La belle histoire du bal
Les rois de France -et d’ailleurs -sont friands d’un tel divertissement : Louis XIV s’y donne en spectacle ». Versailles au XVIIIesiècle ne bruisse que de bals somptueux, qui fâchent certains esprits économes en raison de leur coût, mais réjouissent la grande majorité de la noblesse.
Il y a le bal de cour avec les dames en belles robes, invention européenne du Moyen Âge tardif, le bal des débutantes, haut lieu de sociabilité à Vienne, le bal populaire, celui du 14 juillet avec les pompiers ou bien encore le bal musette, où l’on se figure alternativement des femmes en sabots, des bigoudènes en costume ou des Auvergnats en accordéon. Mais ces images sont poussiéreuses alors que le bal est toujours bel et bien vivant en 2024 ! On s’y fatigue, on s’y perd, on s’enivre des autres. On y découvre aussi des langues, des instruments, des rythmes, des pas, des identités et des récits ancrés dans des territoires qui parlent autant du passé que du présent.
En France, on repense la question, en créant « Le Bal moderne » imaginé par Michel Reilhac en 1993, déjà à Chaillot. Le principe, simple et ludique, consiste à passer commande à des chorégraphes contemporains de courtes pièces à danser, que le public apprend au cours d’une soirée.
Finalement, tout le monde entre en piste et se déploie sur des pas de Philippe Decouflé, José Montalvo ou Sidi Larbi Cherkaoui. Le bal, moderne ou non, n’en finit pas de se réinventer. « Finalement, on n’a jamais cessé de danser », résume, amusée, Sophie Jacotot. Le carnet de bal a disparu, reste l’ivresse de la danse.
Le grand retour des bals folk et trad
Dans les mouvances d’après Mai 68, l’intérêt pour les danses folk, les musiques traditionnelles et l’importance de ces fameux collecteurs va permettre l’émergence de ce qu’on appelle les bals folk ou les bals trad aujourd’hui. En 1990, le Grand Bal de l’Europe naît en France. Près de 35 ans plus tard, il est régulièrement dépassé par la demande. Il existe aujourd’hui plusieurs grands bals trad qui se tiennent tous les étés, mais aussi parfois l’automne et le printemps en France. En 2017, la cinéaste Laetitia Carton, qui en est elle-même une adepte, y pose sa caméra le temps d’un été. Le film, qui ne devait pas avoir de sortie en salle, connaît un succès fulgurant. Il donne à voir et à entendre ce qui se joue pendant le bal. Plusieurs formations de groupes de musique animent huit pistes de danse qui sont ouvertes pendant une semaine et fonctionnent quasiment en permanence, une forme de marathon qui dit l’engouement présent pour ces musiques et cette pratique.