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« LAISSER LES MAGASINS OUVRIR LE DIMANCHE » VINCENT BERNARD

 

 

Dans cet excellent texte Vincent Bénard dissèque l’ensemble des avantages contre-intuitifs qu’apporte une concurrence libre.

La question du travail dominical rebondit avec la décision de la cour d’appel de Versailles d’interdire à la chaîne Bricorama d’ouvrir le dimanche autour de Paris. 

Passons sur le caractère injustement discriminatoire de la loi ici invoquée par le tribunal: les concurrents de Bricorama, la plupart détenus par de grands groupes de distribution, peuvent rester ouverts parce qu’ils sont implantés dans des “PUCE”, “Périmètres d’Usages de Consommation Exceptionnelle” (Seule la bureaucratie française pouvait créer un tel chef d’oeuvre d’ “art administratif”), alors que l’indépendant Bricorama a choisi de répartir des magasins plus petits selon un maillage plus fin, mais hors zones privilégiées par l’administration. 

Pour sortir de cette situation injuste, certains commentateurs estiment que la loi “devrait rajouter le bricolage” parmi les exceptions à l’obligation de fermeture dominicale des commerces, au même titre que le jardinage. Mais cette façon de procéder ne fait que… bricoler des lois mal faites en leur ajoutant des exceptions bancales. Allons au delà du cas Bricorama: ce sont tous les magasins qui devraient être autorisés à ouvrir le dimanche, selon les souhaits de leurs propriétaires. Ce n’est pas à  l’état de décider qui a le droit ou pas le droit d’ouvrir selon des critères abscons et pour le moins peu transparents. Analysons plus en détail les implications de l’ouverture dominicale des commerces.

Les bénéfices de l’ouverture dominicale
Les bénéfices économiques de l’ouverture généralisée des commerces le dimanche seraient indiscutables, quand bien même cela n’est pas intuitif de prime abord. Les sceptiques affirment que l’extension des plages d’ouverture ne créera pas de demande supplémentaire, et que le chiffre d’affaire des magasins, réparti sur plus de jours, fragilisera les petits commerces, incapables de rémunérer plus de force de vente pour un volume d’affaires identique.

C’est oublier que la valeur ajoutée des commerces réside autant dans les produits qu’ils vendent que dans leur capacité à les mettre à la disposition des acheteurs. Autrement dit, la mise à disposition elle-même crée une valeur à la quelle les consommateurs sont sensibles. Sans quoi, pourquoi ne pas ouvrir les magasins seulement sur trois ou quatre jours, puisque le chiffre d’affaires serait soi disant insensible à la durée d’ouverture des magasins ?

Le surcroît de valeur créée par l’ouverture dominicale présente l’intérêt de ne pas requérir d’investissement complémentaire en surfaces de ventes : de même qu’une usine tournant en trois-huit rentabilise mieux ses équipements qu’une autre qui ne fonctionne que huit heures par jour, rentabiliser une installation commerciale sur 7 jours au lieu de 6 permet de réduire certains coûts fixes liés à l’acte de vente. Il en résulte que les commerçants concernés, sous réserve que leur offre trouve preneur, peuvent distribuer plus de revenus soit à leurs salariés existants sous forme d’heures supplémentaires, soit à de nouveaux salariés intéressés par le travail en week-end, tels que les étudiants, par exemple, qui voient là autant d’opportunités d’améliorer leur pouvoir d’achat, lequel ira à son tour irriguer l’économie.

Des acheteurs en meilleure position vis à vis des vendeurs

Si gagner 16% de temps d’ouverture passera pour un gain “faible” du point de vue des vendeurs, l’ouverture dominicale constitue en revanche un gain bien plus important pour les acheteurs. Du point de vue d’une personne travaillant du lundi au vendredi, et disposant donc d’un temps théorique de 2h par jour de semaine, et de 12 heures le samedi, pour effectuer ses achats, soit 22 au total, le fait d’ajouter une plage d’ouverture de 12 heures le dimanche augmente son temps « de chalandise » de plus de 50 % (34 heures au lieu de 22). Pour nombre de ménages, voilà qui crée une sérieuse opportunité pour pouvoir optimiser les achats en fonction des goûts et du budget. Si le terme n’avait été réduit à sa connotation financière, on pourrait parler « d’augmentation du pouvoir d’achat », au sens de “pouvoir mieux acheter”. 

Comme dans tout processus de réallocation de ressources, les ménages profitant de l’aubaine achèteront mieux, détournant une part de leur budget de consommation vers des producteurs plus efficaces, et les ressources qu’ils économiseront de ce fait pourront leur permettre d’envisager des achats ou de l’épargne qu’ils n’auraient pu espérer sinon. L’ouverture dominicale, du point des vue des consommateurs que nous sommes tous, est indiscutablement un choix gagnant. 

Retrouvez la suite de l’article sur http://blog.turgot.org/

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