La situation sanitaire de notre pays, et plus largement du monde, doit nous amener à poser des règles d’urgence efficaces sans déroger ni à nos valeurs humanistes et républicaines, ni à nos principes constitutionnels. La hauteur d’esprit à prendre exige de se placer à l’écart des arrangements politiciens en s’abstenant de tirer avantage de la situation à des fins partisanes.
➧ CONCERNANT LE 1er TOUR DES ÉLECTIONS MUNICIPALES :
Le discours alarmant du Premier Ministre prononcé la veille du scrutin, c’est à dire à un moment où il n’était plus possible ni d’établir des procurations, ni de recueillir l’avis de médecins sur sa situation personnelle, a incontestablement amené des électeurs à renoncer à leur droit de vote par obéissance aux prescriptions sanitaires et en application du principe de précaution.
A la clôture des votes, l’abstention a atteint un niveau records de 55,25% allant jusqu’à 75 % dans certaines communes. Une étude Ifop réalisée le jour du scrutin a révélé que l’abstention liée à la seule crainte d’attraper le Covid-19 avoisine les 20 points.
(Source : https://www.ifop.com/publication/sondage-jour-du-vote-15032020/)
Ces 20 points d’abstention ne sont pas l’expression d’un choix démocratique mais celle d’un sens aigu de la responsabilité civique des personnes concernées. Par leur prise de conscience du danger et leur participation active à la limitation de la propagation du virus, 20% des électeurs ont donc été exclus du 1er tour des élections municipales.
Concernant les suffrages exprimés, une part non négligeable l’ont été en faveur des équipes sortantes afin de ne pas créer une instabilité et une rupture de gestion en période de crise sanitaire. Leur choix n’a pas été guidé par une réflexion prospective pour les 6 prochaines années, mais par des circonstances exceptionnelles. Ce choix a d’autant plus pesé sur les résultats qu’il s’inscrit dans un contexte de forte abstention.
Les circonstances dans lesquelles se sont déroulées ces élections ont incontestablement affecté la participation et la sincérité des suffrages exprimés et créé une inégalité tant entre les candidats qu’entre les électeurs.
➧ CONCERNANT LE 2ème TOUR :
Du fait de l’énorme abstention, les équipes élues au 1er tour dans un contexte de crise et de peur sanitaire pâtissent d’un déficit de représentativité et donc de légitimité.
Celles qui le seraient au terme d’un 2ème tour différé de plusieurs mois après la maîtrise de la crise sanitaire jouiraient d’une meilleure représentativité. Les électeurs appelés à voter à ce second tour pourraient exprimer leurs suffrages dans la sérénité et sans restriction de participation, contrairement à ceux du 1er tour, ce qui constituerait une rupture d’égalité entre les électeurs du 1er tour par rapport à ceux du 2d.
➧ CONCERNANT LA MISE EN PLACE DES CONSEILS MUNICIPAUX ISSUS DU 1er TOUR :
L’organisation de séances constitutives des conseils municipaux dans le contexte de contagiosité actuel est dangereux pour les élus concernés et se révéleront peut-être mortels pour certains d’entre eux.
En outre, indépendamment des positions partisanes, changer les équipes en place en pleine crise sanitaire consiste à créer des conditions instables qui pourraient avoir de graves répercussions, vitales pour certains de nos concitoyens.
Le moment venu, chacun devra répondre de ses actes.
➧ EN CONCLUSION :
La gestion de la crise sanitaire vue à travers le prisme des élections municipales parait jusqu’ici totalement irresponsable. Ce n’est certes que mon avis, mais je constate qu’il est largement partagé par l’opinion publique.
Les décisions jusqu’ici prises par le gouvernement, honteusement protégé par un pacte de non-agression consenti par les partis politiques et les plus hautes instances de notre pays qui ne jouent plus leur rôle de contre-pouvoir, ne sont pas satisfaisantes et ne vont pas aider à la réconciliation du citoyen et des politiques.
Il semble cependant encore possible pour les Autorités que vous êtes d’adopter de nouvelles mesures responsables et respectueuses de l’humain et de nos valeurs républicaines. Ce n’est qu’une question de volonté politique à mettre au service de l’intérêt général et non à celui de la protection des intérêts politiques.
Les suggestions de bon sens glanées sur les réseaux sociaux et les forums évoquent l’annulation pure et simple de tout le processus électoral (1er et 2d tour), le report sine die des élections afin de ne pas surcharger les urgences sanitaires avec un calendrier électoral, et le maintien des équipes en place (rodées et maîtrisant les services) jusqu’aux prochaines élections.
Une autre solution pourrait consister à organiser un second tour pour TOUTES les municipalités indépendamment des majorités éventuellement obtenues au premier tour. Cette solution ménagerait la crédibilité des mesures prises jusqu’ici (puisque non révoquées) et permettrait d’assurer l’égalité des électeurs puisque tous pourraient voter à un second tour dans un contexte de sérénité identique pour tous quelle que soit la date finalement choisie.