Gabon, Congo et Cameroun : Comment l’éducation sexuelle est-elle enseignée en Afrique ?
En Afrique comme ailleurs, l’éducation à la sexualité demeure taboue dans beaucoup de familles, quel que soit le milieu social, la religion ou le pays. L’absence d’éducation à la sexualité est une forme d’éducation, qui laisse un vide abyssal en réponse à des questions que les jeunes, et moins jeunes, peuvent se poser de la manière la plus légitime qu’il soit.
La sexualité est tout ce qui a rapport à notre vie sexuelle ; que ce soit le désir, le plaisir, la relation en couple ou la reproduction. En effet, elle demeure un sujet très délicat. Par conséquent, jeunes et adolescents ont besoin d’être amplement informé sur la chose afin d’éviter les erreurs réputées graves qui en découlent.
Mais en Afrique, parler de la sexualité est très rare. N’eût été les quelques émissions télévisées et radiodiffusées sur la chose, on aurait pu dire qu’il n’y a que les conjoints qui s’entretiennent sur la sexualité. L’attachement des peuples africains aux valeurs morales fait qu’il est quasi impossible de voir des personnes âgées discuter de la sexualité avec les jeunes qui sont le plus souvent victimes d’un manque d’informations sûres en la matière
Afrique : des applis pour pallier la défaillance de l’éducation sexuelle sur le continent
C’est au Cameroun qu’est née la première application mobile d’informations sexuelles à destination de la jeunesse. En 2016, la journaliste Mallah Tabot, 28 ans, engagée dans le combat contre le sida, lance Ndolo 360, en français L’amour à 360°. Selon elle, un outil indispensable dans la prévention du VIH, mais aussi dans la lutte contre les mariages forcés, dans la promotion de l’éducation des jeunes filles. Au quotidien camerounais Le Devoir, Mallah Tabot raconte alors son histoire personnelle, à l’origine de sa motivation : « Je suis née au Cameroun et j’ai compris très tôt les limites autour de la sexualité dans notre pays. A mon âge, ma mère était enceinte de son sixième enfant. Elle était encore une fille, et si confuse qu’elle ne comprenait pas comment tout était arrivé si vite. »
Après le décès prématuré de sa mère, la jeune femme se décide à prendre la question à bras-le-corps, sentant que personne ne le ferait à sa place. « L’éducation sexuelle n’existe tout simplement pas ici. Ces questions sont abordées dans des cours appelés ‘de moralité’ où le mot ‘sexe’ n’est jamais prononcé », déclare-t-elle encore à la reporter du journal Le Devoir.
Avant de lancer son application mobile, Mallah Tabot avait fondé United Vision, une association créée pour développer et défendre les droits des femmes. Une action qui lui a valu de recevoir en 2015 un prix remis par la reine Elisabeth II qui récompense les efforts en faveur du développement local et du bien-être des populations.