Jean-Philippe Dugoin-Clément sur la crise du logement: « J’en appelle au Président de la République ! «
Je tiens tout d’abord à saluer et à avoir une pensée pour tous les acteurs du logement qui ont, pendant des mois, participé et alimenté les groupes de travail de ce Conseil National de la Refondation (CNR) Logement et qui doivent être profondément déçus de la faiblesse des annonces faites ce lundi 5 juin.
Une fois encore la montagne accouche d’une souris.
Malgré une Première Ministre, en première ligne, se saisissant directement de la question du logement et annonçant elle-même les conclusions du CNR, le Gouvernement n’a pas pris la mesure de la colère populaire qui gronde et de la crise sociale qui s’amplifie.
Si quelques avancées ont bien été faites, les propositions du Gouvernement ne sont hélas pas à la hauteur des enjeux ni de la souffrance des Français.
Un prêt à taux zéro étendu jusqu’en 2027 mais en même temps restreint sur ses cibles, le développement du bail réel et solidaire, une augmentation du budget alloué au fonds friches…
J’approuve bien évidemment ces mesures mais on est très loin du compte et loin de l’ambition sociale, économique et écologique initialement affichée par le Gouvernement lors de l’installation de ce CNR le 28 novembre 2022.
Le Pinel n’a pas été sauvé, rien de concret concernant l’encadrement du prix du foncier pour mettre un terme à la spéculation, rien de précis ou d’immédiat sur l’accompagnement nécessaire des communes pour relancer l’acte de construire avec par exemple le rétablissement d’un lien dynamique et pérenne entre recettes des communes et évolution de la population, peu de choses sur la location saisonnière abusive ou sur la facilitation du rehaussement du bâti existant. Quelques mesurettes qui ne résoudront pas le problème de la sortie du marché locatif des passoires énergétiques, un appauvrissement du secteur du logement social dont les moyens financiers se sont rétractés comme jamais à force de ponctions opérées par Bercy. Rien de précis non plus en ce qui concerne la énième annonce de mobilisation du foncier de l’Etat pour soutenir la production de logements…
Au-delà des grandes déclarations d’intentions, c’est une véritable politique du logement multi sectorielle reposant sur la confiance entre les acteurs, qu’il convient de (re)bâtir et dont nous avons besoin. La gravité de la situation que nous – acteurs du logement et élus locaux – dénonçons unanimement, appelle des réponses structurelles et immédiates.
J’en appelle donc au Président de la République pour reprendre la main sur un sujet qui faute d’être traité, parce qu’il conditionne notre vie à tous, est véritablement devenu une bombe sociale à retardement sans précédent.
Le logement est l’un des piliers de la cohésion sociale. Il est le principal poste composant le pouvoir d’achat des Français. Il doit donc devenir une priorité de nos politiques publiques. C’est une obligation morale et sociale.