Vudailleurs.com

Interview de Benjamin Philippon: « Jeune avocat, trentenaire et un investissement politique de longue date »

Benjamin Philippon, 31 ans, appartient à cette jeune génération montante de l’UMP locale en Indre-et-Loire.
Il a accepté de répondre aux questions du Cercle des Libéraux.

CDL :Vous êtes conseiller municipal à Langeais, avocat de profession et très impliqué dans la vie politique locale, depuis quelques années, malgré votre jeune âge. Quand avez-vous commencé à vous intéresser à la politique ?

J’ai souhaité m’impliquer dans la vie politique dès 2002, j’avais à peine 18 ans, où je me suis investi dans la campagne présidentielle de JP Chevènement, pour la vision d’un certain Gaullisme.
Puis en 2006, j’ai adhéré à l’UMP et me suis ainsi retrouvé, en 2008, à faire campagne pour les municipales sur la commune de St Cyr sur Loire et élu conseiller municipal. Puis, pour les élections municipales de 2014, j’ai souhaité diriger une liste sur Langeais, commune de 4 000 habitants. Je siège au conseil municipal, dans l’opposition. Et enfin, les dernières élections départementales pour lesquelles je me suis investi pour représenter l’union UMP/UDI sur mon canton.

CDL : Pourquoi un tel engagement ?

L’envie d’agir pour le territoire sur lequel j’ai toujours vécu. J’ai le goût du débat d’idées et de la confrontation ; mais toujours dans l’intérêt général.

CDL : Avez-vous un plan de carrière en politique ? Vous êtes-vous fixé certains objectifs ?

Absolument aucun ! Je suis contre le « métier » de politique. Je ne me projette jamais à plus de 4 ou 5 ans.

CDL : Pourquoi êtes-vous « contre le métier » de politique ?

Parce qu’il est extrêmement regrettable de perdre de vue la vie réelle. Les élu(e)s de carrière n’ont plus la notion de la vie des citoyens. Mais aussi, cela entraîne une  surreprésentation de certains profils notamment des personnes issues de la fonction publique qui déséquilibrent nos instances.
Les mairies sont de plus en plus gérées par de jeunes retraités issus de cette même fonction publique et il s’en suit de nombreuses incompréhensions avec les commerçants « qui se plaignent toujours… », les dirigeants de TPE « qui ne sont jamais satisfaits…. », etc, etc…
Les personnes venant du monde économique privé ont un sacré courage !
Elles n’ont pas de congés spéciaux, pas de disponibilités et elles prennent de gros risques. Elles assument leurs choix.
Mais je ne pense pas qu’il faille intervenir « par la loi » dans ce mode de fonctionnement. Il s’agit seulement d’un mode d’organisation.

CDL : On entend, dans tous les partis traditionnels, des voix qui s’élèvent concernant les jeunes générations qui se heurtent au plafond de verre des anciens. Quel constat faites-vous en Indre-et-Loire ?

Dans notre département, il n’y a pas de réelle opposition avec les plus anciens. Regardez plutôt le renouvellement du Conseil Départemental qui vient d’avoir lieu, il s’y trouve une majorité de nouvelles figures !

CDL : Quel est votre point de vue sur le cumul des mandats notamment dans le temps ?

Tant que les citoyens renouvellent leur confiance à un élu(e), je ne vois aucune raison de l’empêcher de se représenter ; c’est la seule volonté des citoyens qui comptent en politique !

CDL : Et sur la parité Hommes/Femmes, quel est votre avis ?

Je pense profondément que les hommes ont plus envie de s’impliquer dans la vie publique que les femmes. La loi sur les quotas a parfois amené des situations un peu ridicules. Que demandent les citoyens à leurs élu(e)s…. d’être compétent(e), tout simplement !

CDL : L’économie et par conséquence l’emploi est le sujet n°1 pour l’ensemble des français. Quel regard jetez-vous sur l’avenir économique de la France ?

Mon constat est celui d’un sentiment général que le gouvernement actuel veut  brider l’esprit d’entreprendre dans notre pays… toujours plus de normes, toujours plus de charges financières !
Je ne suis, pourtant, pas un libéral convaincu mais certaines pistes sont à réfléchir tel le contrat de travail unique. Les chefs d’entreprise ne peuvent, malgré des besoins certains dans quelques secteurs d’activité, se permettre d’embaucher puisque ils augmentent leurs charges de façon importante. Et s’ils souhaitent se séparer d’un(e) salarié(e) quand le carnet de commande chute, cela les entraîne dans des démarches administratives et des frais bien trop élevés. Je ne suis pas pour « mettre à mal » le code du travail. Il faut seulement tenir compte de l’environnement actuel de l’économie mondiale.

CDL : A quoi est dû, d’après vous, cette perte du tissu économique français, depuis ces dernières décennies ?

Je reviens sur cette perte de la volonté d’entreprendre et de créer de la richesse, mais aussi les réformes structurelles qui n’ont pas été faites.
Le remède à cette morosité ambiante se situe dans la création d’entreprise ! J’en suis profondément persuadé. Ce sont de ces nouvelles entités que viendront les emplois nécessaires pour endiguer ce chômage de masse qui ne fait que croître depuis près de 3 ans.

CDL : Quel serait, d’après vous, « le » changement à mettre en place pour que les français puissent retrouver leur optimisme ?

Le septennat unique….. (sourire !)
Plus sérieusement, les élu(e)s doivent être plus courageux, qu’ils aillent au bout de leurs idées et surtout qu’ils les mettent en pratique !

