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Le Rassemblement national va-t-il pouvoir survivre financièrement en 2020 ?

S’il engendre des résultats souvent spectaculaires aux élections, ses dettes sont tout aussi colossales. Et les chiffres financiers de l’exercice 2018, publiés par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), ne sont guère rassurants pour la formation de Marine Le Pen. Selon les chiffres de la Commission nationale , la dette du parti s’établissait fin 2018 à plus de 24,4 millions d’euros La faute «aux mauvaises habitudes», souffle-t-on. C’est qu’au sein du parti d’extrême droite, «certains aiment un peu trop l’argent», raconte un ancien expert-comptable, qui a tourné lui aussi le dos à la formation. On pointe les salaires trop élevés des cadres, certains étant pourtant déjà grassement rémunérés par ailleurs, ou le prix des honoraires d’avocats…En 2017, le salaire moyen était d’environ 3 900 euros net au Front national

« Il n’y a pas de quoi payer les créanciers. Nous sommes dans un état virtuel de cessation de paiements. Je ne vois pas comment on peut ne pas déposer le bilan d’ici à avril… », s’inquiète un cadre sous couvert d’anonymat. Une analyse que corrobore une note confidentielle réalisée en novembre par un ancien dirigeant à la demande de Jean-Marie Le Pen. « Faute de […] plan de redressement financier effectif et en temps utiles (dès 2018), le RN est devenu un parti zombie. […] Nous estimons que le premier semestre 2020, au plus tard, sera critique pour la trésorerie du parti », y est-il écrit.

Un RN au bord de la ruine? Rien de très neuf, en apparence. À l’été 2018, le parti criait déjà à la « peine de mort » après la saisie d’une partie de son aide publique dans le cadre de l’enquête sur ses assistants présumés fictifs au Parlement européen. Mais en ce début d’année 2020, les créanciers viennent sonner à la porte. Dans quelques jours, pour se faire rembourser un prêt consenti par le biais de son micro-parti Cotelec, Jean-Marie Le Pen ponctionnera 4,2 millions d’euros sur les 5,1 millions d’euros de dotations publiques.

A entendre les cadres du RN, il ne faudrait pas non plus voir dans la récente annonce de Marine Le Pen de vouloir abandonner la présidence de son parti à l’approche de la présidentielle 2022, le signe qu’elle pourrait s’affranchir d’un mouvement en faillite. «De tout temps, la course à l’Elysée se fait sans parti», balaye l’un d’eux, quand un autre rappelle qu’« en 2017, Marine Le Pen avait déjà démissionné de son poste de présidente de la formation pour se présenter devant les Français».

Reste que certains s’inquiètent quand même de la situation.  Un eurodéputé rectifie : «On n’est pas dans une situation de dépôt de bilan. C’est faux. Mais on a accumulé une dette qui a augmenté ces dernières années.» L’élu se rassure mais il oublie que les cotisations des adhérents, qui représentaient 2,4 millions d’euros en 2016 et n’avaient pas diminué les années précédentes, ont fondu à 1,1 million en 2018, soit une baisse de plus de 50%, à un niveau inférieur à 2011… Quant aux aides publiques, d’environ 5 millions d’euros tous les ans, elles vont être réduites à peau de chagrin en 2019, après le remboursement de Cotelec par l’Etat. Les cotisations des élus ne peuvent pas sauver la formation mariniste non plus : elles étaient de 920 000 euros en 2018, ce qui représente presque le double qu’en 2011 (580 000 euros). Mais sont elles aussi en baisse constante depuis (1,2 million d’euros en 2016 et 1,09 en 2017), la faute à de nombreux départs…

Après s’être déclarée candidate à l’investiture en vue de l’élection présidentielle le 16 janvier dernier, Marine Le Pen a annoncé ce dimanche 23 février sur LCI, dans « Le Grand Jury », qu’elle réfléchissait à abandonner la présidence de son parti à l’approche de cette échéance électorale  pour être la « candidate de tous les Français » : « Je réfléchis à pouvoir me présenter comme candidate de tous les Français, en étant évidemment soutenue par mon mouvement », a déclaré la chef du RN. 

La présidente du Rassemblement national réfléchit donc à sa stratégie pour 2022. De toute évidence, elle semble craindre que son mouvement l’enferme dans une mauvaise dynamique.

Si Marine Le Pen pense pouvoir gagner, c’est parce qu’elle estime que les électeurs « ont compris qu’il faut arrêter avec l’ultralibéralisme de la concurrence déloyale, l’immigration de masse, l’insécurité, le laxisme, le n’importe quoi, l’entre-soi de nos élites, la finance internationale ».

Et elle de préciser : « Il faut arrêter avec tout cela, et donc je pense que beaucoup sont prêts aujourd’hui à tenter une autre politique, une alternative à la politique menée par Emmanuel Macron ». Sans le RN ?

S. Cayenne

Comments

  • Anonyme
    mai 29, 2020

    0.5

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