La technocratie européenne frappe encore : le cas Alstom -Bombardier
Reichshoffen
Après avoir refusé l’absorption d’Alstom-Transports par Siemens , la Commission Européenne met encore des bâtons dans les roues dans la fusion programmée dAlstom-Transports et de Bombardier-Transports . Elle exigerait la cession de deux usines , l’une située à Reichshoffen dans le Bas-Rhin, l’autre à Hennigsdorf près de Berlin pour que soit ainsi préservée une concurrence en Europe pour les trains régionaux .
Le débat sur l’industrie ferroviaire ne date pas d’hier , le caractère cyclique de l’activité et la nécessité d’avoir les reins solides pour participer aux appels d’offres coûteux et longs a toujours handicapé ce secteur d’activités, ce qui a conduit les constructeurs français à disparaître un à un au profit d’Alstom qui a , lui aussi , été en danger récemment. Comme dans beaucoup d’industries , le manque de fonds propres et d’investisseurs nationaux fragilise un secteur aux investissements très lourds et Alstom-Transports , après s’être tourné vers Siemens , s’est retourné vers le troisième constructeur, le Canadien Bombardier qui avait repris, en particulier, la filiale ferroviaire de Daimler, Adtranz. C’est un jeu à trois qui doit se terminer à deux , tout le monde en est conscient, il n’y a pas de place en Europe pour trois constructeurs , peut-être n’en restera-t-il plus qu’un dans quelques années. Ce sont les Chinois de CRRC , premier constructeur mondial avec un chiffre d’affaires de 26 milliards qui mènent le jeu et obligent tous les autres à s’entendre ou à fusionner, y compris le Japonais Hitachi . C’est d’ailleurs CRRC qui a racheté Vossloh, un allemand qui respirait encore un peu.
Mais la Commission Européenne est chargée de veiller à la concurrence interne à l’Europe, il est clair que dans le domaine ferroviaire les choix vont être réduits, et il faudra bien qu’Alstom-Transports et Siemens-Transports évitent de faire venir le loup chinois dans la bergerie en mutualisant un certain nombre de fonctions ! Les technocrates n’ont pas encore compris que la concurrence intérieure n’existera plus dans certains secteurs, l’aviation en est un exemple frappant, le ferroviaire en est un autre ! Mais Alstom et Bombardier sont néanmoins obligés de négocier la cession de deux sites pour avoir le droit de fusionner .
En France c’est le site de Reichshoffen qui est en cause, son pan de charge est assuré jusqu’à 2024 avec les trains Regiolis et Coradia Polyvalent, ainsi que les nouvelles rames du RER B . Ce site c’est toute l’histoire du ferroviaire de De Dietrich, cette merveilleuse entreprise qui , comme le groupe Schneider a fini , pour son ferroviaire , à se fondre dans Alstom . Le Château De Dietrich est toujours là , la mémoire de l’entreprise aussi , et on se demande qui pourrait reprendre cette activité si ce ne sont les japonais ou les chinois . Certes l’actif est satisfaisant, mais l’on sait que les investissements à venir, les activités de recherche à poursuivre, ne peuvent se satisfaire d’un site de 800 personnes, il faut un grand groupe pour assurer l’avenir du site au-delà de 2024 ! La position des technocrates vis-à-vis de la France est donc une fois de plus absurde, la concurrence intérieure a bon dos pour faire disparaitre un des fleurons de l’industrie nationale. C’est une erreur, une bêtise, une ânerie, et c’est encore l’Alsace qui est frappée après la catastrophe de la fermeture de la Centrale nucléaire de Fessenheim .
L’Alsace a été le berceau d’une grande partie de l’industrie française , elle est , pour des raisons de fonds propres, de plus en plus colonisée par des capitaux étrangers, mais elle résiste encore . Les français l’ont affaibli avec Fessenheim, c’est au tour des « européens » de le faire aujourd’hui avec Reichshoffen , jusqu’où ira-t-on pour mettre en péril cette si belle région française .
Arrêtons le massacre, constatons que dans le secteur ferroviaire la concurrence ne vient que des autres continents et gardons Reichshoffen et sa mémoire dans notre périmètre industriel.
Anonyme
4.5