LE PROCHAIN PAPE POURRAIT-IL ETRE DE FRANCE
Le mot pape (en grec πάπας / papas) n’a rien d’un titre officiel, c’est une appellation d’affection respectueuse, celle que l’enfant donne à son père (« papa »). La première attestation documentée de ce mot pour désigner un chef religieux de premier plan remonte à 306 à Alexandrie : la population chrétienne de cette ville le décerna comme titre à son évêque Pierre d’Alexandrie qui avait organisé la résistance extérieure à la persécution de Dioclétien. À partir du 1er concile œcuménique de Nicée, où siégèrent des évêques au nombre traditionnel de 318, l’appellation « pape » a été affectueusement donnée à tout évêque en tant que chef de l’Église locale qu’il préside. Ce n’est que progressivement, surtout à partir du VIe siècle, que l’appellation a été de plus en plus réservée au seul pontife romain, et ce à l’échelle de l’Église universelle (Orient et Occident). Le titre de « pape » également donné au patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie est une tradition locale de l’Église copte. En latin le mot pape se dit « pontifex ».
Le premier évêque de Rome auquel est attribué le titre de « pape », au début du IVe siècle, sur le cubiculum d’un diacre nommé Severus est Marcellin (296-304) ; on y trouve l’inscription « jussu pp [papae] sui Marcellini »[3]. L’abréviation de « pius pontifex » en « PP » est constante, elle signifie « pape pieux » (elle est souvent confondue à tort avec l’abréviation de papa en grec, elle est juste quand il s’agit du pape copte orthodoxe et non pour le pape latin) notamment dans la signature pontificale (par exemple, le pape Benoît XVI signe toujours les documents officiels ainsi : Benedictus PP XVI). On rencontre aussi des désignations telles que « Papa urbis Romae (aeternae) » (Le Pape de la ville (éternelle) de Rome). Ce n’est donc qu’à partir du VIe siècle qu’il désigne plus spécifiquement l’évêque de Rome, comme en atteste la chancellerie de Constantinople qui utilise ce titre pour les pontifes romains, qui eux-mêmes adopteront ce titre à partir de la fin du VIIIe siècle. À la fin du Xe siècle, au cours d’un concile qui se tient à Pavie en 998, Grégoire V demande à l’archevêque Arnolfe II de Milan de ne plus utiliser le titre et c’est Grégoire VII (1073-1085) qui édicte un Dictatus papae réservant l’usage du terme au pontife romain.
Aujourd’hui encore, les Grecs appellent pappas les simples prêtres de l’Église orthodoxe, mais dans le sens classique de « Père », équivalent au titre que l’on donne aux prêtres dans l’Eglise latine (ce mot grec est aussi à l’origine du mot russe pop utilisé péjorativement pour désigner les prêtres orthodoxes, qui est lui-même à l’origine du mot anglais « pope », mais celui-ci, en anglais, désignant alors exclusivement l’évêque de Rome).