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LESLIBERAUX BELGES

Les libéraux belges ne sont pas nés centristes, ils le sont devenus. Lorsque quelques notables progressistes constituent le parti libéral à Bruxelles en 1846, ils se conçoivent comme la « gauche » de l’échiquier politique de la jeune nation. Au sein d’une monarchie constitutionnelle dominée par le cens, où seul un habitant sur cent dispose du droit de vote, la vie politique se résume à l’opposition des deux « tempéraments » de la bourgeoisie : les catholiques conservateurs, principalement issus des régions rurales, se mesurent aux « libéraux » qui se recrutent essentiellement dans les grandes villes. Jusqu’à l’avènement du mouvement ouvrier dans les dernières décennies du XIXe siècle, la vie politique belge est bipolaire, rythmée par l’alternance lente et équilibrée dans le temps des cabinets de droite (1846-47, 1870-78, 1884-1914) et de gauche, c’est-à-dire libéraux (1847-52, 1857-70, 1878-1884). L’affrontement porte sur les thèmes classiques de l’époque, les libertés publiques, l’instruction, le régime parlementaire et la réforme du suffrage, dans un pays où le clivage confessionnel (opposant les catholiques aux anticléricaux) est le seul qui divise la bourgeoisie dominante.

Le premier libéralisme se veut, dans la filiation des Lumières, l’incarnation du progrès laïc face à l’obscurantisme de la bourgeoisie catholique. Mais il n’est pas un bloc : entre les « progressistes » ouverts aux réformes électorales et attentifs à la question sociale, et les « doctrinaires », plus proches sur ces deux fronts des traditionalistes catholiques, la guerre fait rage tout au long de la deuxième moitié du siècle. Hors les nécessités de l’organisation électorale et certaines affinités sociologiques (les libéraux se recrutent plutôt dans la jeune bourgeoisie et les régions urbaines que dans l’aristocratie et la vieille bourgeoisie rurale), seul l’anticléricalisme leur tient lieu de ciment.

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