Le début de la Communauté politique européenne fait pschitt Par Olivier Renault
C’est dans le contexte du conflit en Ukraine avec les menaces d’un embrasement de guerre nucléaire et de la plus grande crise historique énergétique jamais vu en Europe, et pas seulement, que plus de 40 dirigeants européens se sont réunis ce 6 octobre à Prague pour la réunion inaugurale de la Communauté politique européenne.
Selon le Conseil européen, la plateforme de coordination politique, ne remplace aucune organisation, aucune structure ou aucun processus existants et ne vise pas à en créer de nouveaux à ce stade car elle souhaite favoriser le dialogue politique et la coopération afin de répondre aux questions d’intérêt commun, à renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen. Le résultat de cette première réunion, qui se voulait être une action forte et exceptionnelle, a accouché d’un petit communiqué de presse creux pour déterminer les mesures à employer pour faire face à la crise énergétique qui laisse dans le froid les pays européens.
L’initiative d’Emmanuel Macron aboutit, in fine, à réduire la demande d’électricité, à porter des pull-overs. Le président français a tweeté: «J’en ai fait la proposition au Parlement européen le 9 mai dernier, aujourd’hui nous y sommes: pour un dialogue stratégique à l’échelle du continent, une Communauté politique européenne est née. 44 Nations portent ensemble un message d’unité».
Déjà en mai dernier, Observateur Continental évoquait la création d’un «OVNI politique» d’Emmanuel Macron pour aider l’Ukraine. L’objet non identifié est, en tout cas, bien là et il ne servira pas à sortir l’UE de la grave crise actuelle. Un seul communiqué de presse a été publié pour la première journée de cet OVNI. Il porte le titre: «Le Conseil adopte formellement des mesures d’urgence pour réduire les prix de l’énergie». Au lieu d’y lire des points clairs et innovateurs pour savoir comment faire pour avoir de l’électricité, du chauffage pour cet hiver, la première réunion de la Communauté politique européenne déclare introduire des mesures communes pour réduire la demande d’électricité et pour collecter et redistribuer les revenus excédentaires du secteur de l’énergie aux ménages et aux petites et moyennes entreprises.
C’est, en fait, le copier-coller des mesures listées par la Première ministre française, Elisabeth Borne, du même jour pour toujours avoir de l’électricité et du chauffage via le plan de la sobriété énergétique. Les leaders politiques réunis à Prague ont décliné le slogan d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, qui a cité cinq gestes à faire: «baisser, éteindre et décaler». D’ailleurs le matin même, elle a invité de manière officielle les Français à réduire leur consommation énergétique. Le vide des annonces faites après cette première réunion de la Communauté politique européenne fait comprendre que rien n’est prévu pour faire face à la grave crise énergétique mis à part l’invitation à porter un pull-over. Le produit de cette naissance politique correspond à la non-préparation de plans pour sauver l’UE comme la présidente de la Commission européenne, l’a fait savoir.
Objectifs réels et moquerie de l’Organisation des Etats turcs. «L’objectif de ce nouvel ensemble serait d’intégrer les pays candidats en attendant l’achèvement des très longues procédures d’adhésion, qui prennent parfois plusieurs « décennies »», avait indiqué le locataire de l’Elysée. Le vrai objectif est de servir les intérêts de l’économie de guerre de l’Ukraine et de l’Otan tout en consolidant la passerelle avec la Bosnie-Herzégovine pour mieux encercler la Russie. La volonté est de construire un «pouvoir politique souverain», comme Laurence Boone, secrétaire d’Etat chargée de l’Europe l’avait écrit pour le Financial Times. Dans un entretien à Die Welt, elle avoue: «Nous avons pas le choix»; «Le monde a changé»; «Si nous n’atteignons pas cet objectif, nous risquons de devenir très faibles».
Lors de cette première réunion, le président de la Türkiye, Recep Tayyip Erdogan a lancé, comme cela a été signalé par, Ragıp Soylu, le chef du bureau de la Turquie pour Middle East Eye, une boutade au président français, alors qu’à deux pas de lui se trouvait -timidement dans ses petits souliers- le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, signalant la faiblesse du nouveau projet macronien: «Macron, on va t’admettre dans l’Organisation des Etats turcs si tu veux». Ragıp Soylu rapporte que le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev et Recep Tayyip Erdogan ont plaisanté, montrant de l’ironie vis-à-vis de l’Occident en disant que George «Soros achète des journalistes» alors qu’ils [étaient en train de parler] à un média financé par les Etats-Unis, Radio Liberty».
Comme pour l’énergie, cette première rencontre de la Communauté politique européenne a accouché de déclarations creuses sur le conflit entre l’Arménie et Azerbaïdjan, ne changeant rien à la demande du mois passé de la France à l’Azerbaïdjan et à l’Arménie d’entamer des pourparlers de paix. La Türkiye avec son Organisation des Etats turcs se moque de l’Europe et des gesticulations d’Emmanuel Macron.
Quand Laurence Boone lance à Die Welt qu’ «avec des industries vertes et sans carbone et sans dépendance aux combustibles fossiles, nous serons économiquement plus forts et plus résistants aux crises», des doutes évidents sur la viabilité de cette Communauté politique européenne surgissent. Le Financial Times avertit que les experts annoncent pour cette année un hiver particulièrement froid, avec moins de vent et moins de pluie ce qui pourrait frapper les énergies renouvelables alors que le continent cherche à se sevrer du gaz russe. Aussi, à l’issue de la rencontre d’aujourd’hui des dirigeants de l’UE qui se réunissent à Prague -comme mentionné par le Conseil de l’Europe – pour discuter des trois questions les plus préoccupantes, et les plus étroitement liées, auxquelles l’UE est confrontée, à savoir le conflit en Ukraine, l’énergie et la situation économique, nous avons – comme cela était déjà inscrit dans les étoiles- assistê au pschitt final d’un projet mort-né ce dont le président français, Emmanuel Macron, a pour habitude de porter avec lui. Ce dernier dans sa conférence de presse de fin d’après midi, alors qu’un conflit nucléaire menace, évoque la lutte climatique sans donner des réponses stratégiques pour répondre à la grave crise énergétique.
Alors que 44 pays européens sont réunis à Prague pour lancer la Communauté politique européenne, les relations entre Athènes et Ankara se dégradent, avertit Libération. Le pays de Recep Tayyip Erdogan, qui est un membre de l’Otan, vient de menacer, à nouveau, la Grèce, un autre membre de l’Otan, lançant: «Nous viendrons au milieu de la nuit».
Olivier Renault
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