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LA DYNAMIQUE DEMOCRATIQUE EST-ELLE LIEE A LA LIBERALISATION ECONOMIQUE

En premier lieu, il convient de définir ce que l’on entend par « libéralisation économique ». Cette dernière peut être considérée comme l’ouverture au commerce international d’un pays par la suppression des entraves aux échanges, mais elle peut aussi être définie comme la libéralisation interne de l’économie d’un pays. C’est-à-dire le processus par lequel sont octroyées les libertés économiques à tout citoyen, telles que la liberté d’entreprise par exemple.

Si l’on en suit la théorie libérale, la libéralisation économique comme ouverture au commerce international est positive dans la mesure où elle permet la croissance économique et le progrès social, par l’échange et la spécialisation de la production. Cette même théorie place l’innovation et la hausse de la productivité engendrées par la spécialisation, comme prémisses de l’accroissement du niveau de vie. Certains auteurs étudiant la démocratisation établissent une relation selon laquelle la démocratie est « tributaire » d’une certaine « égalité socio-économique »[1]. Guillermo O’Donnell relate cette thèse, donnant l’économique comme garant de la démocratie dans la mesure où « la misère » constitue une menace directe à la démocratie. Selon lui, les inégalités, comme la pauvreté, sont les causes de la courte durée de bien des « polyarchies »[2]. C’est dans cette mesure que l’instauration d’un certain seuil de bien-être économique (revenu per capita), selon Lipset, combiné à l’État Providence – vu par Marx comme la soupape du système capitaliste –, selon Habermas[3], devient nécessaire pour effectuer une transition démocratique, ainsi que pour l’étape de la consolidation.

La seconde définition s’ancre quant à elle, dans une logique plus théorique. Si l’on entend par démocratie, en plus de l’approche procédurale, la garante d’un optimal de libertés dont font partie les libertés économiques, dans un État de droit (approche des droits sociaux[4]), alors la libéralisation économique semble indispensable à tout État se prétendant démocratique. De plus, et comme synthèse des deux visions précédentes, O’Donnell relève que le manque d’uniformité dans l’application de la loi en Amérique latine marche de pair avec les inégalités économiques. Les mieux nantis peuvent déroger à la loi, tandis que les plus pauvres luttent au quotidien pour des démarches administratives basiques (hôpitaux, polices, système juridique, etc.)[5]. Si l’on croit donc que la libéralisation économique est capable de « démocratiser » le bien-être économique dans une société, alors celle-ci est une condition sine qua non de la démocratie. Cependant, le développement économique induit de la libéralisation n’amène pas à une démocratie parfaite, et n’amène parfois même pas à la démocratie la plus basique qu’elle soit, comme dans le cas de la Chine. C’est la relation qu’établit Françoise Lazare dans son article « Les  » BRIC  » et la démocratie ». C’est cette opinion que défend aussi Guy Hermet en donnant pour exemple le cas de l’Inde. Selon ce dernier, la prospérité économique n’est qu’accessoire et « nullement obligatoire [6]» à la consolidation de la démocratie[7]. Le cas du Chili de Pinochet – du fait que ce dernier mît de côté les libertés politiques essentielles, établît une dictature militaire pour mettre en place une libéralisation économique extrême – peut aussi nous montrer que la libéralisation de l’économie n’engendre pas toujours la démocratie. C’est d’ailleurs cette « asymétrie [8]» que traite Lazare.

Finalement, les détracteurs de l’approche libérale, et notamment les marxistes, voient en cette libéralisation la cause même de l’accroissement des inégalités entre pays dits du Nord et ceux du Sud. Mais, l’intervention financière menée par certaines organisations internationales pour parfaire la libéralisation des pays affaiblis par la mondialisation engendre aussi, dans une moindre mesure, la démocratisation de plusieurs pays puisque la démocratisation est souvent conditionnelle à cette aide.

Vue d’un bon comme d’un mauvais œil, perçue comme un facteur de richesse ou comme une liberté essentielle à la démocratie; la libéralisation économique semble avoir, exceptions mises à part, une influence sur le degré de démocratisation des pays.

LOIC  GONSOLIN

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