Koh-Lanta : le puritanisme de l’extrême
L’idée d’exfiltrer les deux protagonistes puis de poursuivre l’aventure ne semble pas avoir effleuré un seul instant.
Horreur et épouvante sur le tournage de « Koh-Lanta » : un candidat s’est peut-être livré à des attouchements sur une de ses co-équipières alors qu’elle dormait à poings fermés. Production et TF1 décident de tout remballer, tétanisés par tant de violence. Rapatriement d’une dizaine d’équipes techniques, du personnel médical, des concurrents, du matériel. Des millions d’euros perdus. Arrivé à Paris, le « peut-être » évolue en « c’est pas sûr du tout ». Le présumé agresseur nie les faits et cinq concurrents présents sur les lieux du crime affirment n’avoir rien remarqué. Ah, tant pis. Le soupçon était trop dur à supporter. La simple évocation d’une main égarée dans le maillot de bain d’une des naïades de l’émission a traumatisé cadreurs, preneurs de son, assistants, médecins, animateur. Des poissons ont rougi en apprenant la nouvelle, un poulpe s’est pendu. L’équilibre bio-aquatique est menacé.
Dans son message vidéo, Denis Brogniart fait part de son impossibilité morale à continuer l’aventure. Au-dessus de ses forces. Sur un ton mi-enjoué mi-compassé, l’animateur affirme qu’il n’y avait pas d’autre solution. Apprendre, à cette occasion, que les hommes et les femmes se livraient parfois à des turpitudes d’ordre sexuel l’a cloué sur place. Il s’est fait rapatrier. Sous tente à oxygène. « Mais dites-moi que c’est pas vrai ! » criait-il dans l’avion.
L’idée d’exfiltrer les deux protagonistes puis de poursuivre l’aventure ne semble pas l’avoir effleuré un seul instant, pas plus qu’elle n’est venue à l’esprit des diverses forces en présence. « Les équipes techniques et TF1 , comme moi, ont été marqués par cet événement. » Tourneboulés de la tête aux pieds. Vont-ils s’en remettre ?
En bref, le tournage de l’émission majeure d’une grande chaîne populaire est stoppé en raison d’un soupçon d’agression sexuelle qu’il faut bien qualifier de « mineure ». Si l’incident ne peut passer par pertes et profits, il est moins certain qu’il justifie une telle déroute humaine et financière.
Après des époques de sexisme forcené, nous voilà revenus à la case départ d’un puritanisme extrême et hypocrite à souhait.
Dans sa vidéo faire-part, Denis Brogniart parle comme un moine de « programme familial ». Le malheureux ne s’est pas aperçu que la plastique des concurrentes en maillot de bain, toutes choisies comme par hasard minces et plutôt jolies, entrait pour une part dans le succès d’audience de l’émission qu’il anime. Qui sera volontaire pour aller lui annoncer cette terrible nouvelle ?
L’ensemble des protagonistes de cette affaire feint d’ignorer la tension érotique inhérente à la cohabitation de jeunes gens à moitié nus sur une plage de rêve. S’il est évident que cet aspect n’est pas dans l’idée du concept, les organisateurs n’ont pas eu l’honnêteté de reconnaître que, compte tenu de cette configuration, l’échauffement sexuel faisait partie des risques du genre avec la perspective, hélas presque prévisible, d’un éventuel dérapage un jour ou l’autre.
La privation de nourriture est l’un des ressorts du programme. La privation sexuelle est passée sous silence. Mais peu importe. Après remise à niveau de Denis Brogniart sur les choses de la vie, un prochain tournage serait envisagé. Maillots de bain en acier galvanisé, soutiens-gorge à Digicode®. Des frais, encore des frais.
bientôt en france la police du vice et de la vertu ? Comme en Arabie Saoudite ?
TF1: équipe nombreuse et des infrastructures importantes coûtent énormément d’argent, que le succès du programme a toujours permis de largement compenser. En 2016, TV Mag révélait qu’un épisode de l’émission avoisinait les 800 000 euros. La publicité rapportait alors 1,4 million d’euros à TF1, soit un bénéfice de 600 000 euros. Avec l’annulation de la prochaine saison, la chaîne et la société de production vont donc perdre gros.
Le Parisien révèle que le manque à gagner serait de près de 20 millions d’euros
GG