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Librairies fermées, prix Goncourt reporté : le secteur du livre bouleversé  

Les mois d’automne marquent en France l’ouverture de la saison littéraire .Or les contraintes imposées par le Covid frappent aussi cette tradition bien française, les prix littéraires. Six grands prix littéraires en France dont les différents résultats s’étalent au cours de l’automne : le Goncourt, créé en 1896 après la mort d’Edmond de Goncourt, lequel souhaitait, avec son frère Jules, aider les auteurs à vivre de leur plume, le prix Femina, fondé en 1904 par les femmes journalistes du magazine La Vie heureuse en réaction au Goncourt jugé trop misogyne à l’époque. Pour ne pas être en reste face à cette concurrence, l’Académie française créé son propre « Grand prix » en 1914, le Renaudot, l’Interallié est également remis par des journalistes, membres du club parisien Le Cercle de l’union interalliée et enfin le Médicis, créé en 1958 pour soutenir un auteur n’ayant aucune notoriété.

Avec l’ instauration du confinement la solution peut aussi résider dans les nouvelles technologies… au détriment d’une certaine convivialité, bien entendu. C’est ce que tentent les académiciens du Goncourt.

« Mardi prochain, afin d’éviter les déplacements de plusieurs d’entre eux qui n’habitent pas en Ile-de-France, ils se réuniront par visioconférence comme cela a été le cas plusieurs fois pendant le confinement« , explique à l’AFP leur secrétaire Françoise Rossinot.

Le plus prestigieux des prix littéraires français avait déjà annoncé en septembre qu’il abandonnait pour son édition 2020 la cohue du salon Goncourt au restaurant Drouant. Les délibérations ont désormais lieu dans un salon plus grand du même établissement, et le vainqueur, le 10 novembre, doit être proclamé depuis le balcon.

Le jury de l’autre prix remis le même jour, le Renaudot, prévoit :« Entre les réunions de sélection nous communiquons par mail et téléphone. Rien donc que de très habituel, sinon que certains jurés sont pour l’heure retenus hors de Paris. Si nécessaire ils voteront par téléphone le 10 novembre« , avance le président du jury, Georges-Olivier Château Reynaud.

Même chose chez le Médicis, décerné le 6 novembre. « Nous échangeons beaucoup par mails collectifs à ce sujet et justement nous allons nous réunir par visioconférence lundi soir pour discuter des mesures que nous prendrons« , indique à l’AFP Marie Darrieusecq, qui occupe la présidence tournante du jury.

L’Académie française, pour remettre son propre prix le 29 octobre, a dû réduire drastiquement sa liste d’invités sous la coupole. « La proclamation du Grand Prix du roman ne prendra pas, cette année, les formes traditionnelles et ne se fera qu’en présence d’un public réduit« , lit-on sur son carton d’invitation.

Espérons que l‘épidémie du coronavirus ne viendra pas à bout de cette tradition bien française, ni de la filière du Livre. Le premier confinement n’avait pas permis hélas de maintenir les librairies ouvertes, blessant au cœur toute la filière ; les professionnels n’y étaient pas préparés. Mais depuis, les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées. Le « click and collect » est indispensable et d’ores et déjà en place dans un très grand nombre de points de vente. Mais il ne saurait combler toutes les attentes des lecteurs, notamment dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année où plus d’un quart des livres sont achetés. Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ? 

Sandy de la Roche

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