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Après plus de vingt ans de croissance ininterrompue, le secteur du luxe connaît en 2024 un net ralentissement. Cette baisse des résultats soulève deux grandes questions :

• Est-elle une conséquence conjoncturelle d’un climat mondial anxiogène, incitant les clients à différer leurs achats ?
• Ou reflète-t-elle un désintérêt plus profond pour un univers perçu comme déconnecté des valeurs actuelles ?

Les signaux sont contrastés, laissant place à plusieurs interprétations.

D’un côté, les périodes de crise renforcent souvent le besoin de plaisir immédiat. L’étude Ipsos Global Trends l’illustre bien : la part de la population adhérant à l’idée que « l’important est de profiter de la vie aujourd’hui parce que demain est un autre jour » a bondi de 10 points en dix ans, atteignant 61 % en 2024 contre 50 % en 2013. Par ailleurs, le marché du luxe de seconde main ne cesse de croître : selon une autre étude d’Ipsos, près d’un tiers des Français – en particulier les Gen Z – avaient déjà acheté un article de luxe vintage ou prévoyaient de le faire fin 2023. Enfin, certaines Maisons continuent d’afficher des performances financières spectaculaires, preuve que l’attrait pour le luxe demeure puissant.

Mais d’un autre côté, le luxe traverse une mutation qui brouille ses repères traditionnels. En s’étendant à des domaines variés (sportwear, pop-up stores, restauration éphémère) et en s’exposant massivement via les influenceurs, il risque la banalisation. Sur le plan économique, la flambée des prix de ces dernières années le rend inabordable pour une clientèle aisée mais non ultra-riche. Enfin, sur le plan générationnel, si les Gen Z sont les plus séduits par le luxe, ils en sont aussi les plus volatils, se lassant rapidement.

Le luxe est-il en train de perdre son aura d’exception ? Ou traverse-t-il simplement une phase d’adaptation aux nouvelles aspirations des consommateurs ? La suite nous le dira.