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Les entreprises, grandes alliées du plan de relance Macron

Pouvoir d’achat : 1, compétitivité : 1. Les mesures annoncées lundi 10 décembre consacrent une hausse du pouvoir d’achat, que les entreprises vont devoir assumer au dépend de la compétitivité qu’elles avaient pu engranger depuis le début du quinquennat. Une fatalité?

 

L’état d’urgence économique et social mérite-t-il les largesses budgétaires accordées?  10 à 15 milliards d’euros sortiront vraisemblablement des poches de l’Etat pour financer ces mesures sociales : hausse du SMIC via la prime d’activité, défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires, mais encore l’abandon de la taxe carbone.

Après les manifestations des dernières semaines, le gouvernement a considéré qu’il y avait le feu à la maison France et que l’objectif était avant tout d’éteindre un incendie qui touchait de plus en plus de monde. L’état d’urgence économique et social, décrété par Emmanuel Macron dans son allocution, va forcément demander une entorse à la politique d’offre menée jusqu’à présent. Une politique en faveur des entreprises qui visait à beaucoup baisser leurs charges pour les rendre compétitives au sein de la compétition mondiale.

Alors qu’en 2018, en France comme ailleurs dans le monde, l’économie a connu un trou d’air et les prévisions de croissance ont été ramenées à la baisse pour 2019, le plan de relance par la consommation, financé en grande partie par de la dette, ne viendra pas alléger les dépenses publiques en bousculant le budget prévu et les 3% de déficit public autorisé au niveau public.

Le gouvernement va devoir compter sur les entreprises

Sauf qu’à la grande surprise, les entreprises ont plutôt bien accueilli ces nouvelles mesures. Les commerçants, les artisans y ont vu un moyen de sortir de la crise, une crise qui avait directement affecté leur chiffre d’affaires.  C’est donc avant tout un soulagement devant le risque de catastrophe économique qu’ils encouraient.

Les grandes entreprises ont elles aussi pris la mesure du ras le bol social et de la volonté que les richesses soient redistribuées plus justement. Le dispositif de primes exceptionnelles et défiscalisées sera utilisé par celles d’entre elles, au sein du CAC40 et du SBF120,  qui terminent une bonne année. Total, LVMH, Kering, Publicis l’ont déja annoncé. Et la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires est plébiscitée par beaucoup d’entre elles comme un moyen d’ajuster leur production.

La relance de la demande, ultime variation de la politique économique française

Et stimuler la demande, c’est à dire compter sur la consommation des ménages pour bosster l’activité, c’est une méthode déjà appliquée il y a 50 ans. Il faut dire que c’est une mesure populaire souvent demandée dans les revendications de citoyens. De mai 68, sur le plan économique, il en reste un souvenir de hausse des salaires, secteurs privé et public confondus. En 1968, le SMIC avait augmenté de 35%. Le minimum vieillesse avait aussi fait un bond. L’idée pour Georges Pompidou, à la manoeuvre à l’époque, avait voulu arrêter d' »emmerder les Français », selon sa formule consacrée.

Quelles différences aujourd’hui? La relance par la consommation revient au moment où il devenait impératif de réduire un déficit budgétaire et des dépenses trop longtemps financées par de la dette. A un moment aussi où les mutations sont mondiales, digitales et connectée et diffusess, donc beaucoup plus rapides. Les usines s’installent là où les salaires sont les plus bas, les entreprises d’innovation se créent là où l’esprit entrepreneurial et la recherche sont les mieux encouragés.

Le pied sur l’accélérateur plutôt qu’une marche arrière

En réalité, les annonces d’Emmanuel Macron ne sont pas nouvelles. Il y avait une volonté affichée, dès la campagne électorale, de libérer la consommation une fois les principales réformes de compétitivité menées. C’était un temps après l’autre, la consommation et le pouvoir d’achat après la compétitivité des entreprises. Avec l’idée un peu naïve que les réformes pourraient être imposées sans explication aux populations concernées, avec seulement la promesse d’un monde prochain meilleur. Les Français n’ont jamais aimé la technocratie, n’ont jamais accepté les inégalités de traitement et Emmanuel Macron a bien compris qu’ils n’accepteraient plus  de passer après les entreprises ou après les marchés.

Le président a donc revu le sens de ses priorités. Lâcher du lest maintenant sur la consommation, tout en sachant que les entreprises y verraient là aussi un stimulus en temps de conjoncture un peu difficile. Procédé bien pensé : il ne se les met pas à dos, parce qu’elles-mêmes bénéficient des mesures concernées, directement ou indirectement.

Autre partie à jouer maintenant: la partie budgétaire, avec comme protagonistes l’Union européenne et les marchés financiers, plutôt bienveillants jusqu’à présent. Les semaines à venir seront néanmoins déterminantes pour mesurer la crédibilité et la capacitéd’Emmanuel Macron à continuer de mener les

réformes structurelles.

 

 

 

 

Une fois l’incendie dans la maison éteint, on dédommage certes les habitants, mais on reconstruit surtout différemment pour ne pas en déclencher de nouveaux.

Le mouvement des Gilets jaunes — du nom des gilets de haute visibilité de couleur jaune portés par les manifestants — est un mouvement de protestation, non structuré, apparu en France en octobre 2018.
À la manière d’une jacquerie, cette mobilisation trouve son origine dans la diffusion sur les réseaux sociauxd’appels de citoyens à manifester. Elle a pour motivation initiale le rejet de l’augmentation de la taxe sur les produits énergétiques (TICPE), mais elle s’élargit rapidement à d’autres revendications (hausse du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, notamment rurales et périurbaines, démission du présidentEmmanuel Macron).

K A

 

Comments

  • Anonyme
    décembre 23, 2018

    4.5

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