L’affaire Sarah Halimi : quand notre confiance envers la justice vacille
Ce 19 décembre, les enfants de Sarah Halimi ne l’oublieront pas : le meurtrier de leur mère a été considéré par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, comme pénalement irresponsable. Kobili Traoré, qui a massacré et défenestrée Sarah Halimi de son appartement du XIè arrondissement le 4 avril 2017, ne sera donc jamais jugé. Pire : il sera sans doute remis prochainement en liberté au vu de “son absence actuelle de trouble”, comme l’a souligné à l’audience le Dr Zagury. Kobili Traoré n’était vraisemblablement pris d’une bouffée délirante qu’au moment des faits, après avoir fumé une quinzaine de joints ? C’est à espérer pour ses futurs voisins.
Que retenir de cette décision pour le moins surprenante ?
Premièrement, l’affaire “Sarah Halimi” a levé le voile sur un tabou français : le nouvel antisémitisme généré et propagé par l’islam radical dans le pays des droits de l’homme. En effet, bien que Kobili Traoré ait plusieurs fois répété, lors de la tuerie de Sarah Halimi, “Allah Akbar”, entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, le caractère antisémite de ce meurtre a été difficilement prononcé par la justice française. Le jeune musulman avait même hurlé ce soir-là “j’ai tué le sheitan (le diable)” après avoir défenestré sa victime. Ce n’est qu’en février 2018, soit quasiment un an après les faits, que cette circonstance aggravante ait été retenue.
50.000 poussés à déménager
A la suite de cette affaire, le 22 avril 2018, 250 personnalités du monde intellectuel, politique ou religieux ont signé un Manifeste contre le nouvel antisémitisme, écrit par Philippe Val, journaliste français. Les signataires y dénoncent une “épuration ethnique à bas bruit”. Selon eux, 50.000 juifs ont été poussés « à déménager parce qu’ils n’étaient plus en sécurité dans certaines cités et parce que leurs enfants ne pouvaient plus fréquenter l’école de la République ». Manifeste qui conduira ensuite à la publication de l’ouvrage “Le Nouvel antisémitisme français” qui rassemble des textes alertant sur la menace posée sur la communauté juive française.
Les auteurs estiment que la “gêne à nommer l’antisémitisme islamique favorise des passages à l’acte” comme les assassinats d’Ilan Halimi en janvier 2006, torturé par le tristement célèbre gang des barbares, de Mireille Knoll en mars 2018, mais aussi d’une douzaine de juifs.
Autre onde de choc : la déresponsabilisation des auteurs de crime au motif qu’ils étaient “sous l’emprise de stupéfiants”. “On vient de créer une jurisprudence Sarah Halimi : toute personne atteinte d’une bouffée délirante, car elle aura pris des substances illicites, se verra exonérée de responsabilité pénale. C’est hallucinant”, prévient Me Francis Szpiner, avocat des enfants de la défunte à la sortie de l’audience.
Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France dans un communiqué s’interroge lui aussi : « Le crime antisémite serait-il le seul délit excusé par la justice du fait de prise massive de stupéfiants, alors que dans tous les autres cas, c’est une cause aggravante ? »
Alors que la prise de drogues alourdit les peines des automobilistes qui commettent un excès de vitesse, leur influence conduit à une conclusion inverse lorsqu’il s’agit d’un meurtre. Etonnant.
Les traces laissées par l’affaire Halimi
Des centaines de personnes ont même manifesté dans une vingtaine de villes françaises le 5 décembre. Dommage pour elles, les rassemblements contre la réforme des retraites ont éclipsé leurs revendications et leur soif de procès. Pourtant, l’affaire Sarah Halimi pourrait bien laisser des traces dans notre vision de la protection du citoyen en France. Ne pas juger Kobili Traoré, ce n’est pas que remettre en liberté une personne potentiellement dangereuse. C’est surtout être en incapacité de punir ceux qui doivent l’être. C’est également ne pas reconnaître les victimes. La France se démarque d’ailleurs globalement des autres démocraties pour sa mauvaise protection des victimes. Sarah, mais aussi les autres affaires de ce type, ouvrent malheureusement une brèche car lorsque la justice ne rend pas justice, c’est tout une société qui vacille…
Leslie Beau
Anonyme
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Anonyme
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