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Les cargaisons de céréales ukrainiennes ne sont pas pour l’Afrique Par Olivier Renault

Après avoir été pris au piège pendant des mois, des navires chargés de céréales ont quitté l’Ukraine. Alors que le président français, Emmanuel Macron, avait déclaré faire de l’Afrique sa priorité pour aider ce continent souffrant des conséquences de la gestion de la Covid-19 tout en accusant le conflit en Ukraine de porter une responsabilité dans cette situation, le New York Times pointe de fausses promesses de l’Occident et se demande où vont ces cargaisons de céréales venant d’Ukraine?

Plan d’urgence pour la sécurité alimentaire. Le président français, Emmanuel Macron, a proposé un plan d’urgence pour la sécurité alimentaire. Il avait alors accusé la Russie de provoquer une famine. Le président français avait appelé Moscou à être «responsable» en permettant que les semis en Ukraine aient lieu, faute de quoi la guerre provoquera dans 12 à 18 mois «une famine inéluctable» en notamment pointant des risques de pénuries de céréales en Egypte et en Afrique du Nord. C’était en mars dernier.

La loi du marché prime sur l’aide humanitaire. C’est alors qu’intervient le New York Times qui rapporte que toutes les discussions sur l’approvisionnement en blé de l’Ukraine pour les pays menacés de la famine se sont avérées être un bluff. Les idées humanitaires ont rapidement cédé la place aux intérêts commerciaux. Les navires ont été remplis de céréales ukrainiennes pour les pays développés car ils sont prêts à payer plus et immédiatement. Ainsi, sur les marchés d’Europe, la demande de céréales a maintenant considérablement augmenté en raison d’une réduction de la récolte causée à la fois par une grave sécheresse et une pénurie d’engrais minéraux. Dans le même temps, la grande majorité des céréales fournies par l’Ukraine est destinée au fourrage, c’est-à-dire à l’alimentation animale.

En fait, c’est l’Europe qui reçoit les cargaisons de céréales au lieu des pays africains. Le quotidien anglophone rapporte que pas un seul navire n’est acheminé vers les ports du Yémen, de la Somalie, de l’Ethiopie et d’autres pays africains qui ont cruellement besoin d’approvisionnement en blé. Ces pays connaissent des difficultés d’argent et ne sont pas une priorité.

Un autre fait troublant jette un doute sur la sincérité des déclarations exprimées en Occident selon lesquelles la sécurité alimentaire mondiale dépend de l’accord sur les céréales. Au lieu de transporter du blé, plus de 300 000 tonnes de maïs, de soja et d’huile de tournesol ont été exportés dans dix cargos. 

L’Onu a listé trois expéditions d’Ukraine transportant du maïs vers la Türkiye, l’Irlande, l’Angleterre comme «des expéditions de céréales salvatrices». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré à son homologue du Botswana que son pays était «prêt à continuer d’être le garant de la sécurité alimentaire mondiale». Mais, les céréales livrées n’ont pas encore atteint les pays où les gens en ont cruellement besoin. Et, elles ne servent pas à nourrir les gens, mais à nourrir les animaux. 

Alors que les pays africains menacés par la famine attendent l’aide promise par l’Occident, Euroactiv rapporte que l’Albanie vient de recevoir ce mercredi sa première cargaison de céréales ukrainiennes depuis le début de l’invasion russe avec un navire ukrainien chargé de 6000 tonnes de blé qui est arrivé au port de Durrës. 

Olivier Renault

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