Les banques centrales vont-elles faire pleuvoir l’argent du ciel ? Par Simone Wapler
Notez bien que cette loi économique n’a rien de scientifique. Elle doit s’envisager comme une loi religieuse ou comme un mythe.
L’important, c’est de croire que le moteur de l’activité économique est la consommation… et par conséquent, une collectivité qui consomme s’enrichit.
Pour cela, il faut de l’argent — ce qui n’est pas un problème puisque l’argent peut se créer à partir de rien. « Rien » est aujourd’hui du « crédit garanti par rien », histoire de mythifier un peu.
En effet, les désastres provoqués par les expériences de création monétaire directe comme celles de John Law, des hyperinflations allemande, hongroise ou zimbabwéenne ont laissé des traces dans les mémoires des bons peuples qui y furent soumis.
On a donc raffiné le procédé pour mieux enfumer.
Ne mettons pas la charrue avant les boeufs
Tout grand mythe n’est toutefois jamais un mensonge absolu et possède une part de vérité. Si nous travaillons tous les jours c’est parce que nous avons besoin de consommer, ne serait-ce que pour nous alimenter ; comme la nourriture ne tombe pas du ciel, il faut bien nous organiser pour produire.
Mais penser que la consommation crée de la richesse revient cependant à croire que la charrue tire les boeufs. Car, partout et toujours, pour que quelqu’un consomme, il faut qu’un autre ait auparavant produit.
Notez bien que la production seule n’est pas non plus source de richesse. Dans l’économie communiste soviétique, on produisait beaucoup.
Toutefois, pour ce qui était utile ou agréable, ce que les gens voulaient vraiment consommer, la pénurie régnait.
La clé de la prospérité est que la production corresponde aux véritables besoins de consommation — puis, lorsque ceux-ci sont satisfaits, aux envies.
Hélas, l’interférence continuelle de l’Etat trompe producteurs et consommateurs, fait croire à des besoins qui n’existent pas vraiment, à des envies factices.
Depuis l’avènement de la démocratie, l’Etat-Providence est censé connaître mieux que chacun ce qui convient à chacun.
L’Ancien régime, au moins, n’avait pas cette hypocrisie et la royauté n’avait pas eu non plus l’idée saugrenue de distribuer de l’argent — vrai ou faux — au bon peuple.
Le Trésor se contentait de le trafiquer, de rogner les pièces et de baisser la teneur en métal précieux pour rouler le manant peu averti.
Le cas du Japon
Mais revenons aux Japonais et à leur idée idiote. Lundi 25 avril, L’Agefi publiait :
« La Banque du Japon envisage certainement de recourir à cette arme monétaire ultime pour éradiquer définitivement le spectre de la déflation et stimuler la croissance ».
Le quotidien financierreproduisait les propos d’Eric Bourguignon, de Swiss Life Asset Management. Selon lui, la distribution directe d’argent permettrait d’éradiquer définitivement la déflation japonaise et serait source de croissance.
Mais pourquoi diable les Japonais n’y ont-ils pas eu recours plus tôt ? Cela fait près de trente ans qu’ils expérimentent une déflation.
En réalité, ils l’ont déjà fait à la fin des années 1990 et fin 2014.
Sans succès.
Grands travaux d’intérêt général, taux zéro, assouplissement monétaire, taux négatifs : tout a déjà été fait au Japon.
Aujourd’hui, non seulement la Banque du Japon rachète les emprunts d’Etat japonais, mais elle achète aussi les actions japonaises.
Elle détient maintenant plus de la moitié des ETF (fonds indiciels japonais), selon Bloomberg.
Evidemment, ceci, comme le reste, n’a pas réussi à arracher le Japon de sa dépression. Surendetté, le Japon a déjà dépensé l’argent de son futur.
Car c’est bien la signification d’un emprunt : il vous permet de dépenser aujourd’hui l’argent que vous pensez avoir demain.
Parmi toutes les expériences imbéciles des banquiers centraux, la monnaie hélicoptère serait toutefois la moins stupide, à deux conditions : que les hélicoptères larguent du cash et seulement du cash…
et qu’on laisse une liberté totale aux gens de s’en servir comme ils le veulent, sans aucune taxation.
Epargne ou consommation, peu importe, chacun déciderait.
Nous pourrions alors peut-être voir une économie parallèle saine — à l’abri de l’interventionnisme brouillon et clientéliste — se développer.
La fausse monnaie présente des avantages pour les premiers servis, surtout s’ils ont un peu d’or enterré dans un trou au fond de leur jardin.
Que les hélicoptères décollent donc, nous serons prêts.
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