La France n’est ni libérale ni conservatrice. Elle est libertaire pour les valeurs et socialiste pour l’économie avec ses 57 % de dépense publique
L’un des mots interdits en France par la novlangue de l’idéologie dominante est « conservateur ». Comme le nuage de Tchernobyl, le mot s’est arrêté à la frontière. Il y en a partout sauf chez nous. Chez nous, il faut à tout prix avancer. On fonce dans le mur, mais on avance. Le réactionnaire qui ferait marche arrière ou le conservateur qui voudrait stopper la descente sont évidemment d’extrême droite, autant dire d’abominables fascistes plus ou moins camouflés, qu’il s’agit d’empêcher d’exister politiquement. On ne les tolère que s’ils font amende honorable, dénoncent les hérétiques, renoncent à leurs dérives et rentrent dans un front pour défendre une République laïque et obligatoire, née en 1789, baptisée en 1793, communiante en 1830 et 1848, confirmée par la séparation avec l’Église et mariée avec le socialisme en 1936. Tout ça, ça fait d’excellents Français qui viennent de partout sauf d’un royaume catholique interdit de mémoire. Leur laïcité n’exclut pas le sens du péché, celui que les heures sombres de leur histoire font peser sur leurs consciences. En battant leur coulpe, ils se doivent donc d’accueillir toute la misère du monde et ne peuvent avoir l’indécence d’imposer des règles de conduite qui nient la diversité et la liberté de ceux qui, pleins de mansuétude, viennent vivre chez eux. Les droits de l’homme sont une obligation pour les Français et des droits pour les autres. L’avenir des Français est ailleurs, dans une Europe aux contours incertains, délivrée des valeurs chrétiennes, constituée d’individus ouverts à la pensée universelle et obéissant à des technocrates géniaux.
Mais, dans le monde, il y a beaucoup de conservateurs. Au Royaume-Uni, ils sont même plus souvent au pouvoir que leurs concurrents et ont modelé l’identité nationale tout autant que la gauche en France. La comparaison ne nous est d’ailleurs guère favorable. Le hasard veut qu’ils viennent de perdre les élections au Canada et de les gagner en Pologne. Le Canada revient au vieux duel, assez répandu dans le monde avant l’arrivée des socialistes, entre les conservateurs et les libéraux. Un chouïa de ralentissement économique et, à 10 ans de réussite conservatrice, succède l’arrivée des libéraux, plus que jamais attachés aux « accommodements raisonnables » qui soulignent le respect des Canadiens pour les mœurs étrangères. C’est ainsi qu’ils sont favorables au port du niqab lors de la prestation de serment des nouveaux Canadiens. Citoyens d’un immense pays d’immigration, protégés par les océans, ignorant la ségrégation et la violence du voisin américain, les Canadiens ont été séduits par un jeune démagogue, fils de son père, qui va augmenter la dépense publique et les impôts pour les riches et réduire les dépenses militaires en cessant notamment la participation de son pays à la lutte contre l’État islamique : un libéral avec un zeste de social-démocrate.
En revanche, les conservateurs polonais du PiS remplacent les libéraux de PO. En Pologne, l’opposition est franche. Les conservateurs menés par Beata Szydło et Jarosław Kaczyński sont les gardiens vigilants de l’identité nationale. Fervents catholiques, ils s’opposeront aux modes qui règnent dans l’oligarchie bruxelloise à propos de sexualité ou du respect de la vie, et favoriseront la politique familiale. Patriotes, ils mettront de la distance entre leur pays et ses deux envahissants voisins allemand et russe. Ils ne suivront pas les premiers pour l’accueil des migrants et montreront de la défiance envers les seconds, sans doute en accentuant l’atlantisme polonais. Sur le plan économique, leurs promesses quelque peu démagogiques sur l’avancée du départ à la retraite, notamment pour les femmes, ou sur l’augmentation de la dépense publique ne sont pas libérales. La baisse de la fiscalité pour les ménages modestes et la taxation de la grande distribution ne le sont pas davantage.
La France n’est ni libérale ni conservatrice. Elle est libertaire pour les valeurs et socialiste pour l’économie avec ses 57 % de dépense publique. Elle a besoin d’un libéralisme souverainiste pour échapper à son déclin. En un mot, notre pays doit réintégrer « conservateur » dans son dictionnaire politique.
Mais, dans le monde, il y a beaucoup de conservateurs. Au Royaume-Uni, ils sont même plus souvent au pouvoir que leurs concurrents et ont modelé l’identité nationale tout autant que la gauche en France. La comparaison ne nous est d’ailleurs guère favorable. Le hasard veut qu’ils viennent de perdre les élections au Canada et de les gagner en Pologne. Le Canada revient au vieux duel, assez répandu dans le monde avant l’arrivée des socialistes, entre les conservateurs et les libéraux. Un chouïa de ralentissement économique et, à 10 ans de réussite conservatrice, succède l’arrivée des libéraux, plus que jamais attachés aux « accommodements raisonnables » qui soulignent le respect des Canadiens pour les mœurs étrangères. C’est ainsi qu’ils sont favorables au port du niqab lors de la prestation de serment des nouveaux Canadiens. Citoyens d’un immense pays d’immigration, protégés par les océans, ignorant la ségrégation et la violence du voisin américain, les Canadiens ont été séduits par un jeune démagogue, fils de son père, qui va augmenter la dépense publique et les impôts pour les riches et réduire les dépenses militaires en cessant notamment la participation de son pays à la lutte contre l’État islamique : un libéral avec un zeste de social-démocrate.
En revanche, les conservateurs polonais du PiS remplacent les libéraux de PO. En Pologne, l’opposition est franche. Les conservateurs menés par Beata Szydło et Jarosław Kaczyński sont les gardiens vigilants de l’identité nationale. Fervents catholiques, ils s’opposeront aux modes qui règnent dans l’oligarchie bruxelloise à propos de sexualité ou du respect de la vie, et favoriseront la politique familiale. Patriotes, ils mettront de la distance entre leur pays et ses deux envahissants voisins allemand et russe. Ils ne suivront pas les premiers pour l’accueil des migrants et montreront de la défiance envers les seconds, sans doute en accentuant l’atlantisme polonais. Sur le plan économique, leurs promesses quelque peu démagogiques sur l’avancée du départ à la retraite, notamment pour les femmes, ou sur l’augmentation de la dépense publique ne sont pas libérales. La baisse de la fiscalité pour les ménages modestes et la taxation de la grande distribution ne le sont pas davantage.
La France n’est ni libérale ni conservatrice. Elle est libertaire pour les valeurs et socialiste pour l’économie avec ses 57 % de dépense publique. Elle a besoin d’un libéralisme souverainiste pour échapper à son déclin. En un mot, notre pays doit réintégrer « conservateur » dans son dictionnaire politique.