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La Corée du Nord prépare « un nouvel essai nucléaire » selon son voisin du Sud Par Alexandre Lemoine

La Corée du Sud rapporte qu’il existe des signes que la Corée du Nord prépare les premiers essais nucléaires depuis cinq ans. Selon les militaires sud-coréens, Pyongyang a commencé à reconstruire un tunnel près du polygone d’essais nucléaires de Punggye-ri démantelé en 2018. Profitant de l’attention de la communauté internationale rivée sur l’Ukraine, la Corée du Nord a décidé de « réchauffer » la situation sur la péninsule coréenne, comme en témoigne le lancement d’un missile intercontinental à une distance record. 

La nouvelle que la Corée du Nord prépare un essai nucléaire a été rapportée par l’agence de presse Yonhap, numéro 1 en Corée du Sud. Se référant à des sources du gouvernement sud-coréen, elle indique que la Corée du Nord a commencé à reconstruire le passage latéral dans le troisième tunnel sous-terrain du site de Punggye-ri. Cela pourrait témoigner de la préparation d’un essai nucléaire. Entre 1974 et 1990, les renseignements sud-coréens ont découvert quatre tunnels creusés supposément pour préparer des essais nucléaires. Le troisième est le plus proche de Séoul, capitale sud-coréenne. En 2018, pendant la détente dans les relations entre Pyongyang et le monde extérieur, trois tunnels ont été détruits sous les yeux des journalistes étrangers spécialement invités. 

L’information concernant la reconstruction de Punggye-ri semble d’autant plus alarmante que le 25 mars la Corée du Nord a annoncé les essais d’un nouveau missile intercontinental Hwasong-17. Ce lancement a été démonstratif. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un y a assisté en personne. Comme la note le quotidien britannique Guardian, les spécialistes doutent que Pyongyang ait lancé un Hwasong-17. Il pourrait s’agit en réalité d’un missile moins puissant, Hwasong-15, déjà testé en novembre 2017. Néanmoins, le missile a parcouru presque 1.080 km à une altitude de 6,2 km, tombant à 150 km du territoire japonais, de la péninsule d’Oshima, sur l’île d’Hokkaido. Ce qui n’est plus très loin de la côte ouest des États-Unis. 

Ainsi, la Corée du Nord a montré que les accords conclus entre Kim Jong-un et l’ancien locataire de la Maison Blanche Donald Trump, prescrivant de s’abstenir de lancements provocateurs, n’étaient plus en vigueur. Les essais nucléaires sont très probablement inévitables, mais reste à savoir quand ils auront lieu. Les médias sud-coréens prédisent déjà la date: le 15 avril, date anniversaire de Kim Il-sung. 

La Corée du Nord est déçue par son interaction avec l’Occident. Washington n’a pas changé sa rhétorique envers Pyongyang. Sans oublier l’apparition du nouveau président sud-coréen Yoon Seok-youl. Il a été élu début mars. Yoon Seok-youl est considéré comme un plus grand partisan du renforcement des liens entre la Corée du Sud et les États-Unis que son prédécesseur Moon Jae-in. Ce qui ne convient pas aux autorités nord-coréennes. 

Ce qui prête à supposer que l’activité de Pyongyang est liée à ce qui se passe en Ukraine et autour de ce pays. Le président américain Joe Biden déclare qu’arrive l’époque d’affrontement entre les démocraties et les dictatures. La Corée du Nord pourrait le prendre personnellement et rappeler par le biais d’essais nucléaires qu’il est préférable de se rapprocher de ce pays plutôt que de renforcer la pression sur lui. D’autant que selon les experts, les espoirs que le régime de Kim Jong-un soit sapé par les sanctions internationales antérieures ne sont pas justifiés. Le confinement total dû au coronavirus a affecté l’économie du pays, mais il existe tout de même un certain niveau de stabilité en Corée du Nord.

Alexandre Lemoine

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