La condition féminine, clé des problèmes écologiques de demain.
Une des dimensions les plus intéressantes des nouvelles prévisions de démographie mondiale, publiées cette semaine par le Lancet, est de rappeler que rien n’est irréversible, à condition de trouver les bons leviers et de se donner les moyens d’agir sur eux.
Et rien ne paraît plus irréversible que la démographie : jusqu’ici, il était couramment admis que la population du monde atteindrait inexorablement 12 milliards en 2100, ce que la planète ne supporterait pas, ni en termes énergétique, ni en terme alimentaire. Peu d’experts voulaient admettre que cette prévision était très incertaine et qu’il était même possible d’agir pour en changer radicalement les résultats.
La nouvelle étude anglaise montre d’abord que, en réalité, la population mondiale ne dépassera pas 9,7 milliards d’humains à la fin du siècle, nombre qu’elle atteindra dès 2064, pour redescendre à 8,8 en 2100 ; soit trois milliards de moins que prévu jusque-là.
Une population qui sera aussi plus âgée que prévue, avec 2,4 milliards de personnes âgées de plus de 65 ans et 1,7 milliards de moins de 20 ans.
Les 5 pays les plus peuplés seront alors l’Inde, avec 1 milliard, la Chine avec 732 millions, les Etats Unis avec 336 millions, le Pakistan et le Nigéria. Seul, parmi ces cinq pays, le Pakistan avec 248 millions et le Nigéria avec 791 millions (contre 206 aujourd’hui) auront une population supérieure à celle d’aujourd’hui.
Ceux qui croient ou espèrent encore que la Chine sera une superpuissance tout au long du 21ème siècle devraient s’inquiéter de voir la population ce pays diminuer de moitié et vieillir avant de devenir riche, ce qui est la garantie du déclin.
Par contre, à la fin du siècle, la population de certains pays, surtout en Afrique, (et pas seulement au Nigéria) sera toujours en croissance. Par exemple, celle de l’Egypte passera de 96 à 199 millions. Alors que celle de la Turquie, qui sera passée de 80 à 101 millions, aura commencé de décroître en 2068.
Tout cela tient évidemment à la chute du nombre d’enfants par femme, qui s’accélère : Dès 2050, 151 pays auront un taux de fertilité inférieur au taux de remplacement. Au point que, d’ici à la fin du siècle, la population de 23 pays sera inférieure de plus de moitié à celle aujourd’hui, dont la Chine, le Japon, la Thaïlande, l’Italie et l’Espagne ; la Russie sera passé de 146 à 109. Pour la France, la population maximale de 70 millions sera atteinte en 2046, pour descendre à 67 en 2100. En Allemagne, elle sera maximale en 2035 avec 85 millions, pour descendre à 66, soit moins que la France.
Beaucoup de ces résultats dépendront évidemment des politiques d’immigration et des politiques sociales.
En particulier, si l’humanité toute entière se donne les moyens d’atteindre les objectifs des Nations-Unies en matière d’éducation des filles et de contraception, la population mondiale ne sera plus que de 6,9 milliards en 2100 ; soit 2 milliards de moins que dans le scénario principal et même moins aujourd’hui. Dans ce scénario, la population de tous les pays déclinera. Le Nigéria lui-même dépassera à peine 400 millions d’habitants, soit seulement le double d’aujourd’hui. La Russie, par exemple, passera de 146 à 86. L’Italie passera de 60 à 27. En France, la population descendra à 60, comme en Allemagne.
On retrouve là une constante de toutes les analyses sur le développement : c’est par la libération des femmes des contraintes patriarcales, par leur accès à la contraception, à l’éducation secondaire et supérieure, et par l’égalité entre les hommes et les femmes, en matière de droits sociaux, et par la parité réelle dans tous les lieux de travail et de pouvoir, en particulier en Afrique, que passe la réduction de l’impact écologique et même la survie de l’humanité. Une humanité moins jeune, mais mieux formée et en meilleure santé. Une humanité plus juste, ne perdant plus le formidable potentiel de la moitié de ses membres.
Le combat féministe en Afrique, est la clé des problèmes de la planète. Qui s’en préoccupe ?