Vudailleurs.com

LES PROBLEMES DE LA FRANCE DATENT DE BIEN AVANT LA PRESIDENCE DE NICOLAS SARKOZY

Les présidentielles françaises sous le signe du déclin
Par Guy Millière © Metula News Agency
 
Un observateur venu d’Amérique du Nord qui se pencherait sur les élections présidentielles françaises serait sans doute surpris, désorienté, et, en fin de compte, consterné.
 
Il serait surpris par un système peu lisible, fondé sur un premier tour permettant à quasiment n’importe qui de se présenter, pourvu qu’il obtienne cinq cent signatures d’élus divers, et lors duquel, tous les candidats, du plus sérieux au plus insolite, disposent d’une stricte égalité de temps de parole dans les grands media. Puis sur un second tour, organisé quinze jours plus tard, dans lequel ne restent que les deux candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de voix au tour précédent.
 
Il serait désorienté, cet observateur d’outre-Atlantique, en constatant que, parmi les candidats au premier tour, il y avait trois trotskystes prônant, sur divers modes, une révolution léniniste ; un disciple de Lyndon LaRouche, ancien trotskyste devenu adepte des théories du complot ; une ancienne juge qui semble rêver des temps des tribunaux révolutionnaires et de la Terreur ; une populiste venue de l’extrême droite ; un modéré qui trouverait sa place dans l’aile gauche du parti démocrate américain ; un gaulliste façon 1965 ; un socialiste infiniment plus à gauche qu’un travailliste anglais, et le président sortant, Nicolas Sarkozy, lui aussi plus à gauche qu’un travailliste anglais.
 
Il serait consterné de s’apercevoir qu’aucun de ces candidats n’a défendu les principes de base de l’économie de marché, mais que les dix ont pris pour bouc émissaire la finance, les entreprises multinationales et la globalisation.
 
Notre hôte virtuel serait également consterné de constater que les deux finalistes sont, d’une part, le président sortant, rejeté par une large partie de la population et qui, en cinq années, a gouverné sans la moindre ligne directrice claire, et de l’autre, le candidat socialiste, très à gauche ; François Hollande, un homme dont le programme semble avoir été écrit il y a trente ans, à l’époque où l’Union soviétique existait encore et la Chine venait tout juste d’amorcer son virage vers le capitalisme.
 
 
Des candidats et des programmes en retard de 40 ans
compromettent l’avenir de la France
 
Cependant, le plus consternant dans tout cela reste que, devant ce choix navrant, la population française semble vouloir se tourner vers le candidat socialiste.
 
L’enquêteur américain en déduirait que la France est un pays qui va très mal, et se demanderait alors comment il est possible qu’elle reste un pays prospère. Il n’aurait pas tort. La France va effectivement très mal, et à ce titre, son maintien en tant que l’une des principales puissances économiques du monde demeure inexplicable. Pourtant, il est certain qu’elle s’inscrit d’ores et déjà dans un déclin, qui va s’accentuer.
 
Les problèmes de la France datent de bien avant la présidence de Nicolas Sarkozy. C’est un pays profondément sclérosé, où aucun budget ne s’est trouvé en équilibre depuis plus de trente-cinq ans, et où les dépenses de l’Etat n’ont cessé d’augmenter jusqu’à représenter aujourd’hui cinquante-six pour cent du produit intérieur brut, l’un des chiffres les plus élevés du monde développé.
 
L’endettement français ne cesse de croître, plus rapidement que celui de ses principaux partenaires économiques au sein de l’Europe.
 
Cela fait plus de vingt ans que des rapports sur l’impossibilité de continuer à financer les systèmes de retraites existants sont présentés aux gouvernements successifs, ce, sans qu’une décision sérieuse n’ait été prise.
 
Le taux de chômage dans l’Hexagone se maintient au-dessus de dix pour cent depuis quarante ans, et le nombre de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté oscille entre huit et dix millions sur une population de soixante-cinq millions d’habitants.
 
