Le coronavirus : malédiction ou aubaine pour les municipales 2020?
C’est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre ces dernières heures : les élections municipales peuvent-elles être impactées par le coronavirus et être reportées ? Comme le souligne la plupart des journalistes politiques, il est peu probable en l’état actuel de la propagation du Covid-19 que ces élections soient repoussées pour cause d’épidémie. En effet, le confinement de quelques électeurs ne pourrait conduire à un décalage dans le temps de ces élections. Ces derniers auraient pourtant le droit de contester leur tenue mais le juge mettra en balance le droit de suffrage d’une personne et l’annulation de tout un scrutin. Le collectif gagne.
Même un candidat décédé ne remet pas en cause ce scrutin local : le système des municipales permet aux colistiers de remplacer leur tête de liste si ce dernier disparaît.
En ligne de mire de cette hésitation : les conséquences financières du report. « Le scrutin des municipales est un dispositif très lourd et très cher à organiser, et le repousser aurait de multiples conséquences, par exemple sur l’équilibre des comptes de campagne. Le gouvernement fera donc tout pour le maintenir », expliquait Bruno Daugeron auprès de france info, professeur de droit public à l’université Paris-Descartes.
Néanmoins si le virus atteint les proportions italiennes (11 villes sont désormais isolées), le scénario pourrait sérieusement se poser. Et ce serait une grande première dans l’histoire de ces élections. En effet, ce scrutin de proximité n’a jamais été repoussé pour causes sanitaires. Les cas de “report” étaient davantage “techniques” : les municipales de mars 2008 avaient ainsi été organisées l’année suivante en raison de la multiplication des scrutins majeurs prévus cette année-là – présidentielle et législatives. De plus, le calendrier avait été bousculé longtemps à l’avance et non à à peine deux semaines du premier tour, comme cela pourrait en être le cas aujourd’hui.
Malédiction ou aubaine pour les municipales 2020
Il faut remonter à 1945 pour trouver les traces d’un report “express”. Les élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 sont les premières élections depuis la libération de la France. Elles n’ont toutefois pas eu lieu dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et du territoire de Belfort, des combats trop récents ayant empêché la constitution des listes électorales.
Dans le monde, les cas d’élections différées ont été constatées. En cause ? Des soucis de politique interne comme en Algérie où les élections de juillet 2019 avaient été reportées faute de candidat.
D’autres exemples pullulent dans les pays en proie à des confrontations violentes lors d’élections présidentielles et locales. Mais de cause pandémique, point de trace. Même le virus Ebola n’a pas eu raison des élections dans les pays où sa propagation est la plus lourde.
Le report des élections municipales est pourtant possible en France par l’adoption d’une loi ordinaire par la majorité parlementaire, ou directement par un décret du Premier Ministre. Néanmoins cette décision n’a jamais été prise pour ce type de raisons “externes” à la vie politique. Même la menace des attentats en 2017 n’avait pas ébranlé la tenue des élections présidentielles dans notre pays.
Pourtant, ici où là les rumeurs se répandent. Des élus d’opposition dans de petites communes réclament le principe de précaution.
Psychose qui gagne du terrain ? Nécessité sanitaire ou tentative de manipulation des scrutins ? En effet la grande conséquence du vent de panique provoqué par le coronavirus serait d’augmenter le taux d’abstention des électeurs. Abstention qui a tendance à favoriser les petits partis, voire les candidats sans étiquette politique. Cette conséquence pourrait donc bien arranger les candidats du jeune mouvement En Marche…
J.Leclerc
Anonyme
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