CDL : Concernant notre territoire, que peuvent faire les élu(e)s pour dynamiser l’économie locale ?

Le département a une compétence économique notoire ! Il doit être le VRP du territoire. Il faut apporter des services, des outils pour le rendre attractif.
Le premier exemple qui me vient à l’esprit, c’est le très haut débit !
Il faut une volonté politique très forte, un partenariat solide entre le Conseil Départemental, le Conseil Régional, les Intercommunalités pour faciliter la création d’entreprise et donc de richesse.
La création d’un guichet unique pour les entreprises, par canton, pourrait aussi simplifier leurs démarches administratives, leur éviter de perdre du temps dans les couloirs de notre administration.
Une nouvelle conception de l’élu(e) qui ne serait plus celui ou celle qui arrose de subventions mais qu’il(elle) devienne un « facilitateur » ! L’ensemble des élu(e)s locaux vont devoir se mobiliser en laissant de côté les idéologies des uns ou des autres.

CDL : La délocalisation des entreprises, notamment à l’étranger, est un grave problème au plan national. Avez-vous connaissance de tel comportement sur notre territoire ?

Pas vraiment en Indre-et-Loire, mais pour éviter ce phénomène il faut soutenir les entreprises locales en les faisant travailler. Les chefs d’entreprise ne courent pas après les subventions, ils souhaitent seulement remplir leur carnet de commandes !
Et ce n’est pas le rôle de l’argent public de soutenir l’économie privée. Attention au mélange des genres.

CDL : On entend de nombreux maires, en ce moment de vote des budgets, se plaindre de l’endettement de leurs communes. A part l’augmentation des impôts, ont-ils d’autres possibilités ?

La grande majorité des élu(e)s municipaux sont des personnes précautionneuses et soucieuses des comptes  de leurs concitoyens. Sur les plus grandes communes, ils(elles) doivent mettre en place une véritable maîtrise des dépenses de fonctionnement.

J’ajouterai également que, tout d’abord, les citoyens doivent prendre leurs responsabilités et s’intéresser de plus près aux actions de leurs élu(e)s mais aussi aux élu(e)s d’être plus pédagogues !
Le plus souvent, les citoyens ne connaissent même pas le nom du Pdt de leur communauté de communes ; les mêmes travers qu’avec l’Union Européenne. Ces entités sont très éloignées des mentalités, malheureusement.

CDL : Parlons « impôts », justement… tout le monde grogne. Que faire ?

Nos gouvernants, depuis 2012, donnent l’impression que les impôts des citoyens sont un « puits sans fonds » ! Le défi d’un prochain gouvernement d’alternance sera de montrer la capacité à dépenser l’argent public, utilement !
La dette publique ne mobilise pas la Gauche française, c’est pourtant « le » point primordial pour une relance du pays.

CDL : Le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire est passé à Droite, avec Jean-Yves Couteau, Pdt UDI. Vous le connaissez bien, que pouvez-vous nous en dire ?

Je connais bien Jean-Yves Couteau, puisqu’il est premier adjoint à la municipalité de St Cyr sur Loire, dans laquelle j’ai siégé de 2008 à 2014.
C’est un homme de cœur, un homme fidèle aux valeurs qu’il défend.
Comme il l’a déjà dit, son action se fera « autour de l’économie et des économies ! ». Ses décisions seront toujours prises dans le but de l’utilité à tous les habitants de notre département : tourisme, économie locale…

CDL : Croyez-vous à l’alternance nationale, en 2017, après le succès de l’opposition actuelle lors de ces dernières élections départementales ?

Absolument ! J’y crois ardemment dès lors que l’opposition se présentera unie, Droite et Centre-droit.

CDL : Les résultats du FN lors de cette dernière consultation électorale vous ont-ils surpris ?

Ils signifient l’expression de la colère des citoyens. Je n’ai aucune honte à parler du FN comme un parti d’imposteurs. Les candidats des élections départementales n’ont fait que parler d’immigration, d’islamisation… qui ne sont pas des compétences des départements ! Ils ont seulement attisé cette colère montante des français. Le FN joue sur les sentiments des citoyens, il n’a aucune proposition concrète.
Le FN ne sait faire que des constats, des diagnostics mais n’apporte aucune solution crédible. Un parti politique ne doit pas faire de promesses inconsidérées, car celles du FN sont, de plus, sont impossibles à mettre en place, sur un plan juridique.

CDL : Comment voyez-vous votre avenir politique et professionnel ?

Tout d’abord, je suis très attaché au département d’Indre-et-Loire, terre qui m’a vu grandir. Je n’ai aucune velléité à partir de chez moi ! Mon rôle est celui d’un opposant constructif, avec le soutien de nos amis de l’UDI. Je crois, là encore, profondément à cette union, aussi bien sur les territoires qu’au plan national.
Quant à mon avenir professionnel, je travaille ardemment à développer mon activité d’avocat. Je n’ai pas de spécialités particulières. Je gère aussi bien des dossiers en droit pénal, en droit routier et en droit civil.

CDL : Pour conclure, quels sont vos souhaits pour la France ?

Je mettrai au premier plan le développement de la fierté d’être français, la fierté de vivre en France. Puis il me semble, absolument primordial, d’aider les citoyens à sortir de cette morosité ambiante qui freine les projets et particulièrement sur nos territoires ruraux que j’ai beaucoup parcourus lors de ces dernières élections et où j’ai constaté un pessimisme désolant dans le discours de mes concitoyens.

Postez un commentaire

You don't have permission to register