Les perspectives financières des régimes de retraite Par François Ecalle
De 2019 à 2070, le rapport du nombre de retraités au nombre de cotisants devrait augmenter d’environ 25 %, surtout sous l’effet de l’allongement de l’espérance de vie, tandis que le taux de remplacement moyen des revenus d’activité par les pensions devrait diminuer d’environ 20 %. Il en résultera une dégradation du solde financier de l’ensemble des régimes de retraite. Nul en 2019, ce solde serait déficitaire d’environ 0,25 % du PIB au début des années 2030 et 0,75 % du PIB dans les années 2050 et 2060. La persistance d’un déficit au début de la prochaine décennie malgré la réforme votée en 2023 était prévisible.
Les ressources des régimes de retraite comportent une grande part d’impôts affectés et de subventions versées par l’Etat. En outre, les cotisations de l’Etat employeur ressemblent beaucoup à une subvention d’équilibre. En principe, ces transferts devraient équilibrer les prestations qui relèvent d’une logique de solidarité sans aller au-delà, mais il n’est pas sûr qu’il en soit ainsi. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que l’équilibre actuel des comptes des régimes de retraites soit en partie artificiel.
Quoi qu’il en soit, l’évolution des dépenses de retraite en pourcentage du PIB montre quelle part des revenus doit être consacrée à leur financement, indépendamment du partage de ce financement entre les cotisations des actifs et les subventions et impôts affectés par l’Etat. Ce ratio passerait de 13,7 % du PIB en 2019 à 13,5 % en 2030 et au-dessous de 13,0 % dans les années 2060.
Ces prévisions du COR ne peuvent pas être comparées à celles de 2022 pour estimer l’impact de la réforme de 2023 car des hypothèses indépendantes de celle-ci ont aussi été modifiées. Le COR renvoie à un prochain rapport l’analyse de la réforme et se contente de noter qu’elle pourrait contribuer à réduire les dépenses de retraite de 0,2 point de PIB à l’horizon de 2030 et à les augmenter de 0,2 point de PIB à l’horizon de 2070.
Cette réforme ne doit cependant pas être évaluée à l’aune de son seul impact sur les comptes des régimes de retraite. Son principal intérêt est en effet d’accroître la population active et donc, à moyen et long termes, d’augmenter l’emploi, l’activité économique et les recettes de l’ensemble des administrations publiques. Le recul de l’âge de départ en retraite est un des meilleurs moyens de réduire le déficit public.