INTERVIEW DE JULIEN MIRO : “En politique, l’enjeu n’est pas seulement de gagner mais aussi de gouverner”
Julien Miro, Président du think tank « 5 ans pour des idées » lors du colloque à l’assemblée nationale sur l’intérêt général en présence notamment de Frédéric Salat-Baroux, d’Eric Woerth et de Bernard Accoyer.
Président-fondateur du think tank “5 ans pour des idées”, cet ancien responsable des études auprès de Dominique De Villepin incarne une droite ouverte, aux côtés de Frédéric Salat-Baroux. Julien Miro milite pour une implication de la jeunesse dans la vie publique. Rencontre avec un homme engagé.
Le Cercle Des Libéraux : François Hollande vous-a-t-il convaincu lors de sa dernière conférence de presse ?
Julien Miro : “ La réaction du Président manque de force. Instaurer un service civique pour tous est une bonne idée, et d’ailleurs, notre mouvement a toujours plaidé en sa faveur. Mais il n’a de sens que s’il est obligatoire : cela ne devrait pas faire l’objet d’un débat dans un état de droits et de devoirs. Malheureusement, il sera facultatif, et risque de ne pas produire les effets escomptés. Pour ce qui est de l’emploi, notre pays a enregistré plus de 600 000 chômeurs supplémentaires. A l’époque de Lionel Jospin, les contrats aidés avaient créé une sorte de perfusion sur l’économie. Aujourd’hui, en dépit du pacte de responsabilité, il n’y a même plus d’illusions ”.
Le CDL : L’UMP a choisi le ni-ni dans l’optique du duel de la législative partielle du Doubs; vous ne partagez pas cette position, pour quelle raison ?
JM : “A partir du moment où une candidate remet en cause l’égalité des races, la question du parti n’a aucune importance ; dans ce cas, il est naturel de voter pour le candidat d’en face. La droite ayant été éjectée au premier tour, le combat des idées est perdu ; il reste celui des valeurs. Nous n’avons pas les mêmes idées que le PS ; il en est de même pour celles du FN. Mais nos valeurs seront toujours plus proches de celles du PS. La droite devrait l’assumer et suivre l’exemple d’Alain Juppé qui a été courageux dans sa prise de position ”.
Le CDL : Que propose le groupe de réflexion “5 ans pour des idées “ dans l’optique des échéances de 2017 ?
JM : “L’enjeu de 2017 n’est pas seulement de gagner, mais aussi de gouverner. Travailler sur l’intérêt général est l’une de nos priorités. C’est la raison pour laquelle, outre le service civique obligatoire, nous sommes partisans de l’instauration d’un impôt pour tous, même symbolique. La jeunesse est notre priorité, elle a besoin de plus de libertés. A 16 ans, un jeune a la responsabilité pénale, mais ne peut ni voter, ni entreprendre. Des réformes doivent être menées en ce sens : elles ne sont pas forcément coûteuses, ni démagogiques, mais peuvent permettre aux jeunes de s’intéresser à la chose publique”.
Le CDL : Alors que l’éducation nationale se remet en cause, des états généraux de la classe politique ne seraient-ils pas indispensables également ?
JM : “Il faut aller plus loin que les mots, les Grenelles et les intentions. Il n’y a aucun doute sur le fort score du Front National en 2017, et je n’ai pas le sentiment que les remises en cause des uns et des autres puissent le faire baisser. La montée des extrêmes n’existe plus, ils sont déjà haut. Il faut proposer un projet fort. Ce sera la meilleure manière de lutter contre les extrêmes et de rétablir la confiance entre les élus et les citoyens ”.
Propos recueillis par Magali Barthès
Pour plus d’informations : https://twitter.com/julienmiro