La France, c’est aussi un pays où, depuis plus de quarante ans, plus de la moitié de ceux qui entrent à l’université en sortent sans aucun diplôme, et où les deux tiers des diplômes délivrés par les facultés n’ont aucune valeur sur le marché du travail, et conduisent ceux qui les obtiennent à devenir serveur dans un fastfood ou vendeur dans un supermarché, pour peu qu’une place soit disponible.
 
C’est, de surcroît, un pays dans lequel le travail intellectuel s’est peu à peu dévalué pour ne plus alimenter que les bibliothèques gauchistes et les départements les plus politiquement corrects des universités du reste du monde : les dernières exportations françaises dans ce domaine ont été les théories de la déconstruction et les écrits d’islamologues expliquant, en 2000, que l’islam radical et le djihadisme avaient quasiment disparu de la planète.
 
Néanmoins la situation sous Nicolas Sarkozy s’est considérablement aggravée. Les rares actions menées ont été minuscules. L’âge légal de la retraite a été porté de soixante à soixante-deux ans, ce qui assurera au système en place deux, voire trois années de répit, pas davantage, et cette disposition a été mise en place trois ans et demi après le début du mandat présidentiel.

Les aides sociales pour les plus pauvres ont changé de nom, mais pas de mode de fonctionnement.
 
Les discours du président sur l’évolution du monde n’ont apporté aucune explication quant aux mutations en cours et leurs enjeux. Nicolas Sarkozy a déclaré en 2007 qu’il ne lisait aucun économiste, et c’est très vite devenu visible.
 
Dans un sondage cherchant à déterminer le nombre de personnes qui, dans plusieurs pays du monde, considéraient que l’économie de marché était le meilleur des systèmes existants, la population d’Etats aussi différents que la Chine, l’Inde, les Etats-Unis ou l’Allemagne a répondu par l’affirmative à hauteur de plus de soixante pour cent. Le chiffre pour la France : trente pour cent.
 
L’un des facteurs de l’aggravation de la situation française a été, comme dans d’autres pays européens, le fonctionnement technocratique de l’Union Européenne et les difficultés de la zone euro.
 
Le Pacte de stabilité, dans sa mouture actuelle, élaboré sous l’égide de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, contribue à enfoncer davantage divers pays – Grèce, Espagne, Portugal – dans une stagnation sans fin et sans issue, suscitant révoltes et grèves.
 
La population française discerne qu’elle pourrait bientôt connaître le même sort, et exprime son mécontentement par le bulletin de vote. Parce qu’aucune explication pertinente ne lui est donnée, elle s’installe dans une attitude de refus et de fuite en avant.
 
Le candidat socialiste, François Hollande, sera sans doute élu président le 6 mai prochain, parce qu’il incarne ce refus et cette fuite en avant.
 
Hollande est lié par un accord de gouvernement avec la juge qui rêve au temps des tribunaux révolutionnaires, avec les Verts, qu’elle est censée représenter et qui soumet des exigences en matière d’environnement bien plus radicales que ce qu’a pu proposer Al Gore en son temps.
 
Il bénéficie également de l’appui du principal défenseur des idées léninistes, Jean-Luc Mélenchon, et celui-ci ne manquera pas de faire valoir ses attentes.
 
Si Nicolas Sarkozy est battu, ce qui est très vraisemblable, son parti éclatera. C’est ce qu’attend Marine Le Pen, qui veut créer une droite nationaliste proposant de sortir de l’Union Européenne et de quitter l’euro. Il est évident que le programme économique de l’ex-candidate frontiste a été conçu par des personnes ayant fréquenté le parti socialiste.
 
Un thème a été absent de toute la campagne électorale : celui de l’islam. Seule Marine Le Pen l’a évoqué et, bien qu’elle ait pris soin de distinguer islam et islam radical, on l’a immédiatement taxée de racisme, ce qui permit d’escamoter le débat.

Postez un commentaire

You don't have permission to register
error: Content is protected !!