La crise n’a « pas encore atteint son paroxysme ». l’Europe doit s’attendre à une vague migratoire sans précédent.
« A force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter on finit par tout approuver » Saint Augustin
Nous avons eu le plaisir de recevoir Jean-Paul Gourévitch consultant international et spécialiste des migrations, auteur de cinq études pour contribuables associés et de plusieurs livres sur ce sujet notamment « les migrations pour les nuls » en 2014.
Sans ignorer les drames humains auxquels sont confrontés les migrants, nous nous devions d’amener notre réflexion de contribuable sur cette question pourtant cruciale, mais jamais traitée de façon transparente, connaissant la désinvolture de nos élus au service des finances publiques.
En 2015, Un rapport sur les collectivités et l’accueil des migrants rappelle que, face à cette crise migratoire sans précédent à laquelle l’Europe est confrontée depuis plusieurs mois, les communes sont aussi en première ligne. Elles doivent faire face à un grand nombre de difficultés liées à l’hébergement, à l’accompagnement, à l’intégration, au financement de l’accueil et à la coordination avec les services de l’État.
Si l’État détient la compétence en matière d’accueil des demandeurs d’asile et d’octroi du statut de réfugié, il s’appuie en effet largement sur les collectivités territoriales pour trouver des solutions sur le terrain.
Qu’on les appelle migrants, clandestins ou réfugiés, les chiffres apparaissent maintenant dans leur brutalité : 1,8 million de migrants seraient entrés de façon irrégulière en Europe en 2015 selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et L’Agence (FRONTEX) qui coordonne la surveillance des frontières européennes.
Celles-ci nous mettent également en garde : la crise n’a « pas encore atteint son paroxysme ». l’Europe doit s’attendre à une vague migratoire sans précédent.
La Commission européenne le confirme : 3 millions de migrants sont attendus d’ici à fin 2017. Au-delà de 2017, la Commission espère un reflux. Personne n’y croit. Les crises qui détruisent la Syrie, la Libye, la Somalie, le Yémen, alimentent et engraissent les passeurs de misère.
l’Allemagne qui a accueilli 1,1 million de personnes, essaie actuellement de durcir par petites touches le traitement des dossiers des nouveaux arrivants pour tenter d’en réduire l’afflux. Certains ont déjà agi : la Hongrie a fermé sa frontière, la Pologne va le faire ; la Bavière, l’Autriche, la Slovénie aimeraient franchir le pas. D’autres le font sans le dire, comme l’Espagne et ses kilomètres de barbelés à Ceuta et Melilla.
Soumise à cette pression migratoire non anticipée, l’Europe se retrouve coincée, sans stratégie de long terme, alors que cela fait plusieurs années que la situation est critique.
A cela il faut ajouter le fait que, l’Union Européenne ne s’est toujours pas remise de la crise économique qui dure depuis 2008, que les Etats membres sont surendettés, certains mêmes proches de l’insolvabilité.
François Hollande a confirmé que la France « respectera son engagement » d’accueillir 30 000 migrants en deux ans. Le Ministre des Finances Michel Sapin nous annonçait, négligemment, que leur accueil ne coûterait que « quelques millions d’euros ». Pourtant, la cour des comptes s’est alarmée dernièrement du coût de l’accueil et de l’hébergement des réfugiés et des lacunes de la réforme du projet de loi Cazeneuve sur le droit d’asile.
Les magistrats de la rue Cambon dépeignent une situation qui se détériore et chiffrent le coût global de l’asile à plus de 2 milliards d’euros par an.
Pour illustrer la situation, nous reviendrons sur quelques chiffres clés donnés, lors de sa conférence, par Jean-Paul Gourévitch :
- Le coût des migrations irrégulières en 2015 pour la France est de 1,38 milliard d’euros.
- Une gestion plus rigoureuse des flux migratoires ainsi que la mise en œuvre efficace de la loi, aurait permis à la France d’économiser 764 millions d’euros en 2015.
- La demande d’asile est en augmentation continue en France depuis 2008.
- 96 % des déboutés du droit d’asile restent en France.
Cette conférence fut l’occasion également d’aborder le coût de l’expatriation selon leurs différentes typologies : les retraités, la main-d’œuvre, les entreprises, d’ordre fiscale, avec une double approche volumétrique selon que l’on considère les données de l’INSEE (197 000 – 77 000 = 120 000 expatriés) ou l’étude de M Gourévitch (285 000 – 205 000 = 80 000 expatriés).
Quelles solutions peut-on apporter ? Aucune des questions posées par les flux migratoires et leurs conséquences n’est simple à résoudre. Aujourd’hui les mafias de passeurs et de trafiquants font leurs propres lois malgré la volonté des Etats de les combattre.