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LE LIBERALISME : SEULE ALTERNATIVE CREDIBLE EN AFRIQUE

Mamadou Koulibaly – Le 18 janvier 2012. On entend de manière récurrente des intellectuels se prononcer sur le problème de la pauvreté en Afrique qui perdure après plus d’un demi-siècle d’indépendance. Les débats sont passionnés et les voix africaines se multiplient pour dénoncer, s’insurger et certaines proposent des solutions. Sur les problèmes, tous sont unanimes : l’Afrique souffre encore aujourd’hui d’une forte domination des anciennes puissances coloniales et, dans les zones francophones regroupant les anciennes colonies françaises, la domination est plus vive encore à travers la monnaie (le franc CFA), les bases militaires, les réseaux dits françafricains qui incluent des entreprises multinationales protégées ; domination acceptée et même soutenue par des dirigeants africains malléables à souhait. Les populations africaines sont ainsi maintenues en captivité à la fois par un système de domination mondiale mais également par leurs propres dirigeants. Tel est le constat unanime. Généralement au banc des accusés on trouve au premier rang le trio capitalisme-mondialisation-néo libéralisme.

Dans les propositions de solutions les plus fréquemment exprimées, les avis divergent. Certains pensent qu’il faut que les pays riches financent l’Afrique pour l’aider à sortir de la pauvreté ; d’autres affirment que les solutions doivent plutôt venir de l’Afrique elle-même et que les dirigeants devraient être moins corrompus et plus responsables pour soutenir le développement de leur pays à travers des aides, des investissements créateurs d’emplois et des programmes de soutien divers pour permettre à leurs populations, entre autres, de résister aux grandes entreprises multinationales. Indépendamment de ces propositions, on voit des multitudes d’associations locales et internationales, des institutions internationales, des ministères spécialisés, des écrivains et intellectuels se battre pour les droits de l’homme et la liberté, à travers des écrits enflammés, des colloques passionnés et des programmes de soutien divers dotés de budgets faramineux.

Le décor ainsi posé oblige à souligner quelques contradictions et à ouvrir de nouvelles voies de solutions.

Première ambigüité, certains attendent des aides de la communauté internationale alors que, depuis les indépendances, ces programmes de soutien n’ont pas apporté le progrès et pire, ont montré qu’ils faisaient partie de la stratégie de domination des grandes puissances sur le continent Africain. La solution proposée va donc dans le sens de l’ancrage du problème et non de son dénouement. De surcroît, cette vision humaniste du monde est en décalage total avec les réalités impérialistes qui guident le monde depuis la nuit des temps. Un pays ou un groupe de pays n’a pas vocation à gérer le développement d’un autre.

Deuxième ambigüité : nombreux sont ceux qui attendent des Etats africains qu’ils prennent en main efficacement le développement du continent à travers un modèle planifié efficace. La corruption de ces dirigeants fait pourtant partie des problèmes identifiés comme une cause de la pauvreté des populations. Quand on sait qu’un monopole ne peut exister sans être protégé par les élites au pouvoir, on peut appréhender la perversité de leur implication d’autant que, pour la plupart, elles soutiennent et entretiennent la domination extérieure soit par intérêt financier, soit par peur d’un renversement ou encore, pour les plus zélés, par plaisir et admiration ou, simplement guidées par un sentiment d’infériorité qui les pousse à chercher à se réparer dans le regard de l’autre sans oser se positionner eux-mêmes. Cinquante années d’exercice du pouvoir ayant conduit les pays d’Afrique en tête de file de la liste des Etats défaillants dans le monde (rapport du Fund for Peace ) signent l’incapacité de ces dirigeants à se transcender et il semble bien imprudent de continuer à chercher en eux les solutions d’un avenir meilleur. La question est simple : puisque l’Etat fait partie du problème, pourquoi l’utiliser comme solution ?

