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  Goma : L’urgence d’agir face à une crise humanitaire et sécuritaire

La situation dans la ville de Goma, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est devenue le symbole tragique des défis sécuritaires et humanitaires qui minent cette région depuis des décennies. Sous la menace croissante du groupe rebelle M23, Goma incarne aujourd’hui la fragilité d’un État face à des enjeux régionaux complexes, où se mêlent intérêts économiques, tensions ethniques et jeux géopolitiques.

Un conflit enraciné dans l’histoire

Le groupe rebelle M23, actif depuis 2012, est une résurgence des anciens conflits dans la région des Grands Lacs. Composé en grande partie de membres de la communauté tutsie congolaise, il reproche au gouvernement de Kinshasa de ne pas avoir honoré les accords de paix de 2009, notamment l’intégration de ses combattants dans l’armée nationale. Mais derrière ces revendications se cache une guerre bien plus vaste, alimentée par les ressources naturelles de la région, convoitées par des acteurs locaux et internationaux.

En janvier 2025, l’offensive du M23 aux portes de Goma a plongé des milliers de civils dans le désarroi. Des affrontements violents ont contraint des familles entières à fuir, souvent à pied, vers des zones plus sûres ou vers le Rwanda voisin. Cette tragédie humanitaire illustre une fois encore l’incapacité des autorités congolaises à protéger leur population.

Un jeu d’ombres géopolitiques

Le conflit dépasse largement les frontières de la RDC. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23, une accusation étayée par plusieurs rapports des Nations unies. Kigali dément, mais les relations entre les deux pays sont au plus bas. La situation menace d’embrasser toute la région des Grands Lacs, où des décennies d’instabilité ont déjà laissé des cicatrices profondes.

Cette crise met également en lumière l’ambiguïté de la communauté internationale. Si l’ONU condamne les violences, ses forces de maintien de la paix, présentes dans la région depuis plus de 20 ans, peinent à rassurer les populations locales. Les appels à une désescalade se multiplient, mais sur le terrain, les armes continuent de parler.

Une urgence humanitaire

Le drame de Goma, c’est aussi celui d’une population qui vit dans l’angoisse permanente. Les camps de déplacés autour de la ville débordent, et les organisations humanitaires alertent sur une crise alimentaire imminente. L’incendie de la prison centrale de Goma, qui a permis l’évasion de centaines de détenus, aggrave encore la situation sécuritaire.

Les femmes et les enfants sont les premières victimes de cette instabilité. Dans un contexte de combats, les abus et violences sexuelles augmentent, ajoutant une couche supplémentaire à un désastre déjà incommensurable.

Que faire ?

Face à cette situation, la solution ne peut être qu’une combinaison d’efforts régionaux et internationaux. Une désescalade des tensions entre la RDC et le Rwanda est indispensable. Les grandes puissances, souvent intéressées par les minerais de la région, doivent également assumer leur responsabilité en soutenant une médiation crédible et en s’attaquant aux racines économiques du conflit.

Mais la priorité immédiate reste humanitaire : protéger les civils, fournir une aide d’urgence et créer les conditions d’un retour à la paix à Goma et dans toute la région. Sans cela, l’est de la RDC continuera d’être un champ de bataille où les ambitions des uns se construisent sur les souffrances des autres.

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