La dédiésélisation massive est en route !
ECONOMIE – Après avoir longtemps favorisé l’utilisation de véhicules au diesel, Matignon a annoncé mercredi 14 Octobre la fin de l’avantage fiscal sur le diesel.
La fin de la « diésélisation massive »
Le débat diesel contre essence durait déjà depuis plusieurs années. Le diesel, boudé par les écologistes pour la nocivité de ses émissions, a longtemps été fiscalement avantagé. D’après le Huffingtonpost, le prix moyen à la pompe au 9 Octobre 2015 était de 1,11 € / L pour le diesel contre 1,30 € / L pour l’essence Sans Plomb 95. Au bilan, 96% des véhicules utilitaires roulaient au diesel au 1er Janvier 2015. Pour la même date, le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles estimait à 62,26% la part de véhicules particuliers au diesel, contre 37,74% à l’essence, une proportion qui a été fortement conditionnée par le prix du carburant à la pompe et par les avantages de l’Etat pour l’achat d’un véhicule au gasoil. Dès 2016, une régularisation de la balance devrait pourtant se mettre en place, la « diésélisation massive » n’étant pas une si bonne chose, en particulier pour la santé. Matignon a annoncé mercredi 14 Octobre : « la taxation de l’essence sera réduite d’un centime par litre par rapport à son niveau aujourd’hui prévu et la taxation du gazole connaîtra le mouvement inverse ». Il faudra également s’attendre à la même tendance pour 2017. Le durcissement récent des normes sur le diesel et ces nouvelles mesures visent à lancer une politique de « dédiésélisation massive » du parc automobile pour parvenir à un alignement fiscal des carburants. L’annonce, qui survient peu de temps après le scandale des moteurs truqués de Volkswagen, semble jeter un léger froid chez les constructeurs automobiles. Toutefois, les dispositions pour atteindre un équilibre gazole / essence devraient être prises progressivement afin de laisser aux constructeurs le temps de réagir. Le Gouvernement a également indiqué vouloir « renforcer la prime à la conversion » instaurée le 1er Avril 2015 afin d’inciter les conducteurs de véhicules au diesel de plus de 10 ans (au lieu de 15) à les remplacer par des véhicules neufs. Son montant sera également doublé, passant de 500 à 1000 €.
Que paye-t-on à la pompe ?
Le prix du carburant subit de nombreuses variations sur l’année, des changements qui ne sont pas toujours compréhensibles du point de vue du consommateur. Finalement, que paye-t-on lorsque l’on fait son plein ? Certainement pas uniquement le prix du pétrole brut… En effet, il ne représente même pas la moitié du prix au litre affiché. De nombreux automobilistes s’étonnent du prix actuel du baril de pétrole (inférieur à 50 dollars), qui n’a jamais été aussi bas depuis 5 ans, alors que les prix payés à la pompe, eux, n’ont pas diminué. Dans un litre de carburant acheté, près de 3% du prix pour l’essence et 6,5% du prix pour le diesel correspondent au coût du raffinage. Viennent ensuite les coûts liés au transport et à la distribution (environ 6,5% du prix pour le diesel) qui peuvent varier suivant les distributeurs, indépendamment du prix du baril et suivant les opérations menées (opérations prix coûtant par exemple). Pourtant, malgré les apparences, ces montants ne sont pas la cause principale du prix élevé des carburants à la pompe. Il faut savoir que le diesel doit s’acquitter de deux taxes : la TVA et la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques). La première s’élève à 20% et s’applique sur la somme du prix brut, des coûts de raffinage, et des coûts de transport et de distribution. La TICPE, qui est également assujettie à une TVA de 20%, s’élève quant à elle à 46,82 centimes d’euro par litre pour le diesel et à 62,41 centimes d’euro pour l’essence (pour l’année 2015). C’est elle qui se verra augmentée d’un centime par litre pour le gasoil en 2016 et 2017, et diminuée d’autant pour l’essence.
A termes, l’écart entre le diesel et l’essence devrait finalement s’effacer. Ces nouvelles mesures conduiront d’ici là à un bouleversement de la tendance actuelle des ventes de véhicules (pour le moment orientées davantage vers le diesel).
A.G