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INTERVIEW DE THIERRY BECOURT »ON MET L’ETIQUETTE SECTE A CEUX QUI DERANGENT LE SYSTEME DE CONSOMMATION »

Le fondateur de la Coordination des associations et particuliers pour la liberté de conscience (CAPLC) estime que la chasse aux sectes masque des lobbys pharmaceutiques ou agroalimentaires. Il est partisan de la création d’un observatoire indépendant.

Comment est née votre association CAP pour la liberté de conscience ?

 

L’association CAPLC européenne pour la liberté de conscience coordonne les associations et indépendants. Notre objectif de départ a été de prendre le contre-pied de la publication du rapport parlementaire en 1996 sur les sectes en France. 171associations ont été visées par cette liste honteuse. Nous avons agi immédiatement au sein de l’association Omnium des libertés. L’association CAPLC a été créée en 2000 dans le but d’alerter les pouvoirs publics et de montrer les violations des articles 9 et 10 de la charte européenne des droits de l’homme dans le cadre de la liberté de conscience. On a listé de petits groupes ou des associations plus importantes, sans qu’il y ait, pour la grande majorité, de plainte, d’action juridique ou de preuve. Du jour au lendemain on a lancé à la vindicte populaire des associations. Cela a causé des drames et même des suicides. Je figurais moi-même sur cette liste au travers de l’association à vocation culturelle que j’avais fondée. Ces 171 sectes étaient considérées dans ce rapport comme dangereuses pour l’intégrité de la Nation française. Or ce rapport ne donnait pas de définition d’une secte et restait dans l’arbitraire.

Pensez-vous qu’il n’y a pas de sectes en France ?

Aujourd’hui nous ne savons pas juridiquement ce qu’est une secte. Il est cependant certain qu’il y a des dérives qui conduisent à des comportements répréhensibles et asociaux. Mais on a étiqueté secte des mouvements parce qu’ils sont dans l’alternatif et parce qu’il faut trouver des boucs émissaires. On met l’étiquette secte à ceux qui dérangent le système de la société de consommation. C’est le cas pour les associations anti-vaccinalistes, celles qui travaillent dans le domaine de l’écologie, dans des domaines maçonniques qui dérangent les grands courants maçonniques et même des grands courants religieux. Nous analysons plus finement les choses avec le concours de sociologues qui sont tous d’accord avec nous.

Pensez-vous que les pouvoirs politiques défendent cette société  de consommation du fait de la pression de lobbys ?

Nous en sommes certains. Je suis franc-maçon dans le courant égyptien mais je constate que des courants maçonniques, comme le Grand Orient de France ont des groupes d’étude anti-sectes et sont reliés à la politique, plutôt de gauche. Sous un principe de laïcisme et non pas de laïcité, c’est tout de même le parti socialiste qui est à l’origine avec monsieur Mauroy, en 1984 de la chasse aux sectes en France. Pour autant la droite n’a pas fait grand-chose pour l’éliminer, elle a fait quelques tentatives mais cela n’a pas marché. Parmi les financeurs des colloques organisés par les associations anti-sectes, financées à 97 % par l’Etat, Adfi et Unadfi en tête, on retrouve des laboratoires pharmaceutiques. De 2001 à 2011 près de onze millions ont été dépensés pour cette chasse aux sectes, sur l’argent public. Cette chasse n’a rien à voir avec les religions, c’est une histoire de lobby pharmaceutique. Tous les mouvements qui sont cités, qu’ils soient religieux ou défendant une médecine alternative, remettent en cause le système de la médecine académique entre autres les vaccins. Ils cherchent aussi à combattre le système de la consommation alimentaire : l’élevage intensif ou les produits de substitution qui dénient la dignité de l’humain pour des intérêts financiers. Je ne dis pas que des gens ne posent pas de problèmes car il y en a qui font effectivement des bêtises. On doit simplement les contrôler en leur disant ce qu’ils peuvent faire ou non.

Quelles sont vos affinités politiques ?

Nous ne sommes pas contre le socialisme et nous ne sommes pas tous pour la droite. Nous sommes totalement en phase avec les mouvements politiques libéraux. Nous nous adressons à tous les citoyens, quel que soit leur bord. Notre dernière brochure sur la liberté de conscience en France a interpellé entre autres Valéry Giscard d’Estaing et le maire de Lyon Gérard Collomb qui nous ont félicités pour notre combat.

Quelles sont vos propositions pour lutter contre les dérives sectaires ?

Ce que nous préconisons, depuis plus de dix ans, est de faire un observatoire objectif comme il en existe un en Angleterre, constitué de spécialistes de la question, des politiques de tous bords, des sociologues et universitaires. Au lieu de condamner les mouvements minoritaires, les groupes, les individus, on doit réaliser des études à la fois scientifiques et de terrain. Comme l’a fait la commission sénatoriale dernièrement. Il y a donc eu une ouverture. Nous voulons proposer aux citoyens des études sur ces mouvements et non pas des présentations arbitraires d’associations qui s’opposent à ce qui est hors norme et qui vont mettre l’étiquette secte s’il y a astrologie ou yoga.

Comments

  • Anonyme
    décembre 22, 2020

    4.5

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