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Le fiasco Renault – Fiat : l’heure des accusations

À qui la faute ? Le mariage, annulé avant même d’être célébré, de Renault et de Fiat nous indique que l’heure de l’administration ne convient pas toujours à l’heure des entreprises et du business.

Est-ce seulement la faute de l’Etat actionnaire ? Quand on regarde le récit heure par heure, fait par certains observateurs, du conciliabule de Renault dans la soirée de mercredi à jeudi, on est assez interloqués, parce que la plupart des protagonistes semblaient soutenir le projet de fusion entre les deux constructeurs. Aucun ne voulait se précipiter, mais les portes étaient loin d’être fermées.

Jean-Dominique Senard savait qu’il avait l’occasion de marquer une page historique de Renault, une page qui semblait indispensable aujourd’hui pour la survie du Losange. Tout le management dans son ensemble était plutôt emballé et dans le conseil, 14 membres s’étaient prononcés en faveur du projet.

Mais le conseil d’administration de Renault est composite et cette hétérogénéité est en partie responsable de la non-décision de mercredi soir.


Parce qu’il y a l’Etat évidemment, comme premier actionnaire.

Deux administrateurs sont au board, deux administrateurs influents, dont Martin Vial, le Commissaire aux participations de l’Etat. Il faut donc qu’il donne l’exemple ; et Renault, entreprise française avec l’Etat au capital, il lui fallait s’assurer que la fusion n’entrainerait pas de suppression d’emplois dans l’Hexagone. Ce qu’il aurait obtenu. Mais voilà, Bruno Le Maire décida d’attendre de rencontrer en personne son homologue japonais, dans un voyage prévu quelques jours plus tard pour la préparation du sommet du G20. Les deux administrateurs n’ont pas été plus poussifs pour aller dans le sens de la fusion.

Parce qu’ils se reposaient en partie sur la décision de deux autres administrateurs, qui représentent cette fois Nissan, qui détient 15% de Renault. Etant donné l’alliance existante entre Nissan et Renault, il est clair que rien ne pouvait se faire sans le consentement du japonais. Le management de Nissan, lui, s’était très clairement montré surpris de l’annonce de ce possible mariage, argumentant ne pas en avoir été informé, alors qu’il était,impliqué dans cette décision. Les mariages à 3 sont rarement possibles si les trois parties prenantes ne sont pas d’accord. Les administrateurs avaient en tout cas pour ordre de s’abstenir, sans voter contre. Comme quoi, eux aussi étaient dans l’attente de négociations.

Et puis, sans surprise, l’admnistrateur syndical représentant la CGT s’était exprimé contre par principe.

La responsabilité est générale – Fiat en a trop demandé d’un coup, mais Renault a été incapable de se coordonner en un temps rapide, comme pendant l’affaire Ghosn, l’Etat ne prenant jamais de position claire.La lenteur de la décision politique a clairement primé sur la décision économique. L’Etat n’était pas capable de comprendre la nécessité de s’y atteler

tout de suite et complètement. « En demandant un délai supplémentaire, nous prenons un risque énorme » aurait prévenu Senard. Le manager a le sens des affaires et une vision stratégique, mais il manque peut-être à Senard ce qu’on reprochait à Ghosn, une autorité naturelle.

Cette affaire Fiat peut en tout cas sonner le glas de l’alliance Renault. Les relations avec Nissan semblent s’empirer de jour en jour. Renault, lui, doit voir plus loin et plus rapidement, il ne pourra pas se permettre un divorce sans remariage.


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