Le public était venu nombreux en ce samedi 30 avril 2017 pour rendre hommage à la Légion étrangère lors de la prise d’arme, en présence du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui a rendu hommage dans son discours aux « képis blancs »: « Le combat de Camerone, s’il vous est propre, n’en incarne pas moins les vertus de nos armées, le respect de la parole donnée, la volonté indéfectible d’accomplir la mission jusqu’au bout, la solidarité entre frères d’armes, que la mort seule éteint, le courage, enfin, qui force l’admiration jusque dans les rangs ennemis. »
Une cérémonie émouvante au cours de laquelle le 4e régiment étranger a célébré ses héros français morts en 1863 lors de la bataille de Camerone. Soixante soldats qui ont préféré combattre jusqu’à la mort plutôt que se rendre face à l’armée mexicaine, luttant vaillamment pendant huit heures. Cette bataille a fait 300 morts et autant de blessés.
Camerone est «l’acte fondateur de la Légion étrangère», précise le général Jean-Pierre Bosser, qui a rendu un vibrant hommage à ses légionnaires, insistant sur le fait que Camerone rappelle «qu’il n’y a pas de petites missions». Le combat de Camerone n’est pas seulement un engagement militaire, c’est aussi l’acte fondateur de l’esprit de sacrifice des légionnaires dont le 6ème point du code d’honneur est : „La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout à tout prix”. C’est devenu le symbole du comportement du légionnaire au combat, le symbole du devoir accompli et du respect de la parole donnée
Depuis 1906, l’anniversaire de ce fait d’armes est commémoré avec faste par la Légion étrangère. La cérémonie, très ritualisée, rend à cette occasion les honneurs à… la main en bois du capitaine Danjou.
Le capitaine Jean Danjou fut tué à la tête de ses hommes à Camerone, mais sa prothèse en bois deviendra une véritable relique pour la Légion. Artilleur, il avait perdu sa main gauche dans un accident. Etre le porteur de la main représente l’honneur ultime dans les rangs de la Légion Etrangère.
Cette année, c’est sergent-chef Nguyen Van Phong qui a remonté la voie sacrée, portant la main du capitaine Danjou Le général de division Jean Maurin, commandant la Légion étrangère a désigné comme Porteur de la main du capitaine Danjou le sergent-chef (er) N’Guyen Van Phong.
Manière d’ honorer la mémoire des supplétifs vietnamiens qui ont combattu dans les rangs de la Légion étrangère en Indochine.
Né le 21 décembre 1935 au Nord Vietnam à Noi Bai, il s’engage à dix-huit ans pour servir comme supplétif au 32e bataillon de marche de tirailleurs sénégalais (32 BMTS) du Corps expéditionnaire français. D’abord à la 329e, puis à la 331e compagnie de supplétifs militaires, il servira ensuite au commando 14 en 1953. Il obtient trois citations durant cette année. Un an plus tard, en mai 1954, il contracte un engagement au titre de la base aéroportée Nord (BAPN) et est affecté au 1er bataillon étranger de parachutiste (1BEP) d’abord comme supplétif, il porte le béret blanc. Le 19 septembre 1955, il est admis comme «légionnaire » par l’intendant militaire de Saïgon. Il sera ensuite affecté au 2 BEP en 1955. Il est peu après rapatrié en Afrique du Nord. Le légionnaire Nguyen quitte sa terre natale, avec trois citations sur sa croix de guerre des TOE et un brevet de parachutiste, mais ne quitte pas pour autant la guerre. Lorsqu’il arrive en Algérie, les opérations militaires ont débuté depuis plus d’un an.
Grenadier-voltigeur « dynamique et courageux, volontaire pour toutes les sorties de jour et de nuit », il fait montre « des plus brillantes qualités de combattant ».
En dix-huit mois, il est à nouveau cité à trois reprises et s’affirme comme un soldat éprouvé qui, après la perte de son chef prend le commandement de son équipe. En 1957, il s’illustre pour avoir « magnifiquement » donné l’assaut à des rebelles algériens. Cité une nouvelle fois mais cette fois–ci à l’ordre de l’armée, il se voit attribuer la médaille militaire « car par son action déterminée, il a été l’un des plus efficaces artisans d’un succès coûtant à l’adversaire soixante morts, six mitrailleurs, vingt pistolets mitrailleurs et trente fusils ». Caporal en 1958, caporal-chef l’année suivante, il est affecté à la 3ème compagnie saharienne portée de la légion étrangère (CSPL) en octobre 1960. Deux ans plus tard, il est promu sergent et, en 1963, la 3ème CSPLE qui est dissoute devient la 7ème compagnie portée du 4°REI. Le sergent Nguyen quitte définitivement l’Algérie en 1964 et rejoint ensuite la 13ème DBLE qui vient de s’installer à Djibouti. A son retour en 1967 il est affecté au 2ème REP et effectue le déménagement du régiment entre Bou-Sfer et Calvi. Il y est considéré comme une excellent chef de section. Il est naturalisé français en 1968 et se marie en 1970. Jeune sergent-chef affecté à la 2ème compagnie, il prend le commandement d’une section avec laquelle il sera projeté au Tchad où il reste une année (avril 1969-avril 1970). Le 19 juin 1971, le sergent-chef Nguyen est rendu à la vie civile après dix-huit ans de services loyaux.
Les accompagnateurs de la main étaient au nombre de 11, à hauteur d’un lé
gionnaire par régiment. Ce choix met en valeur la continuité entre les anciens et les jeunes, par le biais de cet acte de volontariat qui les engage et les attache définitivement à la Légion étrangère.
Les légionnaires seront mis à l’honneur lors des cérémonies du 14-Juillet prochain en défilant sur les Champs-Élysées.