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Les lockdown party se multiplient en France

Il ne m’a fallu que 24h pour être conviée à une lockdown party sur Paris. Quelques mails à des amis et j’étais sur la liste des “happy few” à être invitée un soir… parmi tant d’autres. Si les soirées secrètes étaient déjà plébiscitées par les parisiens, le confinement imposé en France depuis le mois de mars n’a pas mis un terme à ces moments conviviaux. Ni dans la capitale, ni ailleurs. 

 

Au contraire ! Le ras le bol généralisé, le goût du risque, voire la volonté d’affirmer son opposition à une société trop policée, démultiplient les initiatives partout en France. Sur les réseaux sociaux fleurissent les groupes de discussion privés “fuck the covid”, pour s’inviter discrètement la nuit, boire un verre, danser ou même se faire couper les cheveux ! 

 

Face à ce mouvement de fond, les forces de l’ordre veillent, scrutent les allers-et-venus des urbains. Parfois les descentes de police dans les bars, les appartements ou les commerces ouverts de manière illicite, sont la conséquence de délations de la part des voisins comme à Villefranche-sur-Saône, près de Lyon. Le 15 avril, des habitants n’avaient pas hésité à appeler les forces de l’ordre face aux noctambules qui déambulaient près d’un restaurant portugais. Conséquence : une amende de 135 euros pour les six clients et le restaurateur.

 

On se croirait au temps de Vichy”, glisse l’un des participants d’une lockdown party bretonne, qui s’est déroulée il y a quelques jours. Hervé a été convié par une amie à un apéritif clandestin, caché dans un appartement. Le lieu était discrêt. “Nous sommes entrés dans un immeuble ordinaire puis lorsque nous avons ouvert une autre porte, qui semblait celle d’un appartement, il y avait une grande pièce. Une cinquantaine de personnes était déjà là et buvait une sangria”, complète-t-il. Ces trentenaires installés autour de tables, sont des “gens normaux”, qui “en ont juste marre du confinement”, affirme Hervé. 

 

Des témoignages comme celui-ci il y en existe des centaines. Marie-Christine, 71 ans, habitante de la région parisienne, voit son “ami” depuis le début du confinement. “On ne fait rien de mal. On discute juste tranquillement. Il vit mal le confinement”, affirme-t-elle. Les propos de Marie-Christine font échos à l’enquête menée par le journal Sud Ouest daté du 17 avril. Rejoindre une petite amie en proche banlieue parisienne, calmer ses crises d’angoisse, se changer les idées après une journée stressante à soigner les malades… ils sont beaucoup à “craquer” et à braver l’interdit.

 

A Bléré en Indre-et-Loire, à Mons-en-Baroeul non loin de Lille, ou à Montpellier, où un salon de coiffure clandestin a été fermé par les forces de l’ordre, les lieux de convivialité illégaux sont parfois débusqués.

 

Chez nos voisins, le confinement est perçu comme une privation de liberté intolérable. Aux Etats-Unis et au Mexique, des milliers de manifestants dénoncent les mesures prises par les gouverneurs. Dans le pays de Donald Trump, les manifestations anti-confinement se sont multipliées ces derniers jours : le New Hampshire, le Maryland, la Pennsylvanie, le Texas ou la Californie sont touchés par les défilés publics. Avec près de 46.000 décès, les États-Unis affichent pourtant le plus lourd bilan lié au Covid du monde. Mais face à la crise sanitaire, plus de 26 millions de personnes se retrouvent au chômage aux states : le précarité condamne certains à des situations d’extrême pauvreté.

 

Rien à voir avec la situation française où les bravades sont avant tout liées à un ras le bol généralisé. Mais peut-on protéger une population malgré elle ? En France, où les salariés bénéficient d’une couverture sociale élargie, la réponse gouvernementale a été  “oui”. Une réaction mathématique : la crise du covid et l’augmentation des hospitalisations, dont la prise en charge est lourde, pèsent sur les finances publiques. D’où la position beaucoup moins “souple” qu’aux Etats-Unis où la couverture sociale reste individuelle ou prise en charge par l’entreprise. Donald Trump peut encourager les gouverneurs à rouvrir les lieux de vie : les finances nationales ne seront pas impactées pour autant.

 

Nous étions très précautionneux”, affirme Hervé. “Nous sommes sortis avec des masques. Et personne dans la salle ne toussait ou n’était malade. Et ça faisait 3 semaines qu’ils venaient déjà à ce type soirées privées”. Les masques ont néanmoins été mis de côté une fois arrivés. 

 

Selon les derniers chiffres les porteurs sains représentent jusqu’à 50% des cas positifs au covid. Chiffres confirmés dans le journal La Parisien du 24  avril : sur les 110 résidents d’une Ehpad du Val-de-Marne, tous testés, 25 cas symptomatiques se sont révélés porteurs du virus, ainsi que 50 autres résidents et 11 membres du personnels alors que ces derniers se portent tous parfaitement bien… Une sortie sans conséquence ? 

J.L

 

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