Enfin, l’autre ambigüité criante est celle qui consiste à défendre les libertés tout en les désignant comme les responsables du mal qui mine le continent. Existerait-il des bonnes libertés et des mauvaises ? Le Professeur Pascal Salin, éminent libéral, nous rappelle dans son livre Libéralisme que « l’idéologie libérale est favorable à la liberté individuelle dans tous les domaines, précisément parce que l’homme ne peut se découper en tranches, avec une partie économique, une partie sociale ou une partie familiale. »

Le rejet du libéralisme est un immense malentendu qu’il convient absolument de dissiper C’est en effet le seul qui puisse s’attaquer de manière thérapeutique aux problèmes qui minent le continent. Lui seul permet d’assurer une économie prospère parce qu’il libère et stimule l’énergie créative des êtres humains. D’ailleurs, à bien des points de vue, le libéralisme permettrait un retour aux racines de l’Afrique puisque les traditions reposaient sur une organisation spontanée des sociétés avec des sages médiateurs. Quant au libre échange qui effraye tant, il existait jadis et n’était autre que ces caravanes qui traversaient le désert pour échanger des produits avec une monnaie dépourvue de régulation étatique mais reposant plutôt sur l’activité humaine, sur les échanges de produits dont le degré de rareté créait la valeur.

La propriété étant un socle du progrès dans le monde entier, il faut viser une société où les gens peuvent devenir facilement propriétaires et où ils sont donc responsables et non plus soumis aux décisions autoritaires de l’Etat. Le libéralisme est le système le plus efficace pour permettre aux gens d’utiliser leurs droits de propriétés qu’ils soient riches ou pauvres.

La mondialisation défendue par les libéraux est, elle, l’aspect international de la liberté. Loin d’être un monstre dominateur informe, c’est le fruit de l’échange de millions d’individus entres eux. Ce grand marché concurrentiel permet une amélioration de la qualité, une baisse des prix et une incitation à l’innovation de la part des producteurs. Le monopole quant à lui n’est pas le fruit de la mondialisation, c’est un pur produit créé et protégé par les Etats qui partagent les bénéfices de ces entreprises amies. Celui qui pait la facture est le consommateur prisonnier des choix d’un Etat fort. Fort au sens où il se permet de tout faire. Les politiques libérales, au contraire, permettraient à tous les Africains de bâtir leurs propres projets, d’épargner et d’investir. Un pays pauvre ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources pourtant, en Afrique, on voit que des quantités d’obstacles freinent les populations et les étouffent, c’est le cas des taxes excessives et complexes mais également des règlementations lourdes et compliquées qui bloquent le développement. Elles coûtent cher, font perdre un temps précieux et favorisent la corruption car on finit par glisser un billet sous la table pour débloquer un dossier. Cela ne veut pas dire que le libéral refuse toutes les règles. Le libéralisme est l’exercice de la liberté dans un cadre juridique qui permet de protéger la propriété des individus ainsi que leurs relations entre eux.

Il faut que chaque africain ait sa chance. Les Etats forts, ceux où les dirigeants politiques ont de trop gros pouvoirs, oublient les pauvres qui pourtant seraient capables de se développer s’ils étaient libérés Tout le monde doit avoir le droit de prendre part au développement, c’est cette vision humaniste qui est importante. Les dirigeants des Etats forts sont immoraux car ils refusent cela à leurs populations. Il faut que les Etats arrêtent de dire que les populations ne sont pas capables. Si elles sont incapables actuellement c’est simplement parce que trop d’interdits et de contraintes s’exercent sur elles.

Ainsi, pour être logique dans la démarche, pour répondre efficacement aux différents maux de l’Afrique, l’urgence absolue est la libéralisation des économies. Le continent est le plus jeune du monde, imaginons un instant l’impact que pourrait avoir cette jeunesse libérée sur le continent !

Aujourd’hui, dans leurs relations internationales, les Etats se limitent à une poignée d’hommes et souvent un seul d’ailleurs, un hyper président. La domination des puissances extérieures est facilitée par cette configuration personnelle du pouvoir. Qu’en serait-il si le pouvoir n’était plus en exclusivité entre les mains de ces hommes ?

La souveraineté extérieure ne se gagnera que par la libération des populations. L’Africain devra d’abord gagner sa souveraineté par rapport à son propre Etat. C’est à un second niveau que la souveraineté de l’Etat en découlera sur l’échiquier international. Les Africains doivent donc comprendre que le libéralisme est la seule alternative digne et crédible pour l’Afrique.

Publié en collaboration avec Audace  Institut Afrique

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