INTERVIEW DE GABRIEL LEVY,FONDATEUR DE L’ASSOCIATION DES CONTRIBUABLES DE L’INTERCOMMUNALITE D’AUBAGNE
Membre d’Atlantis Institute, Gabriel Lévy prône une neutralité des subventions communales réduites au seul intérêt public tout en dénonçant la pression des lobbying sur les élus.
Vous avez fondé en 1999 l’association des contribuables de l’Intercommunalité d’Aubagne dont vous êtes aujourd’hui le porte-parole. Depuis 14 ans, les choses ont-elles évolué ?
Les choses ont évolué dans la mesure où chaque fois qu’il y a eu une illégalité faite par les communes de cette agglomération, nous avons requis le tribunal administratif et nous avons toujours gagné. Cela change la philosophie des gens, mais on constate aussi que le naturel revient au galop. Brutalement des conflits ont réapparus sur des sujets que la mairie d’Aubagne peut considérer comme fondamentaux.
De quelles illégalités parlez-vous ?
Dès l’instant où une commune s’occupe de compétences internationales qui ne sont pas de son ressort. Dès l’instant où la commune agit et dépense de l’argent dans un contexte international et qui n’est pas autorisé par la loi, comme la coopération décentralisée, nous intervenons. Cela a été le cas pour une subvention donnée à une association à vocation étrangère et une autre pour Gaza lors de la guerre, toutes deux annulées par le tribunal administratif. Nous relevons, partout où il y en a, des situations anormales et à plus forte raison lorsqu’elles sont illégales. Nous ne nous substituons pas aux élus, nous émettons simplement des critiques, à eux d’en tirer les conséquences car ce sont les gestionnaires.
Pour les prochaines élections municipales, souhaitez-vous que les candidats, même ceux des petites communes, chiffrent plus précisément leurs futures dépenses ?
Je n’ai aucun optimisme à ce sujet. Dès l’instant où quelqu’un est élu et veut se faire réélire, il subit la pression des lobbying. J’ai des amis députés : il y a des limites à ce qu’ils peuvent faire pour diminuer la dépense publique parce que le lobbying existera toujours. D’autre part je ne suis pas certain qu’ils mesurent le mécontentement présent dans la population. Nous n’avons plus les moyens aujourd’hui de réaliser ce qui l’était autrefois. Lorsque l’on projette de construire un tramway ou un stade, on peut suspendre ces investissements. On pourrait nous accuser de vouloir faire rétrograder la France, mais celle-ci, à l’image d’une famille, doit être gérée et diminuer les dépenses qui peuvent l’être.
Vous avez élaboré une grille d’évaluation des subventions communales. Dans quel but ?
Ce n’est pas exactement une grille d’évaluation ; nous disons simplement : lorsque cela paraît évident, nous nous empressons d’écrire au maire notre désaccord en exposant nos arguments. Nous demandons alors le retrait d’une délibération. Nous écrivons également au préfet en attirant son attention sur une délibération ou une décision qui ne paraît pas légale en lui demandant de la déférer à la justice administrative, puis nous présentons notre dossier auprès du tribunal administratif.
Quelle est votre position sur les subventions communales ?
Lorsque l’on donne des subventions, l’exercice de la démocratie a un effet pervers. On va permettre à un élu de disposer à sa guise de l’argent des contribuables en favorisant telle ou telle association. Nous proposons donc que les subventions soient neutres, au profit d’un intérêt public général et local et non au profit de groupes minoritaires. Les élus ne devraient pas subventionner les organisations cultuelles ou des actions de groupes ultra-minoritaires.
Vous vous êtes opposé à la subvention donnée à l’association Lesbian & Gay Parade par les élus marseillais.
En effet.
Vous vous êtes aussi opposé à la subvention pour l’organisation d’un concert de David Guetta à Marseille.
Les sommes qui sont consacrées aux divertissements et aux festivités doivent être réduites lorsque d’autres actions sont prioritaires et lorsque l’on se trouve dans une conjoncture difficile. Une subvention de 400 000 euros, c’est énorme, cela représente un nombre équivalent de repas distribués par les Restos du cœur.
Vous vous êtes également opposé à l’investissement public du tramway d’Aubagne. Pourquoi ?
Le projet du tramway a été annoncé par le maire lorsqu’il était candidat. Or le consentement du citoyen n’était pas éclairé car le montant annoncé (140 millions) est beaucoup moindre que le coût de l’investissement réalisé, autour de 220 millions. Nous ne discutons pas l’utilité du tramway mais la situation économique a changé : la commune d’Aubagne est depuis moins bien jugée par les agences de notation. Nous avons demandé un moratoire de trois ans pour cet investissement qui a été refusé.
Des économies ont été demandées de la part du gouvernement à hauteur de 2 milliards d’euros. Vous êtes membre de l’Atlantis Institute, quels sont les secteurs dans lesquels celles-ci pourraient être réalisées ?
On peut diminuer de moitié les subventions qui représentent 75 milliards du budget national. Les subventions sont également importantes sur un plan régional : au conseil régional de Paca, 8 000 associations sont subventionnées, ce qui représente presque 11 % du budget. Dans ce nombre se glissent des associations bidons, ce qui représente une fraude. Subventionner une association pour un montant de 500 euros n’a aucun sens. On doit subventionner à un montant plus élevé et pour des actions qui concernent l’intérêt général et non le lobbying d’un groupe minoritaire.
Propos recueillis par A.T
Anonyme
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