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« Le corps déchiré » de Fabienne Bogadi

 

C’est une banalité de dire que les années d’enfance sont décisives dans ce que les êtres humains deviennent plus tard. Il est non moins banal de dire qu’ils sont au moins duals – si dualité il y a, elle se révèle dès que les circonstances s’y prêtent – et qu’ils ont leurs parts d’ombre et de lumière.

Le roman de Fabienne Bogadi, Le corps déchiré, serait banal s’il se contentait de confirmer seulement la vérité ordinaire de ces deux banalités existentielles. Il est original parce que son héroïne, Rose, dont la vie pourrait en être l’illustration, n’a tout de même pas un destin comme tout le monde et parce que l’auteur a sa musique propre et ses propres images pour la raconter.

Rose donc est petite fille quand son père, qu’elle surnomme le Chat – elle donne volontiers des surnoms d’animaux ou des surnoms génériques, qui les caractérisent, aux personnes qu’elle croise ou qui vivent avec elle – l’abandonne sans mot dire, la laissant à sa mère, la Poupée.

Son père, c’est le Chat, parce qu’il est « insaisissable et solitaire« . Sa mère, la Poupée, parce qu’elle passe infiniment de temps à se pomponner et qu’elle est « jolie. Et insensible. Et dure« . La Poupée ne s’occupe guère de Rose sinon pour la rabrouer, l’abaisser, l’humilier, la rouer de coups. Elle est beaucoup plus intéressée par les messieurs, et notamment par le Renard.

Heureusement qu’il y a dans la vie de Rose sa professeure de dessin, la Fée, qui a « une voix de miel« , « des cheveux de soie légère« , « un regard d’eau« .C’est la Fée qui détecte son talent et qui lui offre un livre d’images, le Livre des merveilles, qui ressemble à un conte pour adultes. Malheureusement la Fée perd son emploi, en retrouve u

Les choses basculent pour Rose quand, un jour que la Poupée veut qu’elle la laisse seule, avec son chéri, le Renard, elle fait la rencontre fatale du Masque, Solann, un beau garçon, aux yeux de Chien, « en fentes veloutées« .

Sans ménagement et sans tendresse Solann la déflore et surgit, dès lors, de manière imprévisible, pour faire vite son affaire, repartant sans un mot, comme il est venu. Mais il est si beau… Et, un soir fatidique, Solann l’emmène en boîte, en fait dans une usine vide et désaffectée, où ils retrouvent « des garçons écrasés par l’ennui« .

Vers une heure du matin, après qu’ils ont éclusé bières, écouté musiques binaires, regardé Rose dansé pour eux, sur invite de Solann six d’entre eux montent dans sa voiture avec lui et Rose, qui s’est sentie belle, la reine de la soirée, pour continuer la fête dans un endroit plus tranquille, en fait dans la forêt, où ceux qu’elle appellera les Loups, la violent en réunion avec leurs « poignards » et la traumatisent à jamais

Ce qui permettra, toutefois, à Rose de survivre à ce traumatisme, c’est de se lancer à corps déchiré perdu dans les études mathématiques et dans la peinture d’une fresque de femmes sur le mur de sa chambre. Aussi, quand sa mère la quitte à son tour et lui laisse l’appartement, devenue comptable, Rose peut-elle subvenir à ses besoins, ayant un emploi dans une multinationale, et continuer de laisser libre cours à son bonheur d’expression picturale.

 

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n autre, mais loin de là et déménage…

F. Richard

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