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La démocratie n’est-elle pas l’arbre qui cache la forêt de la liberté ?



La démocratie remonte à la Grèce antique, où elle se pratiquait pour et par une « élite ». Elle a beaucoup évolué depuis pour devenir un genre politique vu comme « idéal » dans la plupart des pays actuels, avec la réputation d’être la « moins mauvaise » des organisations sociales pour « régler » les questions de la justice et de l’égalité face au droit. Pourtant, la démocratie moderne n’est pas dépourvue de dysfonctionnements sociaux et économiques, car les problèmes particuliers se voient gérés dans un cadre général, bien plus coûteux et dans lequel l’égalité est confondue avec légalité.
Churchill a osé dire : « La démocratie est le pire système de gouvernement, à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire ». Comment se fait-il alors que nous soyons encore en démocratie ? Pourquoi n’avons-nous pas analysé cette remarque, qui laisse le futur ouvert, afin de dépasser cette démocratie si problématique ? Probablement parce que beaucoup pensent simplement que la démocratie est un synonyme de liberté, et là est bien leur erreur.
On peut voir les libertariens à la fois comme profondément démocrates et anti-démocrates. Ce paradoxe apparent exprime souvent une confusion quant à la nature de la démocratie face aux exigences de la liberté. Il est évident que les libertariens souhaitent un peuple qui tienne les rennes de sa propre destinée. Est-ce pour autant que les libertariens sont pour l’une ou l’autre des multiples formes de démocratie représentative ? La réponse est cette fois clairement négative, car cette démocratie-là suppose un pouvoir politique parfaitement incompatible avec la liberté.
La démocratie moderne porte en elle deux défauts majeurs face à la liberté. Le principal tient au mécanisme du vote, binaire et sans nuance, qui force d’abord l’individu à choisir entre un nombre limité d’options ou de personnes qu’il n’a en général pas proposées, puis le force à accepter le choix fait par une majorité à laquelle il n’appartient pas forcément, même quand ce choix est radicalement à l’opposé de ce qu’il considère son intérêt propre ou au détriment de sa propriété légitime. On dit que la démocratie constitue ainsi une forme de tyrannie de la majorité envers les minorités.
Le second défaut est plus spécifique des démocraties représentatives. L’idée de voter pour un député ou autre « représentant » ne paraît pas forcément choquante, la vraie vie est pleine de ces situations où l’on délègue un « pouvoir » à un tiers qui a notre confiance. Sauf que le « député », outre d’être choisi par la majorité et non par l’individu, n’a aucun contrat avec le citoyen votant qui l’engagerait à respecter l’intérêt de ses électeurs. Le quotidien de la vie politique regorge d’exemples de « représentants » de tous bords qui, une fois élus, agissent plus dans leur intérêt particulier au lieu de « représenter » ces électeurs naïfs qui ont cru pouvoir faire confiance à un politicien.
La démocratie directe, on pense à la Suisse, est souvent moins contestée par les libéraux. Pourtant, elle demeure un vote, forme de contrainte envers la minorité. Il reste néanmoins une forme de démocratie libérale qu’on oublie souvent : celle qui prend corps à chaque instant sur le marché libre, où le choix de chacun s’exprime pour « voter » pour tel ou tel produit ou service, et ceci sans jamais ni subir ni imposer le « vote » d’autrui pour un produit concurrent. Ce vote est libéral parce qu’il sort du champ du pouvoir et de la politique. La démocratie du win-win est la seule vraie démocratie.
Ainsi, la démocratie n’a rien du mécanisme indispensable au maintien de la liberté que beaucoup mettent en avant. Pour preuve, il y a de par le monde de nombreuses démocraties authentiques qui n’offrent aucune liberté – Cuba et la Corée du Nord viennent à l’esprit. On contestera le caractère « authentique », sans doute. Pour vite se rendre compte que dans bien des pays, la démocratie a été dévoyée de son objectif pour la limiter à ce mécanisme de vote – prétexte – avec laquelle elle se confond. La liberté ne passe donc pas par la démocratie, mais par la réduction du pouvoir politique.
Certes, la démocratie est un concept issu des Lumières, il n’y aurait dès lors pas d’alternative et sa légitimité serait pour toujours établie. Dire si les auteurs des Lumières surent faire la distinction entre fonction décisionnelle et mécanisme de prise de décision (le vote) dépasse le cadre de ce texte. A l’époque, il n’est pas sûr que la pensée économique ait laissé imaginer que le marché libre puisse se substituer systématiquement au vote et au pouvoir, comme le propose les libertariens. Toujours est-il que désormais, la compréhension du droit et du marché libre permet de dire qu’il existe une alternative au vote qui permet une réelle « démocratie opérationnelle », où toutes les décisions, en particulier les fonctions régaliennes, sont confiées au libre marché, où chaque libre transaction exprime un « vote » personnel qui assure la sécurité et le choix de chacun sans jamais nuire à autrui.
Citations
« Tant mieux si la démocratie est en crise. La démocratie est un système immoral. La préoccupation principale des libertariens doit être de réduire le rôle de l’État et d’éliminer les raisons de prendre des décisions collectives, non d’aider la clique de parasites étatiques à consolider son pouvoir sous prétexte de mieux refléter la volonté collective. » — Martin Masse, in « La Démocratie contre la Liberté »
« Ce qui importe n’est pas la nature du gouvernement, mais les limites de son pouvoir. Un empereur de droit divin, qui respecte la sécurité des personnes et des biens et leurs initiatives, assure mieux la paix et la justice qu’une majorité élue, raciste et rapace. » — Christian Michel, in « Pourquoi je ne suis pas démocrate »
« La plus triste des vies est celle d’un aspirant politique en démocratie. Son échec est ignominieux et son succès est honteux. » — Henry Louis Mencken
Pour aller plus loin, le livre de Frank Karsten « Dépasser la démocratie » passe en revue une série de treize mythes dont la démocratie souffre. Il montre, point par point, combien démocratie et Liberté sont incompatibles et conteste cette relation évidente qu’on nous sert régulièrement en pré-pensé. Voir http://francais.beyonddemocracy.net/

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