L’enjeu de la participation aux prochaines élections de 2024
Il est crucial de commencer à poser le débat des élections européennes de 2024 tout en évitant de transformer ce scrutin en un référendum pour ou contre la construction européenne
Dans trois cents jours, les Européens voteront , comme ils le font tous les cinq ans depuis juin 1979, pour élire les 705 femmes et hommes qui siégeront jusqu’à la fin de la décennie au Parlement européen. Même si ce rendez-vous électoral reste encore lointain pour une majorité de Français, ce scrutin s’annonce comme un moment clé pour la démocratie européenne. Le Parlement européen est en effet la seule institution de l’Union élue directement par les citoyens, et ce lien direct avec le peuple est aujourd’hui décisif face aux crises de « gouvernance » que traversent les Etats membres et l’Union elle-même.
Les élections européennes sont aussi essentielles d’un triple point de vue. D’abord, parce que le Parlement européen exerce des compétences fondamentales pour la vie démocratique de 448 millions de citoyens : législative, budgétaire, mais aussi de contrôle politique de la Commission européenne.
82 % des Français estiment qu’ils ne sont pas assez bien informés sur l’actualité européenne. Pourtant l’Europe est présente dans la vie quotidienne de Français. La porte-parole de la Commission pointe notamment le déficit de présence de l’information européenne dans les médias audiovisuels, à l’instar du discours sur l’État de l’Union européenne qui a lieu chaque année en septembre.
Les enjeux nationaux
À droite de l’échiquier politique, le Rassemblement national apparaît comme le grand favori pour l’emporter. Le parti de Marine Le Pen est donné en tête avec 26 % des intentions de vote dans le dernier sondage IFOP.
A contrario, Les Républicains sont dans une position bien plus délicate. Le parti n’a toujours pas convenu d’un positionnement clair afin de lui permettre d’exister entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national, et ce malgré un premier bureau politique consacré au sujet le 29 juin dernier. LR espère ne pas revivre le traumatisme des dernières européennes où la liste de François-Xavier Bellamy était arrivée quatrième avec à peine 8 % des voix. Le parti obtient actuellement péniblement 10 % des intentions de vote dans les derniers sondages.
Cette situation précaire n’est pas améliorée par la très probable constitution d’une liste Reconquête. Le parti d’Éric Zemmour, fort de ses 7 % à la présidentielle, dispose déjà de quatre élus à Bruxelles (dont Nicolas Bay et Gilbert Collard). Reste à déterminer qui sera à la tête de cette liste, le nom de Marion Maréchal est régulièrement évoqué.
Du côté de la gauche, l’enjeu principal est la constitution ou non d’une liste unique de la NUPES. Mais à peine évoquée, cette liste d’union apparaît d’ores et déjà enterrée.
En effet, le 2 juillet dernier, le conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts a présenté les premiers candidats de sa liste. Les Verts emboîtent le pas au Parti communiste, qui avait annoncé la veille Léon Desfontaines comme leur tête de liste.
Le choix de ces formations de faire bande à part n’a pu être que renforcé par les premiers sondages portant sur les élections européennes. Ceux-ci montrent que la gauche obtient systématiquement un meilleur score divisé (au-dessus de 30 %) qu’unie (autour de 25 %).
De surcroît, ce scrutin pourrait être l’occasion de renverser le leadership de La France Insoumise sur la gauche française, d’autant plus qu’il s’agit d’une élection traditionnellement favorable à EELV (13,5 % aux européennes de 2019 contre 4,5 % à la présidentielle de 2022). Le parti écologiste est d’ailleurs donné en tête des partis de gauche avec environ 10 % des intentions de votes, suivi de près par le PS et LFI.