Le SIEL présentera des candidats aux législatives, y compris face au FN Écrit par Marc de Boni
Premier parti politique, et longtemps le seul, à avoir soutenu la campagne du Front national, le SIEL ne cache pas une forte déception au lendemain du débat entre les finalistes de la présidentielle.
Le SIEL a beau avoir été le premier parti politique à soutenir la campagne du FN, dès le mois de novembre 2016, ses membres n’en ont pas moins été déçus face au spectacle livré mercredi soir par les deux finalistes de la présidentielle. Son président, notamment Karim Ouchikh, «éprouve une déception certaine à l’issue de ce débat pourtant essentiel», confie-t-il au Figaro. Ce petit parti souverainiste et identitaire, qui fut longtemps la principale composante du Rassemblement Bleu Marine (RBM), a pris ses distances il y a quelques mois, après les refus répétés de Marine Le Pen de travailler ouvertement à l’union des droites. S’il votera bien pour Marine Le Pen dimanche, il annonce présenter plusieurs dizaines de candidats aux prochaines élections législatives pour faire vivre son courant politique clairement à droite.
«J’attendais que Marine Le Pen soit plus offensive dans ses démonstrations, plus convaincante sur les aspects économiques et sociaux. L’argumentation a été indigente car elle s’est limitée aux attaques», déplore Karim Ouchikh ce jeudi. «C’est un rendez-vous manqué, car beaucoup imaginaient qu’un accident médiatique d’Emmanuel Macron en cette fin de campagne permette de faire la différence, mais ce ne sera probablement pas le cas», juge-t-il. Avant de décrypter: «Au fond, on a eu l’impression que Marine Le Pen avait enjambé la séquence présidentielle, et qu’elle se place déjà en cheffe de file de la future opposition à Emmanuel Macron, comme si elle avait déjà intégré la défaite ce dimanche et qu’elle jouait le coup d’après». «J’ai été d’autant plus déçu que j’avais cru percevoir une inflexion à droite lors du discours de Lyon en février dernier, même s’il était tardif. Mais finalement, les pudeurs de vocabulaire ont repris le pas. Marine Le Pen a préféré parler de ‘communautarisation’ que “d’islamisation”, parler de “submersion migratoire” que de “grand remplacement”, de “patrimoine immatériel” plutot que “d’héritage chrétien”». «Je déplore un vaste gâchis de la part d’une candidate qui n’a pas vraiment pris la mesure de son potentiel», regrette encore l’élu francilien.
Un «cartel électoral»
Et même le récent ralliement de Nicolas Dupont-Aignan ne semble pas le convaincre non plus que le cœur du FN penche bien à droite. «Le ralliement de Debout La France est heureux mais il est intervenu trop tard pour que la sincérité de la démarche n’infuse dans les esprits et ne l’emporte sur l’aspect opportuniste», assène Karim Ouchikh. «Je pense qu’il y aura un inventaire à faire sur la ligne après l’élection, sauf surprise le 7 mai prochain. Il faudra une introspection sur la ligne “ni droite ni gauche” voulue par Philippot, et sur la stratégie de conquête solitaire du pouvoir, assumée jusqu’à la fin de la campagne», prédit le souverainiste. S’il votera bien Marine Le Pen ce dimanche, le SIEL est convaincu de la nécessité de présenter ses propres candidats aux prochaines élections législatives, quitte à handicaper «le raz-de-marée bleu Marine» annoncé par le Front national. «Nous allons présenter au niveau national au moins 67 candidats, et nous en espérons 80. Ils porteront nos couleurs pour défendre le créneau la droite des valeurs, y compris face au FN», annonce-t-il. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un cartel électoral avec d’autres formations classées à l’extrême droite, comme les Comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen, Civitas et le Parti de la France de Carl Lang. Leur objectif partagé: obtenir au moins 50 candidats à un niveau de 1% pour rentrer dans leurs frais de campagne… et tirer vers la droite le parti de Marine Le Pen.
Le SIEL accompagne les Comités Jeanne
Jean-Marie Le Pen l’avait annoncé très tôt, il souhaite soutenir des candidats pour les élections législatives qu’il estime plus proches de sa ligne de «droite nationale» que celle estampillée «patriote» du FN revisité par sa fille. Le fondateur du FN espère pouvoir aligner plusieurs centaines de candidats pour peser sur la ligne du Front national. Il s’est adjoint le concours d’un certain nombre de déçus, de «brebis galeuses» exclues pour leurs propos, et de formations politiques dont la ligne n’est plus jugée compatible avec celle de Marine Le Pen. Selon nos informations, au dernier recensement, vendredi dernier cette initiative pourrait déboucher sur plus de 200 candidatures à travers la France: 4 candidats du «Front libéré», 70 candidats issus du Parti de la France (PDF) de Carl Lang, 20 candidats de Civitas, entre 67 et 80 issus des rangs du SIEL et enfin une soixantaine de candidats directement propulsés sous la bannière des seuls Comités Jeanne.