Quant à Christophe de Margerie, décédé dans un tragique accident, privant Total de présidence, il était, selon le magazine, « l’exception replète et franche à ce que les Français appellent ces ‘costards-cravates droits comme des I’ qui généralement dirigent les entreprises françaises ». The Economist rappelle aussi qu’Henri Proglio, président et directeur exécutif de l’entreprise publique EDF, « connu pour ses idées pronucléaires, ne sera pas reconduit ». Il en va de même pour Luc Orsel, le patron d’Areva, « une entreprise d’ingénierie nucléaire tourmentée », qui a annoncé son départ anticipé pour des raisons de santé. Le journal poursuit avec l’inventaire des autres grandes entreprises de l’Hexagone. Isabelle Kocher remplacera en 2016 Gérard Mestrallet à la tête de GDF Suez. Jean Lemierre succédera à Baudouin Prot à la tête de BNP Paribas. Vivendi est depuis juin sous la nouvelle direction d’Arnaud de Puyfontaine. Franck Riboud, PDG de Danone, a cédé sa place en septembre à Emmanuel Faber. Et la liste s’allonge. L’entreprise Pernod Ricard, numéro deux mondial des spiritueux, dirigée par Pierre Pringuet, retournera dès janvier 2015 aux mains de la famille, sous la coupe d’Alexandre Ricard. Jean-Paul Herteman cédera aussi la barre à Safran, groupe industriel et technologique.
Le renouvellement générationnel y est pour beaucoup, notamment en ce qui concerne MM. Proglio, Mestrallet, Pringuet et Herteman, qui partent à la retraite. « Le grand ménage au sommet de ces industries qui dominent le secteur français de l’énergie », telles qu’Areva ou EDF, « serait le résultat de la nouvelle politique française dans ce domaine », qui souhaite réduire la dépendance énergétique nucléaire de l’Hexagone de 25 % d’ici à 2025. Cependant, beaucoup de ces entreprises « sont à peine françaises aujourd’hui », puisque la moitié de leurs actionnaires proviennent de l’étranger, tout comme leurs revenus. « Il fait sens que les dirigeants de ces entreprises reflètent ces changements. D’autres, fatigués par les restrictions du marché du travail et les taxes importantes qui rendent l’activité économique en France plus difficile, déplacent leurs activités ailleurs ». C’est pourquoi, explique The Economist, « de nombreux politiciens français, ainsi que le peuple qui les élisent, sont mal à l’aise à l’idée que leurs bijoux d’entreprises ne soient plus dans leur giron », conclut The Economist.
M.GARROTE
gustafson
M Garroté, c’est vous qui avez été expulsé de drzz ?