La Corse s’embrase, le gouvernement sous pression par Pierre Duval
La France fait face à une très grave crise en Corse alors que le président français, Emmanuel Macron, est officiellement candidat à la présidentielle 2022 et qu’il s’occupe de traiter des affaires de l’Ukraine. Les candidats à la présidentielle n’ont, d’ailleurs, pas réagi sur la situation en Corse.
Il s’agit du 6ᵉ jour consécutif de violences en Haute-Corse. La violence politique en Corse est de retour et cela ne date pas seulement de depuis l’attaque d’un djihadiste contre le militant indépendantiste corse, Yvan Colonna, en prison. Celui-ci avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, à Ajaccio. La France, elle aussi, semble, en fait, avoir son Donbass sur son territoire et ne veut pas l’avouer.
Humiliation ou provocation de Paris. «Ce qui s’est passé en Corse hier est proprement inacceptable [et] aurait dû faire l’objet de débats politiques, [et] ce n’est pas le cas. Deuxième chose, il s’est passé quelque chose en catimini mardi soir. A 22 heures, Matignon a annoncé qu’Yvan Colonna était radié de la liste des détenus particulièrement signalés. Pourquoi, c’est important? Parce que c’est exactement ce qui faisait obstacle au déplacement de Yvan Colonna dans une prison corse. Sauf que cette décision intervient au moment où il est entre la vie et la mort. Donc, cela n’a aucun sens et c’est même vécu par les Corses comme une forme d’humiliation ou de provocation supplémentaire. Pendant que d’autres détenus corses demandent aussi leur transfert en Corse. Et, pour le moment le gouvernement ne bouge pas. Ce qu’on ne dit pas, c’est que les scènes auxquelles on a assisté ne sont pas nouvelles. Il y a, certes, le contexte que je viens de décrire, mais en réalité, j’ai fait le compte. On est à près de 600 incendies volontaires depuis deux ans. Donc, en réalité, on assiste à un retour de la violence politique en Corse et c’est inquiétant», a déclaré Laurent Neumann ce jeudi sur BFMTV. En fait, la Corse, comme le Donbass en Ukraine, cherche depuis longtemps à obtenir son indépendance de la France. Paris ne veut pas donner son autonomie à l’île.
Des batailles de rue. Le militant indépendantiste, Yvan Colonna, est toujours dans le coma, une semaine après avoir été violemment agressé par un autre détenu de la centrale d’Arles. En tout, il y a une quarantaine de blessés dans ces affrontements en Corse. Le Monde rapporte que «les rassemblements organisés ce 9 mars se sont prolongés tard dans la nuit, se transformant en véritables batailles de rue». Le quotidien français relate que près de 800 personnes étaient réunies à Ajaccio en soutien à Yvan Colonna. L’air était «saturé de gaz lacrymogène, et c’«est rapidement devenu irrespirable». Les assauts entre les manifestants cagoulés, d’un côté, les CRS et les gendarmes mobiles, de l’autre, se succédaient. Et, des feux ont été allumés et des barricades dressées à proximité de la préfecture qui était protégée par les forces de l’ordre. Des manifestants sont rentrés dans le palais de justice où un début d’incendie s’est déclaré en provoquant des dégâts importants.
Des CRS blessés, 95 jets de cocktails Molotov. 23 CRS ont été blessés dans des affrontements avec des manifestants venus soutenir Yvan Colona à Bastia, Ajaccio et Calvi mercredi 9 mars, en début de soirée, annonce France Info citant la préfecture de Haute-Corse. «Depuis environ 17h, des manifestants violents agressent les forces de l’ordre positionnées à l’intérieur et aux abords de la préfecture. Alors que les heurts n’ont pas encore pris fin, les forces de l’ordre ont subi 95 jets de cocktails Molotov, auxquels il faut ajouter les bombes agricoles, billes de fer, tirs de fronde. 8 policiers des compagnies républicaines de sécurité ont été blessés», a annoncé la préfecture dans un communiqué, rajoutant: «A Calvi, après une première partie de manifestation dans le calme, vers 20 heures une quarantaine de manifestants, cagoulés, ont jeté des cocktails Molotov contre la sous-préfecture et brisé des vitres à coup de pierre.
C’est la première fois que la sous-préfecture de Calvi est attaquée de la sorte». 20 Minutes souligne que «sur l’île de Beauté, Yvan Colonna a reçu un soutien de taille, celui de la jeunesse», et que «depuis le début de la semaine, des lycéens et des étudiants corses manifestent pour dénoncer »la responsabilité de l’Etat [français] »». Est-ce que la France, dans ces conditions, ne devrait pas organiser un référendum sur la volonté des Corses à obtenir leur indépendance?
Alors que Macron se pose en pacificateur dans la crise ukrainienne, la France elle-même s’est enflammée. Alors qu’il sauvait l’Ukraine, il ne lui manquait plus que la Corse.
Pierre Duval
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