A l’occasion du Festival de la biographie au carré d’art de Nîmes, au cours duquel elle a dédicacé son dernier livre, la petite fille du galeriste Aimé Maeght nous a conviés à une discussion sur l’art.
Le Cercle Des Libéraux : Vous portez une grande admiration à votre grand père, Aimé Maeght…
Yoyo Maeght : « Beaucoup de personnes m’ont orientée, par décision, par impact. Papy m’a donné la passion de l’art. Il me disait : « quoique tu fasses, tu dois le faire pour deux raisons : séduire les novices et contenter les initiés ». Aucune de ces raisons n’est prioritaire sur l’autre ». Il m’est difficile d’en parler sans lui associer celle que tout le monde surnommait Guiguite. Ma grand-mère nous donnait des règles, mon grand-père essayait de les contourner. Joan Miró, pédagogue, m’a fait utiliser les outils, le regard, la réflexion. J’avais visité la volière de mes grands-parents en sa compagnie ; une expérience tout autant morale, physique, artistique que psychologique. Il savait distinguer l’oiseau amoureux de l’oiseau coquin ».
Le CDL : « La saga Maeght » est un voyage dans l’art et dans le temps. Parlez-nous de votre livre.
YM : « Ce livre est un voyage dans le quotidien des personnalités qui ont jalonné la vie de ma famille. J’ai choisi de l’écrire au présent afin de retrouver les émotions de mon enfance. Mon intention était de montrer qu’à travers leurs facéties, les artistes sont des êtres exceptionnels ».
Le CDL : Qu’aurait pensé votre grand-père de la sculpture de Paul Mc Carthy qui a suscité la polémique dernièrement ?
YM : « Aujourd’hui, l’œuvre d’art n’est plus que le véhicule d’un discours et celui-ci doit être bien compris. Le sujet de Mc Carthy est intéressant mais son discours est mal construit. Le fait de mettre un grand plug anal sur la place Vendôme peut-il permettre de dénoncer les dérives pornographiques du monde actuel ? Du temps de mon grand-père, le statut de l’artiste passait par l’œuvre d’art. A présent, l’artiste compte plus que l’œuvre ».
Le CDL : L’organisation d’expositions n’est-elle pas frustrante par rapport à la création ?
YM : « Pas du tout. Mon grand-père peignait et dessinait extraordinairement bien, mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’il ne serait pas le meilleur, il s’est mis au service des artistes. Il est resté un créateur insatiable et ivre de découvertes. Il a su utiliser les éléments, bâtiments, plantes, lumière… pour faire de la fondation Maeght une extraordinaire création. Papy aimait par-dessus tout défendre les artistes qui n’étaient pas reconnus. Rien n’était jamais assez audacieux pour lui. Or aujourd’hui, on oublie l’audace au profit du sensationnel ». Propos recueillis par Magali Barthès
camps
C un tres beau dessein..et une tres belle aventure ..good luck..yoyo