« La Chrysalide et le Bouton de rose » de Franck LEONETTI
Il y a longtemps, il n’y a pas longtemps mais il y a longtemps quand même, vivait un peuple à l’Ouest du monde parmi les autres peuples de l’Ouest du monde : les leacs.
Primitif et barbare dans certaines de ses coutumes et croyances, ce peuple est intellectuel et tourné vers l’art et la culture. Ses créations dans le quotidien sont autant de traces culturelles qu’artistiques. Ses inventions souffrent d’efficacité voire de réalisme. L’Etoile, bateau leac, en est la plus parfaite des démonstrations.
Pendant plusieurs siècles, les leacs ont été des nomades, par obligation parfois, par volonté souvent. Issus du centre du monde des vivants – du moins si l’on en croit la légende – ils ont appris de chaque peuple croisé combattu ou colonisé.
Ils ont tout d’abord traversé les plaines arides de l’Est peuplées d’ours et de mammouths à poil laineux et habitées par les nuhs. Aucun endroit dans le monde n’est plus aride que ces steppes. Seuls les chevaux sauvages y règnent en maître absolu. À leur arrivée dans ce monde désertique blanchi par un soleil de plomb, les leacs sentirent que leur arrêt en ces lieux ne serait que provisoire. Ils s’installèrent à l’ombre d’une dune proche d’une oasis où l’eau, quoique parfois souillée par le sable et le vent, était consommable. Ils abattirent quelques arbres pour fabriquer des abris qu’ils camouflèrent par des monticules de sable. Mais dès la première tempête de vent, ils durent faire et refaire leurs abris.
Le roi ordonna des expéditions afin d’acquérir des informations sur les confins de ce lieu. Ils y rencontrèrent les nuhs. Nomades du désert, les nuhs se déplaçaient avec armes et bagage. Chaque soir, ils posaient et fixaient leurs tentes rondes afin que le vent nocturne ne les fasse pas s’envoler. Les premiers échanges furent commerciaux mais peu chaleureux. Des nuhs, les leacs avaient appris à vivre de peu, se couvrir de peaux de bêtes pour les longues nuits froides de l’hiver, courir dans la steppe, monter à cheval et vraisemblablement utiliser le feu comme arme de combat. Plus les contacts devenaient fréquents, plus les nuhs ressentaient un danger en la présence des leacs. Une guerre terrible s’ensuivit. Rapide et coûteuse en hommes, cette guerre sonna le glas du village leac. Le roi décida d’émigrer à nouveau plus à l’Ouest.
Cédric Leboussi
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Anonyme
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