LA CIGARETTE ELECTRONIQUE: « La cigarette électronique ne constitue-t-elle pas une voie d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes ? » Chantal Jouanno
« Très récemment apparue sur le marché, la cigarette électronique connaît un véritable succès de commercialisation. En France, près de 500 000 personnes utiliseraient ce produit, alors qu’il ne fait pas l’objet d’une réglementation particulière. Le cadre réglementaire s’est, en effet, adapté sans répondre aux questionnements d’ordre sanitaires et commerciaux de ce nouveau produit. Pourtant, de nombreuses questions se posent quant à la commercialisation de la cigarette électronique.
D’abord en termes de définition de ce produit :
– Il y a un réel manque de lisibilité pour le consommateur qu’il conviendrait de palier. Considérée par beaucoup d’utilisateurs comme un substitut nicotinique pour le sevrage tabagique, aucun des fabricants n’a pour autant déposé de demande d’autorisation de mise sur le marché.
– Biens de consommation courante, la cigarette électronique a envahi le marché français, et la question du réseau de distribution, directement liée à celle de la définition du produit, se pose indéniablement : boutiques spécialisées, bureau de tabac, vente sur internet, pharmacies…
Puis en termes d’impacts sanitaires :
– Alors que certains pays ont jugé opportun l’interdiction de commercialisation de cigarettes électroniques, la France ne peut manquer à une réflexion sur les impacts sanitaires. Si elles ne contiennent pas de tabac et de goudron, les e-cigarettes comportent tout de même des solvants variés, comme le propylène de glycol. A ce titre, il convient de rappeler la recommandation de l’ANSM de mai 2011 de ne pas consommer de cigarettes électroniques.
– Nous ne pouvons enfin nous départir d’une réflexion générale sur les signaux de notre politique de réduction du tabac. La cigarette électronique ne constitue-t-elle pas une voie d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes ? Par ailleurs, la reproduction du geste ne maintient-elle pas les fumeurs dans une forme de dépendance ?
Pour ces raisons, il me semble indispensable de mener des travaux approfondis dans l’optique d’une réglementation appropriée de ces produits, qui génèrent des bénéfices considérables pour les fabricants. Alors que la directive européenne sur les produits du tabac doit prochainement être revue, la France doit être en mesure d’appréhender au mieux une nouvelle réglementation et d’y apporter une utile contribution en termes notamment de protection de la santé.
A ce titre, je souhaite qu’une mission d’information parlementaire puisse évaluer les aspects susmentionnés de la cigarette électronique. Le Législateur ne peut manquer cette vision prospective. »