Vudailleurs.com

Directeur de recherche au JPPI (The Jewish People Policy Institute), le rabbin Dov Maïmon porte un regard sur l’avenir des juifs, qui n’ont pas d’autre choix, selon lui, de retrouver la terre promise. Rencontre.

Le CDL : Dov Maïmon, quel est le rôle du JPPI ?

D.M : « L’Europe se trouve dans une situation de crise identitaire, économique, politique. Au JPPI, nous essayons de déceler les grandes tendances de chaque pays, afin d’intervenir de manière intelligente pour avantager les communautés juives locales. Il s’agit de prévoir une transition vers d’autres lieux dans le cas où la sécurité des juifs ne pourrait plus être garantie. A travers le monde, les différents acteurs juifs n’ont pas les moyens de régler les problèmes fondamentaux de l’Europe. Deux grands scénarii sont possibles pour les années à venir. Eurabia, un métissage qui pourrait apporter beaucoup de force aux minorités, notamment aux communautés musulmanes. Un second scénario, plus probable, est celui d’un retour contre l’islam, à l’image de la Reconquista espagnole de 1492. Il met aux prises les valeurs démocratiques de l’Occident à une culture jihadiste grandissante en Europe. Aucun de ces deux scénarii n’est positif pour les juifs ».

Le CDL : Comment les israéliens ont-ils perçu les récents attentats en France ?

D.M : « En Israël, on se dit qu’il faut une pareille tragédie pour que les Français prennent la mesure de ce que vivent les israéliens depuis tant d’années. La population israélienne sait comment combattre le terrorisme. Elle sait que ce n’est pas en organisant des marches silencieuses ou en mettant les drapeaux en berne que l’on y parvient. La lutte antiterroriste est une guerre longue dont l’issue dépend d’une volonté politique. C’est en allant dans les mosquées, en procédant à des enquêtes que l’on pourra peut-être éradiquer les réseaux jihadistes. Il reste à savoir si la France aura cette volonté politique au cours des années à venir. Jusqu’à présent, les gouvernements successifs ont préféré laisser la « patate chaude » à leurs successeurs et malheureusement, si rien n’est fait, Marine Le Pen pourrait accéder aux responsabilités  ».

Le CDL : Benjamin Netanyahu s’est efforcé de prévenir les Européens sur la nécessité d’une lutte anti-terroriste ; comment expliquer que ce discours ait été si peu entendu dans les diplomaties européennes ? 

D.M : « Pour le gouvernement israélien, assassiner des juifs à Paris ou Jérusalem porte la même signature du jihadisme. Cela pose problème  au gouvernement français qui ferme les yeux sur cette évidence. Comment prétendre qu’il n’y a pas d’autres alternatives que la position du Hamas ? Aujourd’hui, la France ne s’est pas donné les moyens de combattre l’islamisme radical dans les territoires perdus de la République. Le gouvernement français n’est pas en mesure de protéger les juifs face à la menace de 1200 jihadistes. Sur le long terme, il ne peut pas réquisitionner 20 soldats devant chacun des 4700 lieux juifs. Benjamin Netanyahu en est bien conscient. ll est normal que l’on conseille aux juifs de la diaspora de mettre un terme à 2000 ans d’errance ».

Propos recueillis par Magali Barthès

The Jewish People Policy Institute : http://jppi.org.il/